L’invasion russe projette une lumière crue sur les racines idéologiques du PTB et du Vlaams Belang
Pour le parti marxiste, la faute originelle est à chercher, non à Moscou, mais à Washington. De l’autre côté de l’échiquier politique, le Vlaams Belang s’est également montré frileux dans le douloureux dossier ukrainien.
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Publié le 01-03-2022 à 07h14 - Mis à jour le 01-03-2022 à 11h03
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Il arrive que les extrêmes se rejoignent. L’invasion brutale de l’Ukraine par les soldats de Vladimir Poutine a été condamnée par le monde politique belge. Dès le premier jour de la guerre, cependant, le PTB et le Vlaams Belang (VB) ont pris leurs distances à l’égard de la réaction des États occidentaux. Pour quelles raisons ?
L’antiaméricanisme comme matrice
Pour le parti marxiste, la faute originelle est à chercher, non à Moscou, mais à Washington. Dans la vision géopolitique du PTB, c’est "l’impérialisme américain" qui a poussé les Russes à bout. Si la formation présidée par Raoul Hedebouw a condamné l’opération militaire et son cortège de souffrances, elle affirme également que l’élargissement inlassable des frontières de l’Otan a déstabilisé l’Europe de l’Est.
Mercredi, alors qu'Alexander De Croo réaffirmait l'engagement de la Belgique au sein de l'Otan, qui "jamais n'a été une quelconque menace pour la Russie", le président du PTB avait ironisé sur Twitter : "C'est évidemment pour des raisons défensives que l'Otan est intervenue et a bombardé la Serbie, la Libye et l'Afghanistan… Le Premier ministre Belge croit-il vraiment ce qu'il dit ?"Antiaméricanisme, anti-atlantisme, pacifisme, voilà ce qui détermine la position des marxistes exprimée ces derniers jours dans les différentes enceintes parlementaires.
Pas de sympathie pro-russe au PTB
Certains pourraient voir également de la part de la gauche radicale belge quelques sympathies vis-à-vis de l'exaltation néo-soviétique de la puissance russe par Poutine. Ce serait une erreur. Le PTB se définit surtout par ses racines maoïstes et pro-chinoises. Interrogé par La Libre en 2020, le politologue de l'ULB Pascal Delwit estimait qu'aux origines, l'URSS était même considérée comme un ennemi par le parti. "Mais, ces trente dernières années, l'ennemi a changé et ce sont les USA qui occupent cette place", nuançait l'universitaire.
Frilosité du Belang
De l’autre côté de l’échiquier politique, le Vlaams Belang s’est également montré frileux dans le douloureux dossier ukrainien. À la Chambre, jeudi, les députés du parti flamand d’extrême droite ont réagi de manière très prosaïque aux perspectives de sanctions devant frapper la Russie. Pour les élus du Belang, il importait de ne pas avoir la main trop lourde afin d’épargner l’économie flamande.
Toutefois, cette prise de position masque mal l'attrait qu'exerce le régime fort en place au Kremlin sur certains membres du VB. En particulier, au sein de la vieille garde. Filip Dewinter, par exemple, affiche son admiration pour Vladimir Poutine.
La Russie, un modèle pour l’extrême droite
Idéologiquement, le président russe incarne pour plusieurs formations d’extrême droite en Europe un modèle à suivre. La Russie illibérale qui a été bâtie sur les ruines de l’ex-URSS apporte l’antidote aux maux qui gangrèneraient les démocraties : le culte de l’identité nationale face au multiculturalisme importé des États-Unis, la concentration du pouvoir entre les mains d’un leader charismatique plutôt que la "religion" des droits de l’homme et la dilution de l’autorité étatique, la souveraineté farouche des États plutôt que le multilatéralisme…