Hélicoptères, drones, batteries de missiles antiaériens: la ministre de la Défense prépare une série de nouveaux investissements pour l’armée
C’est ce qui apparaît dans la version actualisée du plan d’investissements de l’armée de la ministre Dedonder.
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Publié le 12-01-2022 à 13h45 - Mis à jour le 12-01-2022 à 13h46
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Une nouvelle capacité d’hélicoptères, des drones, de l’artillerie, des batteries de missiles antiaériens… La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), prépare une série de nouveaux investissements pour l’armée.
La Vision stratégique de la Défense finalisée en juin 2016 par l'ancien ministre, Steven Vandeput (N-VA), prévoyait déjà une manne de quelque 9,2 milliards d'euros d'investissements "en matériel majeur" à l'horizon 2030.
On y retrouvait, entre autres : 34 avions de combat F-35, 2 frégates, 6 navires de lutte contre les mines, la participation au programme multinational de 9 avions de transport (et de ravitaillement en l’air) MRTT, différents types de drones, des véhicules blindés - en particulier le programme Camo (capacité motorisée) qui rassemble 382 blindés multirôles Griffon et 60 blindés de reconnaissance et de combat Jaguar -, etc. Des 9,2 milliards initiaux, environ un milliard et demi n’a pas encore été engagé.
La ministre Dedonder (PS) prépare depuis quelques mois une actualisation de cette Vision stratégique. Celle-ci prévoit, selon nos informations, un montant complémentaire d'un ordre de grandeur de 3 milliards d'euros. Le plan d'investissements grimperait ainsi au total à plus de 12 milliards d'euros à l'horizon 2030. "On ne commente pas. C'est actuellement en discussion au sein du gouvernement", réagit le cabinet Dedonder, contacté mardi par La Libre.
L’actualisation de la Vision stratégique aurait dû faire l’objet de discussions politiques le 20 décembre, lors d’un conseil des ministres restreint (kern). Mais la réunion a finalement été consacrée à la seule question du nucléaire, et le débat sur l’avenir de l’armée reporté à début 2022. On y est. Pour l’heure, le dossier n’a pas encore été mis à l’agenda.
Un plan très ambitieux
Le plan Dedonder "est très ambitieux", selon un initié. Son intention principale consiste à "compléter" la composante Terre, le parent pauvre de la Défense. La ministre propose d'acquérir, dans le cadre du programme Camo, des Griffon supplémentaires (des VBMR - véhicules blindés multirôles) et de nouveaux véhicules de commandement (des VBAE - véhicules blindés d'aide à l'engagement - qui doivent encore être développés par la firme Nexter).
L’investissement majeur porte sur une nouvelle capacité d’hélicoptères. Les 4 NH90 en version terrestre (TTH) seraient remplacés par de nouveaux hélicoptères de transport. On évoque 14 hélicoptères légers et 4 plus lourds, capables ensemble de transporter une compagnie de combat (une centaine d’hommes). Ces appareils seraient dédiés à la composante Terre.
Les NH90 TTH n'ont été mis en service qu'en 2013, mais la Défense avait décidé mi-2020 de les mettre "en retrait" en raison de difficultés avec l'industrie pour la maintenance des appareils.
L'armée détient aussi 4 autres NH90 en version marine (NFH). Ils servent pour le moment au sauvetage en mer (SAR - search and rescue). Selon le plan de la ministre, la mission SAR serait reprise par 4 nouveaux hélicoptères à acquérir afin que les NH90 se consacrent pleinement aux missions à bord des frégates, comme ils en ont la capacité.
Une armée de 29 000 individus
Parmi les nouveaux investissements envisagés, il est aussi prévu des acquisitions dans le Cyber, des véhicules de support au combat pour le génie, 1 ou 2 systèmes d’artillerie longue portée Caesar (il y a déjà un préaccord politique pour l’achat du premier système), des drones et des batteries de missiles visant à se protéger contre la menace aérienne, la participation à l’acquisition d’un MRTT supplémentaire, des batteries de missiles SAM (sol-air) à longue et courte portées pour la composante Air ainsi que des drones complémentaires, des batteries de missiles de défense pour frégates et peut-être même une frégate en plus, etc.
En ce qui concerne le personnel de la Défense, le plan Vandeput prévoyait une armée ramenée à 25 000 individus. Le plan Dedonder remonte ce chiffre à 29 000, dont 15 % de civils.
L’augmentation des investissements, du personnel et des coûts de fonctionnement porteraient l’effort de Défense de la Belgique à 1,6 % du PIB à l’horizon 2030 (18,1 milliards d’euros), contre 1,3 % prévu par le plan Vandeput. Cela reste néanmoins inférieur à la moyenne des pays non nucléaire de l’Alliance atlantique (Otan), qui devrait avoisiner 1,8 % d’ici la fin de la décennie, et nettement en dessous de la norme Otan des 2 %.
Par ailleurs, ce 1,6 % est une version maximaliste du plan Dedonder. Rien ne dit que le gouvernement ne demandera pas à la ministre de revoir sa copie. L’enjeu est éminemment budgétaire.