Un nouveau Codeco réclamé en urgence: qu'est-ce qui pourrait se retrouver dans le viseur des autorités?
Les gouverneurs mettent la pression pour l’organisation d’un Comité de concertation anticipé. Les rassemblements, comme les marchés de Noël, sont dans le viseur. Un nouveau rapport des experts du Gems est attendu dans les prochaines heures.
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Publié le 24-11-2021 à 22h06 - Mis à jour le 25-11-2021 à 13h08
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"Le Comité de concertation se réunira début janvier pour évaluer les mesures." La dernière phrase du communiqué du Premier ministre à la sortie du Codeco du 17 novembre avait pour objectif d'imprimer une certaine stabilité aux mesures adoptées. Moins d'une semaine plus tard, alors que les nouvelles restrictions (port du masque et télétravail obligatoires) sont à peine d'application, la pression se fait à nouveau très forte en faveur d'un nouveau tour de vis. La flambée de l'épidémie ne faiblit pas (353 admissions à l'hôpital ce mardi, "record" en 2021).
Les mesures annoncées le 17 novembre sont-elles suffisantes ? "Ce seront des semaines très difficiles. Espérons que vers la Noël il y aura un peu plus de certitude", a déclaré Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre de la Santé, à la Chambre. "Si cela continue, on n'aura pas le temps de se concerter sur des mesures complémentaires." Selon nos informations, le socialiste a d'ores et déjà demandé au gouvernement d'avancer le prochain Comité de concertation, pour qu'il se tienne aussi vite que possible. Il n'a pour l'heure pas été suivi. "Cela n'est pas à l'agenda. Mais cela peut évoluer d'heure en heure, tempère une source fédérale. Les chiffres sont observés au jour le jour. Il ne faut pas faire de foot panique. Pour l'instant, nous ne sommes pas face à une courbe exponentielle et de perte de contrôle." Les yeux seront rivés sur le Premier ministre ce jeudi à la Chambre en plénière. Un agenda pourrait être annoncé.
"On n’attendra pas janvier pour l’organiser"
"On n'attendra pas janvier pour organiser un nouveau Codeco, ce sera sans doute la semaine prochaine, si ce vendredi n'est pas possible", nous indique cependant une source bien informée.
La pression vient d’en bas. Certains mandataires locaux refusent d’attendre encore avant d’agir. Et la loi pandémie les autorise à aller plus loin que les mesures du fédéral.
Carina Van Cauter (OpenVLD), gouverneure de Flandre orientale, a tiré la première salve, annonçant l’interdiction des fêtes privées pour un mois, prenant de court le ministre-Président flamand, Jan Jambon (N-VA), qui a demandé d’attendre les effets des mesures décidées la semaine dernière. En Wallonie aussi, l’inquiétude monte. Tommy Leclercq (PS), gouverneur du Hainaut, s’est positionné pour la limitation des rassemblements de masse.
Le Centre de crise national et les dix gouverneurs (plus Bruxelles) du pays se sont entretenus ce mercredi. Ces derniers ont profité de la réunion pour évoquer la situation des événements publics en général, comme les marchés de Noël et les carnavals. Les gouverneurs ont choisi de ne pas avancer en ordre dispersé, contrairement à certains exemples de la deuxième vague comme l'instauration du masque en Hainaut ou le couvre-feu plus précoce en Brabant wallon. Hervé Jamar (MR), gouverneur de la province de Liège, a plaidé pour une uniformisation des mesures à prendre "qui doivent être plus lisibles pour la population".
Les marchés de Noël dans le collimateur
Les gouverneurs adressent un gros coup de pression à destination du fédéral, réclamant de manière unanime un nouveau Comité de concertation "dans les plus brefs délais". "Nous avons demandé que le prochain Comité de concertation se réunisse, nous explique Denis Mathen (MR), gouverneur de la province de Namur. Il faut que le fédéral et les ministres en charge prennent la mesure de la situation et de l'évolution des chiffres de l'épidémie. Nous demandons que le Codeco soit avancé pour voir quelles mesures doivent être prises. Nous sommes là pour mettre en pratique les décisions, pas pour nous substituer au politique. Car se pose aussi la question des contrôles."
Pour rappel, le gouverneur est chargé de veiller au respect de l'exécution et de l'application des lois, notamment s'agissant des mesures de lutte contre le Covid. Les fêtes de fin d'année sont dans le collimateur. "Si les contrôles des CST sont impossibles, alors il faut les annuler", a indiqué Elio Di Rupo à propos des marchés de Noël. L'enseignement catholique flamand a par ailleurs plaidé pour que les écoles puissent inclure une semaine d'enseignement à distance la semaine précédant la période des examens, afin d'éviter que les élèves soient mis en quarantaine durant leur session.
De Croo pris entre Vandenbroucke et Jambon
"La situation est grave et le système entier menace d'imploser, il faut agir vite", a lancé Erika Vlieghe, présidente du Gems, qui conseille le gouvernement. Georges-Louis Bouchez, président du MR, a appelé experts et gouverneurs à "ne pas alimenter l'anxiété" et à faire preuve "de sang-froid".
Reste que les décisions adoptées par le Codeco mercredi dernier consistaient dans une version très édulcorée des recommandations du Gems. Un compromis à la belge. "Autour de la table, ils n'étaient pas nombreux, à part Frank Vandenbroucke, à vouloir se mouiller", pointe une source politique. Les semaines passent et la ligne Vandenbroucke, partisan d'un cadre plus strict, semble diverger toujours plus de celle du Premier. Entre son ministre de la Santé et Jan Jambon, ministre-Président flamand, réticent à un tour de vis, Alexander De Croo est pris entre le marteau et l'enclume.
Un nouveau rapport du Gems va être adressé au gouvernement
Pour organiser un nouveau Comité de concertation, le gouvernement se base d'ordinaire sur un rapport du Gems, le groupe d'experts pour la stratégie de management du Covid. Erika Vlieghe et son équipe y travaillent, bien que la demande ne leur ait pas formellement été adressée. Le contenu du rapport devait être discuté mercredi soir lors d'une réunion du Gems. Il devrait ensuite être adressé au gouvernement. "Ce n'est pas un nouveau gros rapport mais une sorte d'addendum qui souligne l'inquiétude, au vu de l'orientation des courbes, de l'épuisement de la première ligne de soins et de testing. On constate que plus personne ne sait vraiment ce qu'il peut ou doit faire et que le n'importe quoi devient fréquent au niveau masques ou du télétravail", nous indique un membre du Gems. Les potentielles directions que pourraient prendre des mesures additionnelles seront évoquées dans ce document.
Un Comité ministériel restreint devra ensuite se réunir pour esquisser un consensus, avant le Comité de concertation