Commission inondations: Muriel Targnion s’étonne de certains propos tenus par sa bourgmestre faisant fonction
La bourgmestre de Verviers était entendue par la commission inondations.
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- Publié le 19-11-2021 à 19h49
- Mis à jour le 19-11-2021 à 19h50
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L'audition, le 22 octobre devant la commission d'enquête inondations du Parlement wallon, de Sophie Lambert, la bourgmestre faisant fonction de Verviers durant les inondations de la mi-juillet, avait laissé apparaître certains dysfonctionnements durant la gestion de la crise. La responsable politique avait, comme tous les autres bourgmestres de communes touchées par les inondations et entendus par la commission, fait part d'un sentiment d'abandon. "Je ne sais pas pourquoi elle a dit ça, je n'ai pas compris et je lui ai dit", a expliqué Muriel Targnion, la bourgmestre en titre de Verviers, entendue vendredi par la même commission.
Certains commissaires se sont énervés d'ailleurs des réponses apportées par Mme Targnion, qui n'avait pu être entendue en même temps que Sophie Lambert pour cause de Covid. "Elle a préparé son audition avec la directrice générale de la Ville sur la base de ses souvenirs et des messages envoyés par WhatsApp. Elle ne s'attendait pas à être interrogée comme ça. Elle a moins l'habitude", a justifié Muriel Targnion, qui considère que son "audition est plus précise que la sienne, même si je ne pense pas avoir été en contradiction avec ce qu'elle a dit".
Muriel Targnion était, en effet, très bien préparée pour son audition devant la commission. Aidée par de nombreux supports, elle a présenté la situation de sa ville lors du drame.
Le 14 juillet, Mme Targnion était en vacances mais, dès qu'elle a appris - le 15 en matinée - que sa ville était sous eau, elle est revenue d'urgence à Verviers en ralliant la Belgique via Barcelone et Düsseldorf. "Le 14, la phase provinciale ne nous concernait pas, elle concernait notamment Limbourg et Pepinster, deux communes qui touchent Verviers. Mais Verviers n'était pas concernée par le risque d'inondations. C'est durant la nuit que la situation a dégénéré."
Le 14, Verviers n’était pas menacée
Personne donc durant la journée du 14 ne considérait, selon Mme Targnion, que Verviers était menacée par la montée des eaux rencontrées dans d’autres communes de la vallée de la Vesdre, notamment.
La question des zones d'aléas qui déterminent quelles sont les zones inondables dans une commune est aussi venue sur la table. En effet, dans la plupart des autres communes touchées, il s'est avéré que les zones réellement inondées au mois de juillet correspondaient aux zones d'aléas qui étaient renseignées. Mais à Verviers c'est différent: les cartes ne collent pas. "Si nous avions évacué les maisons situées en zones inondables le 14 alors que le centre de crise wallon disait que Verviers n'était pas concerné, il y avait seulement 15 maisons concernées. Or ce sont plus de 5 000 maisons qui ont été inondées", a expliqué Mme Targnion, qui précise aussi qu'avant la mi-juillet les Verviétois avaient confiance dans la Vesdre, qui ne débordait jamais.
Des ingénieurs sur place avant
Muriel Targnion n'a pas manqué de s'exprimer sur la gestion des barrages en Wallonie et, singulièrement, sur celui d'Eupen durant les inondations. "Nous ne comprenons pas pourquoi, alors qu'il pleuvait depuis le 10 juillet, on n'a pas vidé le barrage plus tôt. Désormais les barrages wallons sont gérés depuis Namur. Avant, il y avait des ingénieurs sur place, ce qui est mieux pour comprendre réellement ce qui est en train de se passer."
Enfin, Muriel Targnion s'est plainte des compagnies d'assurances qui n'avançaient pas assez vite. "Cinquante pour cent des personnes concernées n'ont pas encore vu un expert des assurances. Je sais qu'il y a plus de 5 000 dossiers ouverts, mais quand même. Je constate aussi que c'est normalement les assurances qui doivent payer les déshumidificateurs. Finalement, c'est la Région wallonne qui paie."
"Verviers passe toujours en dernier"
Sur la Région aussi, Mme Targnion s'interroge. "L'aide de la Région wallonne est immense. Mais je ne vois pas pourquoi Verviers passe toujours en dernier. Nous avons reçu 1 million d'euros pour 5 000 maisons inondées. La commune de Limbourg avec 500 maisons touchées a reçu la même somme. Ça ne va pas. Au niveau des déshumidificateurs, Limbourg en a reçu 300 et Verviers 120."
L’audition de Muriel Targnion aura laissé plusieurs commissaires sur leur faim. La différence entre son discours et celui de sa bourgmestre faisant fonction est telle que le doute reste permis. Verviers est-elle prête à gérer les crises en tout genre ? Pour Muriel Targnion c’est oui, preuve à l’appui. Au vu de l’audition de Sophie Lambert, beaucoup pensent que non. Il serait peut-être utile, pour y voir plus clair, d’entendre d’autres intervenants.