Un baromètre corona dès lundi prochain ? Le projet jugé trop strict par les francophones
Les discussions coincent autour du baromètre. Le prochain Codeco pourrait n’avoir lieu que lundi prochain. Le rapport sur l’obligation vaccinale sera aussi sur la table.
Publié le 09-01-2022 à 20h53 - Mis à jour le 10-01-2022 à 09h57
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Face à la vague de contaminations enregistrée en Belgique avec le variant Omicron, le politique peine à savoir sur quel pied danser. Deux réunions du Comité de concertation sont prévues au mois de janvier. La première, qui s'est déroulée ce jeudi, a débouché sur un statu quo. La seconde s'annonce plus décisive. Deux grosses pièces figureront sur la table : le baromètre corona et le rapport du commissaire Pedro Facon sur la manière de maximiser la vaccination. Il sera par ailleurs toujours possible de prendre des mesures supplémentaires en marge de ces discussions lors de ce second Codeco, en cas de flambée.
La date du vendredi 14 janvier a dans un premier temps circulé pour ce second Comité de concertation. Mais l'accouchement du baromètre ne se fait pas sans douleur. "Ça n'avance pas bien, les débats sont difficiles ", résume une source fédérale. "Quelles mesures sont préconisées secteur par secteur, selon telle situation ? C'est une question très délicate et sur ce point, on n'est encore nulle part", abonde une source francophone.
Le travail que le commissariat corona et le RAG (risk assessement group) doivent mener est colossal. Au point que la réunion pourrait finalement n’avoir lieu que le lundi 17 janvier, afin de laisser quelques jours supplémentaires aux groupes de travail pour avancer.
Plutôt d’ici deux semaines, selon De Croo
Ce baromètre corona, dont on parle au moins depuis octobre 2020, fait toujours l’objet d’expressions divergentes.
Sur le plateau de Ce n'est pas tous les jours dimanche, Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre de la Santé, a dit son espoir de le voir atterrir lors du prochain Codeco. Il le juge essentiel pour donner des repères à la société et des perspectives aux secteurs.
Bémol : selon le modèle actuellement sur la table, avec les derniers chiffres de Sciensano, nous en serions au stade 3 (sur 3).
Alexander De Croo, Premier ministre, a souligné dans Le Soir que ce baromètre "ne sera pas un pilote automatique", précisant qu'il ne serait pas validé le week-end prochain, "mais plutôt dans une ou deux semaines". La principale raison de ce report ne tient ni au Premier, ni à son ministre de la Santé.
En effet, lors du Comité de concertation du 6 janvier, la mise en place du baromètre a été discutée. La Région wallonne, via son ministre-Président, s’est opposée à ce qu’il soit adopté, du moins dans la forme présentée alors. Elio Di Rupo (PS) précisait alors qu’il n’avait pas de mandat pour valider un texte jugé inabouti. Il a insisté pour que le contenu du baromètre soit discuté en gouvernement wallon avant d’arriver sur la table du Comité de concertation.
L’aspect systémique des décisions
Rudi Vervoort (PS), ministre-Président bruxellois a lui aussi émis des réserves, craignant l’aspect systémique des mesures, et rappelant notamment l’échec de la tentative, sous le gouvernement de Sophie Wilmès, d’introduire un tel système. Les chiffres de l’époque auraient impliqué de tout fermer. Ce serait à nouveau le cas avec les paramètres actuels.
"Le deal est bien d'aborder le baromètre lundi prochain. Mais la Wallonie sera la partie difficile à convaincre", précise une source fédérale.
"Je comprends Alexander De Croo : il veut un baromètre pour ne plus être critiqué à chaque décision. Le danger de ce baromètre, même s'il reste indicatif, c'est qu'avec les chiffres actuels, on serait en lockdown. Et si on ne le suit pas, il faudra bien expliquer à la population pourquoi", ajoute un membre du Codeco.
La mouture présentée par le commissariat Covid et révélée par La Libre ce jeudi a donc été jugée trop stricte et rigide, même au sommet de l'État. Le fond du travail consistera à assouplir le cadre. Les membres du Codeco y voient avant tout une pièce à casser. Les principales questions portent sur le nombre d'indicateurs (hospitalisations, etc.) et de mesures, jugées aujourd'hui trop nombreuses. Mais aussi sur le sort réservé aux accords sectoriels pris avec la culture ou le sport.
Sur le contenu du baromètre, De Croo souhaite qu’il s’applique aux secteurs qui ont besoin de prévisibilité, comme la culture ou l’Horeca. Un consensus semble se dessiner pour que l’enseignement et la sphère privée (bulle sociale) n’y soient pas intégrés.
Sur les critères d’entrée en vigueur, le baromètre doit tenir compte des différences entre les variants et constituer un outil souple pour aller étape par étape selon la situation épidémiologique. Un premier projet pourrait être envoyé mardi ou mercredi aux membres du Codeco.
Vaccination obligatoire ? Un rapport décisif
Le prochain Codeco devra également se pencher sur un dossier d'ampleur : la vaccination obligatoire. Le commissaire corona Pedro Facon a été mandaté pour rendre un rapport sur les différentes façons de maximiser le taux de vaccination. Ce rapport est attendu pour le 15 janvier. Le cabinet Vandenbroucke nous confirme que parmi ces pistes devrait "se trouver la vaccination obligatoire". Selon nos informations, Pedro Facon ne formulera pas une proposition fermée mais plusieurs options pour permettre au politique de faire son choix. Le rapport sera composé de deux parties. L'une sur l'obligation vaccinale, l'autre sur la mise en place d'un pass vaccinal (à l'instar de ce qui est en vigueur en France).
Plusieurs partis, dont le MR, Écolo, le PS ou encore le Premier ministre, estiment que ce rapport, aux côtés d’un rapport juridique et bioéthique, doit constituer une base à un débat parlementaire et qu’une telle décision ne peut se prendre en Codeco. Il s’annonce houleux.