Dans l'hémicycle flamand, les polémiques et bras de fer s'enchaînent entre la N-VA et CD&V
Le ministre N-VA du Logement est accusé de favoriser le marché privé au détriment du logement social.
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Publié le 15-01-2022 à 15h05 - Mis à jour le 28-01-2022 à 21h35
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Décidément, il y a de la friture sur la ligne gouvernementale flamande. À chaque dérapage, Jan Jambon fait de son mieux pour colmater les brèches. Mais il y arrive de plus en plus difficilement. Certes, sa tâche est compliquée. Il n’est pas simple de maintenir la cohésion au sein de son équipe composée de nationalistes (N-VA), de sociaux-chrétiens (CD&V) et de libéraux (Open VLD). Mais dans la concertation avec les autres niveaux de pouvoir il ne s’en tire pas beaucoup mieux. Jan Jambon peut encore changer la donne. Il devra cependant le faire rapidement. Car les tuiles s’accumulent.
La culture et l’azote
Jeudi, le ministre-Président Jan Jambon a dû mettre tout son poids dans la balance pour tenter de donner une perspective d’avenir au secteur de la culture, très durement touché par les restrictions liées à la pandémie.
Ce n'est pas tout. Dans l'important dossier "azote", aucune avancée n'a été enregistrée ces dernières semaines : N-VA et CD&V campent sur leurs positions concernant la réglementation pour le secteur de l'agriculture, dont les émissions de protoxyde d'azote avoisinent les 30 % en pays flamand. Jan Jambon, qui s'est personnellement impliqué dans ce dossier explosif en organisant plusieurs rencontres bilatérales ces dernières semaines, espère trouver un terrain d'entente d'ici la fin du mois de janvier. Mais, selon une source proche du dossier, l'échéance ne sera pas tenue. Plusieurs réponses restent toujours sans réponse : comment traiter les plus gros pollueurs ? Quels sont les moyens financiers mis en œuvre ? Etc. En réalité, Zuhal Demir (N-VA), la ministre de l'Environnement, et Hilde Crevits (CD&V), la ministre de l'Agriculture, n'arrivent pas à s'entendre.
Pour couronner le tout, les libéraux insistent pour que le dossier du "Stop au béton" soit jumelé à celui de l'azote. Ce que la N-VA refuse. Le blocage est complet. Zuhal Demir tentait de résumer la situation au Parlement flamand, mercredi. "On cherche à concilier l'économe et l'écologie, c'est-à-dire l'eau et le feu", a-t-elle lâché pour justifier les blocages.
Au dossier de l’azote s’ajoute désormais celui du logement social. En octobre déjà, des changements dans la politique flamande avaient conduit 38 organisations sociales à se tourner vers le Conseil de l’Europe pour contester certaines options retenues par l’exécutif en la matière. En cause, une réforme prévoyant la suppression du système à points -système par lequel est déterminée la priorité dans l’attribution d’un logement social aux ménages à bas revenus en recherche d’un toit.
Matthias Diependaele pris pour cible
Une autre polémique vient de naître dans le domaine du logement social. Et comme dans le dossier azote, elle oppose N-VA et CD&V. La députée Vera Jans du CD&V a accusé le ministre N-VA en charge du Logement, Matthias Diependaele, de vouloir privilégier le secteur privé au lieu de rendre le logement plus abordable pour les bas revenus. Elle a fait sa sortie après que le quotidien De Standaard avait fait part, jeudi, de l'intention du ministre N-VA de transférer un montant d'environ 450 millions (non dépensés en 2021 et initialement destinés au logement social) pour que le secteur privé puisse en disposer sous la forme de prêts au logement.
Non-respect des engagements
L'élue CD&V a mis en cause la "mauvaise gestion" du ministre. Et lui reproche de ne pas respecter ses engagements initiaux. Matthias Diependaele souhaite privilégier les classes moyennes, a tonné l'élue CD&V.
Vera Jans rappelle que 170 000 personnes et foyers sont actuellement sur une liste d'attente pour bénéficier d'un hébergement à prix réduit. "Cela n'a pas de sens d'accorder des subventions au secteur privé, qui va ensuite louer le bien au plus offrant", fulmine la députée sociale-chrétienne, qui a trouvé une alliée de circonstance en la personne d'An Moerenhout (Groen). La députée écologiste fustige elle aussi la mauvaise gestion du ministre Diependaele. Selon Groen, le gouvernement flamand n'a qu'un seul objectif : privatiser toujours et partout, dans les secteurs de la santé, dans les transports et dans le logement.
Même son de cloche chez Vooruit, où Maxim Veys dénonce le fait que "des milliers de Flamands cherchent un logement à un prix équitable". Et de conclure : "Le gouvernement préfère offrir des cadeaux à des promoteurs immobiliers qu'à ses propres citoyens."
Le ministre Matthias Diependaele s’est défendu en disant que cet argent n’avait été pris à personne puisqu’il n’avait pas été dépensé par les communes. Un argument que rejettent ses contradicteurs. Pour eux, c’est la lourdeur des procédures qui explique pourquoi tout le budget n’a pas été dépensé.