De Croo hausse le ton à la Chambre: "Vous êtes représentés au sein du Comité de concertation !"

Au lendemain du Comité de concertation, les députés ont débattu des mesures prises par les autorités. De nombreuses critiques ont été émises à l'égard des décisions du Codeco.

Ce mercredi 18 novembre, s'est tenu un nouveau Comité de concertation. Au terme de débats houleux, les autorités se sont mises d'accord sur une série de mesures pour affronter la quatrième vague. Parmi celles-ci, figurent notamment l'obligation de télétravail quatre jours par semaine pendant trois semaines (ensuite trois jours par semaine), le Covid Safe Ticket +, le port du masque dès 10 ans... Certaines de ces restrictions ont été vivement fustigées par les députés lors de la séance plénière de ce jeudi 18 novembre.



"Le personnel soignant qui est encore et toujours au front aujourd'hui pour sauver des vies attendait beaucoup de ce Codeco qui a eu lieu trois semaines après avoir enclenché la situation d'urgence", a commencé Sophie Rohonyi (DéFi). "Que de temps perdu ! Tout ça pour un marchandage politique, sans baromètre, sans perspective, sans garantie que de nouvelles fermetures n'auront pas lieu à l'avenir. Monsieur le Premier ministre, vous insistiez sur l'importance de rester cohérent, mais vous ne l'êtes pas. Les enfants âgés de 10 ans ne seront pas soumis aux mêmes règles selon qu'ils sont flamands ou francophones. Votre ministre de la Santé annonce un plan de ventilation pour 2022 lorsque nous serons à même d'ouvrir nos fenêtres." La députée a également regretté que les boîtes de nuit doivent se soumettre à des règles plus strictes. Elle a ainsi estimé que les fêtes allaient se déplacer dès lors dans la sphère privée au détriment d'un secteur qui a déjà beaucoup souffert.

Même son de cloche du côté des nationalistes flamands. "Vos mesures viennent trop tard une fois de plus. Classique pour la Vivaldi ! Où était l'anticipation bien nécessaire qui a déjà fait défaut lors des précédentes vagues", a taclé Kathleen Depoorter (N-VA).

"Des déclarations cacophoniques"

Georges Dallemagne (cdH) s'en est également pris à Alexander De Croo. "Vous avez été imprévoyant Monsieur le Premier ministre. On va peut-être dépasser les pires chiffres que l'on a connus depuis le début de la pandémie", a-t-il vilipendé. "Vous êtes pourtant passés à côté de l'exercice lors de ce Codeco qui se présentait mal au vu de toutes les déclarations cacophoniques. Il y a eu des discussions plus politiciennes qu'autre chose. On en ressort avec des mesures qui posent question." Le député s'est ainsi demandé si les règles annoncées ce mercredi étaient réellement pertinentes. "On ne s'attaque pas au nœud du problème ! On a une arme qui est la vaccination. On sait tous que c'est par là qu'on sortira de cette crise. Mais vous traînez des pieds sur la vaccination des enfants, sur la troisième dose et maintenant sur l'obligation vaccinale."

Du côté du CD&V également, on a pointé le retard pris dans les mesures concernant la vaccination. "Je regrette que M. Beke ait demandé la troisième dose pour toute la population dès cet été et que le gouvernement fédéral n'ait pas répondu à cet appel", a expliqué Nawal Farih (CD&V).

Le MR s'est pour sa part félicité des mesures prises. "Malgré un taux de vaccination plus qu'honorable, les contaminations ne cessent d'augmenter. Il fallait prendre des mesures importantes. Ces dernières sont équilibrées. On renforce les gestes barrières mais on peut quand même continuer à vivre", a souligné Florence Reuter (MR). La plus forte de ces mesures concerne évidemment le télétravail, qui est un coup dur pour les entreprises et les employés. Mais, je le répète, ces mesures étaient assez importantes. Ce que je me demande : ce changement de quatre jours à trois semaines ne risque-t-il pas de compliquer la vie des entreprises ?"

Sans le vaccin, un nouveau confinement était inévitable

Le Premier ministre a haussé le ton face aux différentes attaques émises à son égard, qui sont également venus du PS et de Vooruit. Il a d'abord rappelé que, sans la vaccination, la seule solution aurait été le "confinement". Ensuite, il a souligné que nombre de personnes l'ayant interpellé étaient représentées par un membre de leur parti au sein du Codeco. "Ils prennent des décisions autour de la table", a rappelé De Croo. "Tous les partis qui me posent aujourd'hui des questions, excepté trois (Vlaams Belang, PTB et cdH, ndlr), sont représentés au sein du Codeco. Alors s'il vous plaît, cessons de pointer du doigt. Ce n'est pas ainsi que l'on peut mener une politique de crise. C'est à ce moment-là qu'il faut prendre ses responsabilités. Ceux qui prétendent qu'on a manqué de prévoyance, je peux vous confronter à vos propos de ces derniers mois." Le libéral flamand est également revenu sur l'obligation de vaccination, qu'il avait déjà écartée en ce début de semaine. "La vraie question est de savoir comment on augmente encore le taux de vaccination. Pour le moment, dans le monde entier, il y a quatre pays qui utilisent la vaccination obligatoire comme solution. Aucun de mes collègues européens ne l'envisage pour l'instant. Je pense que convaincre est quand même plus intéressant qu'obliger."

Enfin, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), a pris la parole, en présentant ses excuses de commencer "avec une petite polémique". Il a ainsi renvoyé les nationalistes flamands à leurs dires de cet été, qui l'accusaient d'être inutilement alarmiste. "Quand on évoque un manque d'anticipation, essayons d'avoir une approche sereine", a-t-il indiqué. "Il faut soutenir le personnel soignant en étant conséquent dans les mesures que l'on prend, il ne faut pas venir avec un plan qui n'aide en rien. Nous sommes convaincus que le devoir de tout un chacun qui est prestataire de soins est de protéger ses patients."

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