Au MR, la riposte contre Georges-Louis Bouchez s'organise : "Il y aura un candidat libéral démocrate face à lui"
Denis Ducarme annonce la couleur : "Il y aura un candidat libéral démocrate face à lui."
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- Publié le 17-01-2022 à 21h43
- Mis à jour le 18-01-2022 à 11h03
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La démission de Jean-Luc Crucke la semaine dernière aura laissé des traces au sein du MR. Pressenti comme le remplaçant légitime du ministre wallon du Budget, Denis Ducarme a vu le jeune Adrien Dolimont lui passer devant. Mais le poids lourd du parti libéral ne veut pas se montrer amer pour autant. C’est à tête reposée, avec la distance nécessaire, qu’il brise le silence aujourd’hui sur l’avenir de son parti. Un parti qu’il ne quittera pas, contrairement à ce que certains s’imaginaient au lendemain de cette énième querelle interne au MR. Et ce n’est pas la main tendue du président du CDH Maxime Prévot aux libéraux démocrates qui va faire changer d’avis Denis Ducarme. Que du contraire.
"Le départ de toute cette affaire, c'est la confrontation publique entre représentants du MR qui ont conduit à la démission de Jean-Luc Crucke, qui est parti en indiquant qu'il n'était plus en phase avec la ligne du Mouvement réformateur. Quand vous entendez cela, c'est assez dramatique. Voir un ministre qui est un poids lourd du mouvement, qui fait partie de ceux d'entre nous qui sont les plus plébiscités par les sondages, à qui le citoyen accorde une confiance importante, voir une personne comme lui s'en aller de la sorte, c'est juste catastrophique. Jean-Luc Crucke est un ami, un homme de conviction qui a été blessé parce qu'il a été mordu par la meute. Il a toujours été au centre droit du mouvement. Et je veux lui dire à lui comme à l'ensemble des libéraux démocrates, des libéraux sociaux du Mouvement réformateur qu'ils ne seront pas orphelins."
Le ton est donné. Georges-Louis Bouchez doit se préparer à une offensive lente et organisée s'il ne change pas son fusil d'épaule. "Avec mes amis, je m'engage à continuer à porter les valeurs plus populaires, plus démocrates, plus tournées vers l'égalité des chances, vers la neutralité de l'État, vers la défense du pouvoir d'achat. Des valeurs qui sont depuis toujours portées par le courant libéral. Je veux prendre date et leur dire qu'il y aura à l'échéance du mandat de Georges-Louis Bouchez une candidature d'inspiration libérale démocrate ou libérale sociale. Je ne suis pas là pour moi uniquement, donc cela pourrait être quelqu'un d'autre. On en décidera ensemble."
"Dire qu’il aboie, c’est aller trop loin"
L'actuel député libéral parle d'une diversité d'opinions au sein du Mouvement réformateur sans aller jusqu'à évoquer un retour des clans. Il attaque en douceur. "Quand Georges-Louis nous indique encore récemment qu'il préfère à une démocrate française monsieur Zemmour pour la constance de ses idées, je ne suis pas d'accord avec lui. Il le fait sans doute par calcul pour flatter quelques ultras ou quelques passionnés de politique française mais on en arrive en se contorsionnant, en encensant monsieur Zemmour qui est tout de même à la droite de madame Le Pen. En s'exprimant de la sorte, ce n'est pas moins que d'émettre un feu vert à la banalisation des idées en question. Ou comme quand Georges-Louis dit récemment dans L'Écho qu'il se positionne à droite, il le dit en notre nom à tous au MR et je réponds non. Le MR n'est pas un mouvement de droite, c'est un mouvement qui va du centre à la droite depuis toujours et on aurait tort de rétrécir ainsi nos valeurs uniquement à un mouvement de droite conservateur. Il y a toujours eu au sein de la famille libérale une tendance plus conservatrice et une plus libérale-démocrate et je veux clairement aujourd'hui m'engager à faire perdurer cet équilibre."

Loyal envers les instances internes de son parti et donc envers son président, Denis Ducarme regrette le "manque d'élégance et le choix des mots utilisés" par Vincent Van Quickenborne à l'égard de Georges-Louis Bouchez ce week-end. "Dire qu'il aboie, c'est aller trop loin et les politiques devraient plutôt donner un autre exemple quand toute notre société, du secteur des soins de santé aux indépendants en passant par les écoles, souffre à cause du Covid. Mais au sein de notre parti, on ne doit pas non plus s'isoler. Nous ne sommes pas dans un système majoritaire comme en France et cela passe par le dialogue avec les autres partis."
Quant à savoir si le MR va droit dans le mur aux prochaines élections, Denis Ducarme craint les dégâts d'un libéralisme trop conservateur. "On est dans un moment de crise et plutôt que de diviser, le politique doit tenter davantage de dialoguer, de réconcilier. Sur la méthode, je ne le vois pas hélas. Ce qui fait d'ailleurs dire à certains que le MR risque de se retrouver dans l'opposition à tous les étages."
Mais Denis Ducarme se veut optimiste : il entend tenter de combler "quelque peu l'immense vide que Jean-Luc Crucke a laissé", en veillant à ce que puisse, dit-il, s'exprimer "la diversité du message libéral".