Abattage rituel : les députés bruxellois votent contre l’obligation d’étourdir

Le remplacement diplomatique de Jamoulle

L'issue du vote de mercredi doit beaucoup à des manœuvres politiques. Véronique Jamoulle, députée PS plutôt favorable à l'étourdissement préalable (à l'inverse de son groupe) n'était pas présente lors du vote en commission. Elle a été remplacée au pied levé par Leila Agic. "On en a discuté ensemble avec le groupe PS et j'ai décidé en parfaite conscience de ne pas être présente pour le vote. C'est une question de loyauté. Je ne voulais pas exprimer une voix différente de mon groupe politique. Je représentais un tiers des voix du groupe PS dans la commission alors que sur les seize députés, notre position est totalement minoritaire, nous indique Véronique Jamoulle. Je suis consciente que ce remplacement a fait pencher la balance. Mais ce pourrait être différent en plénière où j'ai la liberté de voter autrement."

Un autre remplacement tout aussi diplomatique est à signaler du côté du MR, où Viviane Teitelbaum, quant à elle plutôt défavorable au texte, était suppléée par Alexia Bertrand. La libérale a assisté au début des débats avant de s’éclipser.

Du côté des Engagés, Gladys Kazadi était remplacée par Céline Frémault ; chez Écolo, Ingrid Parmentier a été remplacée par John Pitseys ; chez Vooruit, Fouad Ahidar remplaçait Hilde Sabbe.

"Un échec pour le bien-être animal"

"De toute ma vie parlementaire, je ne me souviens pas d'un tel chassé-croisé au moment des votes. La liberté de conscience reste pour moi quelque chose de fondamental dans de tels débats", note Céline Frémault. La cheffe de groupe des Engagés, qui s'est abstenue, estime que les auditions auraient dû encore se poursuivre dans l'attente du dépôt du Code du bien-être animal par Bernard Clerfayt (Défi), ministre du Bien-être animal.

"Je trouve dommage qu'on ne laisse pas voter les députés effectifs dans la commission alors qu'ils suivent le bien-être animal depuis le début de la législature. C'est un échec pour le bien-être animal. Mais j'ai encore espoir et j'en appelle à un sursaut des députés", souligne Jonathan de Patoul (Défi), qui porte la réforme.

Le texte n’a donc pas trouvé une majorité en commission. Mais il pourrait encore être adopté en séance plénière, le 17 juin. Les équilibres sont fragiles. Plus de 30 votes semblent acquis en faveur de l’obligation d’étourdissement (1 au PS, 4 chez Groen, 8 chez Défi, 1 à l’Open VLD, 11 au MR, 1 au CD&V, 3 à la N-VA, 1au Vlaams Belang et 1 indépendant). On dénombre à peu près autant de non. L’issue est nébuleuse pour 20 à 30 votes. Les positions des Engagés et des Écolos seront décisives.

Chez les Engagés, on précise que l'abstention de mercredi ne préjuge pas du vote final des cinq députés. Chez Écolo, les positions sont partagées. Aucun groupe ne sera unanime. Au PS, outre Véronique Jamoulle, Julien Uyttendaele devrait voter pour le texte, à l'inverse de son parti. Au MR, Viviane Teitelbaum pourrait s'abstenir, de même que Latifa Aït-Baala. Chez Défi, ni Marc Lowenstein ni Sadik Köksal ne soutiendront le texte "en l'état actuel".

Il n'est pas exclu que l'un des partis sorte un amendement de son chapeau, de manière à proposer un consensus qui satisfasse le PS, Écolo, et permette à Défi de sauver la face. "Je ne crois pas qu'on trouvera un amendement qui satisfasse tout le monde. Ce sera du 50/50. Deux malades pourraient faire balancer les choses d'un côté ou de l'autre. J'ai l'impression qu'Écolo va majoritairement voter contre, de même que les Engagés qui ne sont pas très clairs. Ce sera compliqué", conclut Jonathan de Patoul.

Pour rappel, l’abattage avec étourdissement préalable est déjà obligatoire en Flandre et en Wallonie.