Georges-Louis Bouchez: "Ecolo est-il prêt à débrancher la prise d'un gouvernement en période aussi troublée uniquement pour faire respecter un dogme ?"

Ce lundi matin sur DH Radio, Maxime Binet recevait Georges-Louis Bouchez dans "Il faut qu'on parle".

Depuis cinq jours aujourd'hui, les forces russes, commandées par Vladimir Poutine, ont envahi l'Ukraine. " Au départ, on parle d'une minorité de Russes dans le Donbass et au final on se retrouve avec une invasion sur l'ensemble de l'Ukraine ", débute Georges-Louis Bouchez. " Les États-Unis étaient ceux qui avaient les meilleurs renseignements. Ce qui est incompréhensible, c'est alors qu'ils avaient les informations, ils ont fait savoir qu'ils n'enverraient pas de troupes avant l'invasion russe. Ils n'ont donc pas laissé le moindre doute à Poutine sur le fait qu'il pouvait y aller. Quant aux Européens, je pense que c'est devenu une tradition d'être naïf. Dans nos choix stratégiques ces dernières années, que cela soit en termes de militarisation ou d'énergie, il y a des erreurs colossales qui ont été posées ."Un retour de bâton

Face à ce conflit d'ampleur internationale, l'Europe a décidé de prendre des sanctions inédites à l'encontre de la Russie. Des sanctions que beaucoup ont considérées comme trop tardives, mais qui sont totalement justifiées selon Georges-Louis Bouchez. " Il faut dans un premier temps une gradation dans les sanctions, car nous ne devons pas contribuer nous-mêmes à une escalade. Ces sanctions vont très vite et montrent une grande réaction de l'Europe. Finalement, Poutine a eu comme impact de réveiller l'Otan et l'UE. Je pense que les dirigeants européens sont tout à fait au rendez-vous, mais le problème c'est que l'on se retrouve face à quelqu'un dont on remet en doute la rationalité et c'est là toute la difficulté ."

Parmi les grandes sanctions, l'on peut notamment citer l'isolement de la Russie sur les marchés financiers mondiaux. En privant dans un premier temps les banques russes de la plateforme de transactions financières Swift et en paralysant ensuite la Banque centrale russe. Des mesures fortes qui impacteront indéniablement l'Europe négativement, avec une hausse des prix de l'énergie, mais qui restent avant tout indispensables. " Il faut que toutes les personnes autour de Poutine se rendent compte que la Russie n'a strictement rien à gagner dans cette guerre. Il faut par exemple supprimer tous les appartements luxueux de la classe dirigeante sur la Côte d'Azur ou à Paris. Il faut qu'ils se rendent compte des difficultés qui vont s'abattre sur eux. Rien qu'en prenant ces sanctions cela aura un impact sur notre pays, mais il faut le faire quoi qu'il en coûte. Pour se défendre, il faudra travailler fiscalement car dans le meilleur des cas, cette crise aura un impact économique important et des conséquences sur les ménages. Notre rôle c'est de limiter ces dernières au maximum sans mentir à la population. Il faut impérativement stopper Poutine en Ukraine car s'il arrive à obtenir ce qu'il veut, c'est l'ensemble de la sécurité mondiale qui est menacée avec une série d'autres pays aux porte de l'UE ", met en garde le président du MR.

Vers un maintien du nucléaire ?

Aujourd'hui, 40% du gaz en Europe est directement importé de Russie. La Belgique ne fait pas exception et peine encore à être indépendante énergétiquement. Dès lors, la solution est toute trouvée pour Georges-Louis Bouchez: il faut reporter la sortie du nucléaire. Le 18 mars prochain, le gouvernement fédéral devra voter une sortie complète ou partielle du nucléaire. À ce propos, chez Ecolo, qui vote pour une fin complète du nucléaire, Georges Gilkinet a avancé que l'énergie nucléaire pouvait être dangereuse et servir d'arme, à l'inverse du vent et du soleil. Des propos qui ont particulièrement agacé le chef des réformateurs. " Je trouve qu'en ces temps troublés, créer la confusion au sein de la population sur le nucléaire civil - qui nous permet de nous chauffer - et le nucléaire militaire, c'est indigne. Les gens ont déjà tellement peur et faire croire qu'une centrale nucléaire peut servir à créer un missile est indigne ", avance-t-il.

" Les relations avec la Russie ne vont pas s'arranger à l'avenir, nous avons une façon différente de voir le monde (...) Je suis peiné de devoir arriver à une situation si extrême pour que finalement quelques-uns se disent qu'il y avait peut-être un fond de vrai sur le problème d'autonomie énergétique (...) Le 100% renouvelable est impossible, on a besoin d'une source d'énergie permanente. Il est vrai que la Belgique a une capacité d'énergie renouvelable qui est plus élevée que ce que l'on exploite aujourd'hui, mais elle est limitée. On n'a pas de montagne ou des milliers de km de côte ou encore un ensoleillement qui est appelé à augmenter. Même si on voulait le 100% énergie renouvelable, il ne serait pas disponible avant 2050 et qu'est-ce qu'on ferait jusque-là ? Cela ne tient pas la route (...) Je ne trouve pas que le nucléaire soit la 8e merveille du monde mais aujourd'hui c'est la solution pour limiter notre émission de CO2, pour garantir notre indépendance et pour garantir une baisse des prix. Chaque jour que l'on attend rend la situation de la Belgique beaucoup plus compliquée ".

Georges-Louis Bouchez ne voit aujourd'hui aucun argument "rationnel" pour arrêter le nucléaire. " Est-ce qu'Ecolo est prêt à débrancher la prise d'un gouvernement en période aussi troublée uniquement pour faire respecter un dogme ? Le MR va se battre et posera tous les actes indispensables pour protéger les intérêts du pays. Et ce n'est clairement pas d'augmenter notre dépendance vis à vis du gaz russe. Si nous souhaitons utiliser du gaz provenant d'un autre pays, nous devons aller le chercher au Qatar alors que les Ecolos ne voulaient même pas qu'on aille jouer au foot là-bas. Alors est-ce que l'on doit arrêter de négocier avec Poutine pour négocier avec le Qatar ? Ou importer du gaz de schiste des Etats-Unis alors que l'on refuse de le produire en Europe ? C'est bien de voter des décisions au Parlement européen mais si on veut être vraiment être efficace il faut que l'on soit indépendant énergiquement, que l'on ait une force militaire et que l'on connaisse le rapport de force. C'est comme cela que fonctionne le monde et Poutine aujourd'hui."

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