Avec la désignation d’Adrien Dolimont, l’ère Bouchez vient de débuter au MR
La désignation d’Adrien Dolimont comme ministre wallon se double d’un enjeu de pouvoir au sein du MR. Fortement contesté en octobre 2020, Georges-Louis Bouchez a appris de ses erreurs.
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Publié le 11-01-2022 à 20h38 - Mis à jour le 11-01-2022 à 20h39
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L'arrivée du jeune président du CPAS d'Ham-sur-Heure au gouvernement wallon est chargée d'une forte symbolique politique. En désignant Adrien Dolimont comme ministre régional du Budget et des Finances, Georges-Louis Bouchez met fin à la période de doute qui a traversé le MR. En octobre 2020, peu de libéraux auraient parié un kopeck sur l'avenir de leur président. En tentant maladroitement de débarquer la ministre Valérie De Bue pour installer Denis Ducarme à sa place, Georges-Louis Bouchez avait irrité les poids lourds du MR. Même le placide Willy Borsus s'était montré menaçant lors d'un bureau de parti houleux.
Dans le jeu de chaises musicales lié à l'installation du gouvernement De Croo, le président du MR avait également choqué les vétérans de l'ère Reynders. Mathieu Michel, frère de Charles et fils de Louis, était sorti de sa confortable province du Brabant wallon et montait comme secrétaire d'État dans la Champions League de la politique belge, c'est-à-dire le niveau de pouvoir fédéral. "Je n'en peux plus des despotes, du népotisme et de ce qui ressemble à un clan mafieux", avait déclaré la députée wallonne Sabine Laruelle, s'exprimant de manière vive au nom de ceux qui voyaient planer l'ombre du clan Michel au-dessus du siège du parti.
Un président qui consulte
Tout cela semble loin, désormais. Le fougueux et indélicat président libéral a appris de ses erreurs. Le départ de Jean-Luc Crucke comme juge à la Cour constitutionnelle avait été préparé depuis plusieurs jours dans le plus grand secret. Lors de la conférence de presse annonçant sa démission, Jean-Luc Crucke était assis aux côtés de Georges-Louis Bouchez. Les deux hommes, malgré leurs divergences, s’étaient entendus pour afficher une certaine unité, une certaine sérénité. Ces derniers jours, Georges-Louis Bouchez avait également veillé à obtenir l’accord des principaux décideurs du MR. En particulier, celui de Sophie Wilmès et de Willy Borsus.
Le symbole de la "surprise du chef"
Puisqu’elle est le fruit d’une concertation, la propulsion d’Adrien Dolimont dans l’arène politique wallonne ne relève pas du fait du prince, d’un caprice présidentiel. Il n’empêche que cette nomination est à classer dans le registre de la "surprise du chef". Elle donne de l’épaisseur à la légitimité et à l’autorité du chef des réformateurs. Le message est clair : c’est Georges-Louis Bouchez qui peut faire - ou défaire - les carrières. Voilà qui donnera sans doute à réfléchir au sein du MR.
Droit de regard régional
Autre enseignement à tirer de cette séquence libérale : le président a son mot à dire à tous les niveaux de pouvoir et compte exercer ce privilège. Après la contestation du décret fiscal de Jean-Luc Crucke dans les rangs mêmes des députés wallons de son propre parti, Georges-Louis Bouchez a repris pied dans la vie politique des entités fédérées. Très actif à l’échelon fédéral, le président du MR avait mentionné auprès de ses proches sa volonté de voir sa formation politique imprimer davantage sa marque en Wallonie. Le projet fiscal avait été approuvé mais Georges-Louis Bouchez avait obtenu d’être à l’avenir étroitement associé au travail des ministres MR du gouvernement Di Rupo. En plaçant un homme à lui au sein de l’exécutif régional, l’hyperactif Montois vient d’affermir un peu plus son droit de regard dans la popote namuroise. Adrien Dolimont lui doit l’accélération de sa carrière et Bouchez risque de le lui rappeler.
Hégémonie hennuyère
Enfin, le président libéral vient de remporter une victoire dans la bataille plus discrète qui se déroule pour l’hégémonie au sein du MR du Hainaut. Jean-Luc Crucke, poids lourd de la partie occidentale de la province, a été réduit au silence par ses futures fonctions.
Autre grand format libéral hennuyer, Denis Ducarme semble en perte de vitesse. Le patron de la fédération provinciale du MR a été mis de côté dans le choix d’Adrien Dolimont qui, pourtant, vient de son pré carré. Il n’a été mis au courant qu’au dernier moment. Ses attaques fréquemment exprimées dans la presse contre Georges-Louis Bouchez ont pu agacer. Il paie sa liberté de ton… et sans doute aussi les 38 % de suffrages obtenus au second tour des élections internes à la présidence du parti fin 2019.
Au MR, après plusieurs mois d’interrogation, une ère nouvelle, celle de Georges-Louis Bouchez, vient de commencer…