Les partis de gauche montent au front pour taxer les plus riches
Cinq des sept partenaires de la majorité fédérale sont favorables à un impôt sur la fortune. Dans l’opposition, le PTB jubile.
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- Publié le 28-04-2022 à 20h48
- Mis à jour le 28-04-2022 à 20h50
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Les passions du peuple de gauche se déchaînent à quelques jours de la fête du travail, ce dimanche 1er mai. L’idée d’un impôt sur la fortune a refait surface ces derniers jours. Dans la majorité fédérale, les socialistes du PS et de Vooruit, les écologistes d’Écolo et de Groen, et même le CD&V y sont favorables. Seuls les libéraux du MR et de l’Open VLD n’y souscrivent pas.
Avec une inflation de plus de 8 % en mars, "la vie devient impayable pour beaucoup de gens", a lancé Melissa Depraetere, la cheffe de file des socialistes flamands de Vooruit, lors d'un débat sur le pouvoir d'achat, jeudi, à la Chambre. "10 % des gens ne savent plus payer leurs factures [alors que] 1 % des plus riches dans notre pays disposent de 25 % des richesses." Elle a ainsi plaidé pour un impôt sur la fortune pour cette catégorie de la population. "Il faut aller chercher l'argent là où il se retrouve."
Acclamations sur les bancs de l'opposition PTB. Le président Raoul Hedebouw agite les bras et hurle des "ouh, ouh, ouh" en soutien. Puis prend la parole. "Aller chercher l'argent là où il se trouve", jubile-t-il.
Il rappelle que son parti a déposé une proposition de loi en ce sens et invite les partis de gauche à s'en saisir. "Pour nous, pas de copyright, mais un copyleft", ironise-t-il (jeu de mots entre right - droite - utilisé pour évoquer les droits d'auteur, et left - gauche, mais aussi laissé).
Quand Marie-Colline Leroy, députée Écolo, dit qu'il faut "faire contribuer les plus riches, évidemment", les rangs du PTB lancent des "ouaaais". Quand Malik Ben Achour, pour le PS, explique que "1 % de taxation sur les patrimoines de plus d'un million d'euros pourrait rapporter 3 milliards pour les bas et moyens salaires", ils applaudissent. Les marxistes buvaient du petit-lait, jeudi.
"Vous n’êtes pas Blanche-Neige"
"Notre priorité, c'est la protection du citoyen et ça l'a toujours été, a répondu le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD). Les changements que nous subissons aujourd'hui" - la guerre en Ukraine, la crise énergétique, l'inflation - "sont des changements tectoniques, plus vus depuis quarante ans." Dans ce contexte, il a rappelé avoir demandé à un groupe d'experts "d'analyser en profondeur la situation et de formuler des recommandations".
En revanche, M. De Croo n'a encore annoncé aucune nouvelle mesure de soutien au pouvoir d'achat. "J'ai constaté que Melissa Depraetere a reçu plus d'applaudissements que vous, parce que, même si on peut ne pas être d'accord, elle a proposé quelque chose, pas vous", lui a lancé Peter De Roover, le chef de file de la N-VA. Et, soulignant les divergences entre les sept partenaires du gouvernement, il s'est lui aussi essayé à un trait d'humour : "Vous constatez des dissensions entre les sept nains, mais vous n'êtes pas Blanche-Neige. Je ne sais pas si quelqu'un va pouvoir vous réveiller avec un baiser."