"Les indépendants bruxellois sont les plus maltraités du pays"
David Leisterh (MR), soutenu par David Clarinval, réclame une commission spéciale bruxelloise "Indépendants".
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- Publié le 16-03-2022 à 09h46
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La crise du Covid a constitué pour de nombreux indépendants et commerçants bruxellois une pénible épreuve. Le suicide du patron de l'emblématique restaurant Chez Léon , dans l'Îlot sacré, est venu tristement illustrer ces difficultés.
"Nous avons rencontré une série d'indépendants qui nous ont crié leur appel à l'aide. À Bruxelles, ces appels n'ont pas cessé, bien que le Covid soit derrière nous. On pose plusieurs constats, afin d'entrer dans une opposition constructive", pointe David Leisterh, président du MR bruxellois. "La situation budgétaire de Bruxelles va nécessairement avoir besoin d'un reset (réinitialisation) économique. Cela ne sera pas possible via un nouvel investissement de subsides régionaux… Deuxième constat : au travers du Covid, une foule de nouveaux métiers se sont créés, notamment dans le digital, notamment auprès de jeunes. Il faut soutenir ces volontés entrepreneuriales. Or, le message envoyé à ceux qui veulent se lancer à Bruxelles n'est pas le bon."
En dépit de ces constats, le nombre d'entreprises continue d'augmenter chaque année à Bruxelles, passant de 113 195 en 2020 et 114 615 au 31 juillet 2021. "Oui, mais il y a, en parallèle, 3 000 entreprises qui quittent Bruxelles chaque année, souvent pour la Flandre, car c'est un terreau fertile", reprend David Leisterh.
"Travailler à la fiscalité et à la formation"
En 2020, 1 928 entreprises wallonnes et bruxelloises ont quitté la Flandre et la Wallonie pour la capitale, tandis que 2 824 ont fait le chemin inverse.
"Les indépendants à Bruxelles ont connu la problématique des tunnels, les attentats, avant le Covid. Être indépendant à Bruxelles, c'est un statut à part entière… On propose une action en deux temps à Bruxelles, sur le 'comment aider' les indépendants. Il y a eu des débats sur le sans-abrisme, la 5G. Nous demandons en urgence une commission spéciale sur les indépendants, qui entende les acteurs de terrain. Il faut aussi une obligation de résultat pour aboutir à très court terme à une batterie de mesures très concrètes pour aider le secteur", réclame le député bruxellois, qui a déposé la proposition au Parlement bruxellois. "Je ne voudrais pas capturer le débat en formulant déjà maintenant des mesures. Mais il n'y a pas que le volet 'aide'. On peut travailler à la fiscalité, à la formation. Il y a une pénurie d'emploi dans certains secteurs. Il y a aussi le volet 'démarches administratives' : elles sont plus lourdes à Bruxelles que dans les autres régions pour se lancer ou poursuivre son activité. Bruxelles doit devenir un laboratoire d'idées et pas d'idéologies."
Il est rejoint dans son constat par David Clarinval (MR), ministre fédéral des Indépendants.
Bruxelles frappée plus durement
Le ministre des Indépendants le reconnaît, Bruxelles est confrontée aux problèmes typiques d’une grande ville. Le Covid y a frappé plus durement les indépendants, davantage touchés par l’arrêt du tourisme et le télétravail.
"Il y a des problèmes objectifs liés à Bruxelles. Mais aussi un dialogue rompu avec les autorités bruxelloises. Les indépendants n'arrivent pas à rencontrer les ministres responsables. J e suis inquiet quand je constate qu'une série d'indépendants purement bruxellois viennent frapper à la porte du fédéral, la Région bruxelloise étant défaillante", reprend David Clarinval, qui pointe le cas des chauffeurs Uber qui ont perdu leur licence. "Ils ont été trompés. Aujourd'hui, ce sont 1 000 indépendants qui ne demandaient rien d'autre que de travailler et qu'on empêche de le faire de manière idéologique. Mille indépendants vont frapper à la porte du fédéral pour demander un droit passerelle. Je ne veux pas critiquer les personnes, mais Barbara Trachte (Écolo) est secrétaire d'État, non pas à l'Économie, mais à la Transition économique. Déjà dans le titre, on voit que les indépendants sont des éléments anecdotiques."
La situation des chauffeurs Uber est spécifique. "Oui, mais si on regarde les restaurateurs, l'Horeca, on constate que les aides bruxelloises ont été inférieures aux aides wallonnes et flamandes, sauf dans les boîtes de nuit", constate le ministre des Indépendants. "C'est regrettable que la Région bruxelloise ne soit pas plus attentive à ses moteurs. Au contraire, on les freine ! Se déplacer en voiture dans Bruxelles est devenu une galère monstrueuse et c'est fait exprès."
"Une entreprise Horeca d'une à quatre personnes a reçu 17 000 euros maximum d'aide à Bruxelles, 23 000 en Wallonie et jusqu'à 52 900 en Flandre", embraye David Leisterh. "Et un rapport de l'Ipsa montre que la relance à Bruxelles est plus compliquée que dans les autres régions." Selon ce rapport, pour les entreprises d'un à dix employés, les pertes se chiffrent à 36 % à Bruxelles contre moins 8 % au niveau belge par rapport à l'avant-crise.
Les aides qui tardent à arriver
"Un élément incroyable doit être souligné… La dernière des trois primes Covid bruxelloises a été annoncée il y a quatre mois, mais n’a toujours pas été versée aux indépendants", regrette David Clarinval.
Mardi, le gouvernement bruxellois a justement annoncé avoir validé les projets d'arrêtés permettant l'octroi de primes pouvant aller jusqu'à 15 000 euros pour un budget total de 63 millions d'euros. Le montant est moins important que celui de 100 millions d'euros initialement mis sur la table par Barbara Trachte. Ces montants seront destinés aux entreprises les plus touchées par le Covid. "On aurait voulu avancer plus vite, cela a pris du temps. Nous avons fait des consultations avec le secteur dès le mois de décembre, mais avons été confrontés à des discussions budgétaires très compliquées", confirme le porte-parole de Barbara Trachte.
"Je n'attaque pas pour attaquer", conclut David Clarinval. "Mais je fais le constat que les indépendants bruxellois sont plus maltraités que dans les autres régions."