Paul Magnette, une intenable position sur l’e-commerce
Le président du PS est revenu sur certains des propos qu’il a tenus dans le magazine flamand "Humo".
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- Publié le 08-02-2022 à 20h39
- Mis à jour le 08-02-2022 à 21h08
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Il a, certes, fait machine arrière, en précisant mardi matin que sa sortie dans l'hebdomadaire flamand Humo - en tandem avec le secrétaire d'État (PS) Thomas Dermine - ne traduisait pas de façon complète le fond réel de sa pensée en matière d'e-commerce. Paul Magnette, le président du PS, ne veut pas d'un pays sans e-commerce, même si ce n'est pas le modèle qu'il défend et qu'il faut réguler. C'est ainsi qu'il amende les déclarations de la veille par lesquelles il précisait pourtant qu'il voulait un pays sans e-commerce avec de "vrais magasins et des centres-villes animés". Soit. Il voulait surtout mettre un frein à la "fascination" de la Flandre pour la flexibilité organisée autour de ce secteur chez nos voisins néerlandais, a-t-il aussi précisé mardi.
Il expliquait, par contre, déjà, dans Humo, qu'il fallait éviter de créer de nouveaux travailleurs précaires qui rejoindront bientôt les rangs des malades de longue durée parce que travailler la nuit "n'est pas bon pour la santé". Soit.
Il a aussi fait, lors de son rétropédalage, la distinction entre les grands groupes comme Amazon et les petits commerçants qui ont recours à l’e-commerce. Soit, encore !
Réfléchir à deux fois
Néanmoins, il aurait peut-être dû mieux préparer ses arguments avant de sortir cette idée peu développée dans les médias flamands. Elle apparaît, dès lors, comme outrancière. Même au sein du PS, tout le monde n’a pas compris.
Le Parti socialiste ne siège-t-il pas au gouvernement wallon ? Un gouvernement qui, par le biais de sa tendance libérale surtout, se réjouit de l’arrivée des Chinois d’Alibaba à l’aéroport de Liège. Le PS ne s’y est pas opposé. Il a même soutenu le projet. D’ailleurs, les élus socialistes de la région se sont souvent réjouis en public des emplois locaux qui seront générés par sa venue. On notera d’ailleurs que lorsque la question est économique, le respect des droits de l’homme en Chine semble secondaire pour le PS comme pour beaucoup d’autres. En faisant cette sortie, il donne aussi le bâton pour se faire battre à ses adversaires politiques (mais pas seulement) - qu’ils soient ou non partenaires du PS au sein de la Vivaldi - qui n’en demandaient pas tant.
Mais depuis quelques mois, Paul Magnette est devenu coutumier de déclarations retoquées à peine prononcées. Pressé sur sa gauche par un PTB qui le regarde se débattre avec le pouvoir qui rend rarement populaire et sur sa droite par un MR qui communique à tout va, sort sur tout et mord souvent, le PS a pris sur lui d’inscrire son parti dans le clivage gauche-droite activé en permanence par les libéraux francophones.
C'est pour cette raison qu'il adopte des positions très marquées idéologiquement. Trop, parfois. Il en est ainsi de sa sortie sur l'e-commerce telle qu'elle apparaît dans le magazine Humo, avant la rectification du lendemain.
Rappelons aussi sa proposition de rendre gratuits les trajets en train sur le réseau de la SNCB qui s'était attirée les foudres de ses partenaires de gouvernement. Il avait beau se défendre, dans La Libre, en précisant qu'il lançait des pistes pour le long terme, malheureusement pour lui, sa proposition a été renvoyée aux archives sans véritable débat.
Le risque de la disqualification
On peut aussi évoquer son insistance sur la vaccination obligatoire - Vooruit, le CD&V et le CDH sont du même avis - qui semble de plus en plus à ranger aux oubliettes. On peut aussi citer la volte-face qu’il a imposée à son vice-Premier ministre, Pierre-Yves Dermagne (PS), sur les sanctions à l’encontre des soignants non vaccinés, etc. Les rétropédalages et les outrances dans ces cas-là comme dans celui qui nous occupe aujourd’hui ne sont jamais bons. Ils affaiblissent. Qui plus est, dans un contexte où les réseaux sociaux et les réactions immédiates qu’ils induisent obligent à la plus grande prudence. Magnette le théoricien ne doit pas oublier qu’il est aussi et surtout président de parti.
Il court le risque, désormais, d’être disqualifié par ses adversaires politiques, qui n’auront de cesse de le renvoyer à cette outrance, sans en préciser les nuances venues plus tard, à chaque nouvelle proposition qu’il se permettra de faire.