Julien Uyttendaele rejette la consigne de vote du PS sur l'abattage rituel à Bruxelles : "Cette question n’a jamais été discutée en interne”
Julien Uyttendaele, député socialiste, regrette que la question de l'abattage rituel "n’a jamais été discutée dans le moindre congrès ou dans le cadre du bureau politique du PS bruxellois". Il tire une conclusion des auditions d'experts. “Le consensus scientifique est indiscutable : l’absence d’étourdissement augmente la souffrance animale”. Il dit prendre ses "distances avec le PS bruxellois."
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Publié le 16-06-2022 à 18h43 - Mis à jour le 16-06-2022 à 19h22
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La proposition d'ordonnance visant à interdire l'abattage sans étourdissement en Région Bruxelles-Capitale doit passer au vote ce vendredi au Parlement bruxellois. Le texte a fait voler en éclats la discipline de plusieurs partis. La tension est à son comble et la pression sur les 89 députés appelés à voter, maximale.
Si l'interdiction de l'abattage sans étourdissement vient à être votée, le PS essuiera une défaite politique d'ampleur et héritera d'un problème électoral potentiellement important. Sans parler des probables conséquences néfastes pour la majorité, que le texte passe ou non.
Le groupe PS n’en fait pas mystère. Il rejettera massivement le texte de Défi, Groen et Open VLD. Toutefois, Julien Uyttendaele, député socialiste et sénateur, votera en sa faveur. Sa position était connue dans les cénacles politiques, mais il n’avait pas encore affirmé publiquement sa position. Il a décidé de sortir du bois ce jeudi soir, à la veille du vote, pour justifier sa position et son désaccord avec le groupe socialiste.
"Cette question n’a jamais été discutée dans le moindre congrès ou dans le cadre du bureau politique du PS bruxellois"
“Je ne conçois pas l’exercice de mon mandat comme celui d’un simple exécutant”, écrit-il dans un communiqué. “La position prise par la fédération bruxelloise du PS ne se fonde pas sur le programme que les militants ont voté en 2019, ni sur l’accord de gouvernement que nous avons voté en début de législature. Cette question n’a jamais été discutée dans le moindre congrès ou dans le cadre du bureau politique du PS bruxellois. Nous avions pourtant le temps d’en discuter au sein des instances de notre fédération.”
Une critique à peine voilée adressée à Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, qui est à l'origine de la consigne de vote adressée aux députés.
Pour ces raisons, Julien Uyttendaele ne s’estime “aucunement lié par les directives” reçues et juge que le dossier de l’étourdissement révèle d'“une dérive qui transforme les parlementaires en machine à voter”. Il dit prendre ses "distances avec le PS bruxellois."
“Le parlement doit être le centre du pouvoir politique. Il n’en est plus que le valet et c’est terriblement inquiétant pour l’avenir”, pointe encore le président de la section locale PS de Woluwe-Saint-Lambert
Au terme des auditions, il tire une conclusion. “Le consensus scientifique est indiscutable : l’absence d’étourdissement augmente la souffrance animale”.
"L’obligation de l’étourdissement préalable n’est pas contraire à la liberté de culte"
Au niveau légal, il note que l'examen des textes flamands et wallons relatifs à l’obligation d’étourdir, examinés par différentes juridictions dont la Cour constitutionnelle belge, a mené à des arrêts clairs. “L’obligation de l’étourdissement préalable n’est pas contraire à la liberté de culte, n’est pas discriminatoire et ne viole pas le principe de séparation entre l’Église et l’État”, poursuit-il.
"’Un dialogue de sourds" avec les représentants des culte
Le fils du professeur Marc Uyttendaele, grand partisan de la laïcité de l’État, note également que, lors des auditions des représentants des cultes concernés, ceux-ci “sont restés inflexibles faisant le choix d’un dialogue de sourds.”
“Toutes les propositions alternatives y compris celles retenues dans d’autres pays où elles ont été validées par les instances religieuses locales ont été ici sèchement rejetées”, note encore Julien Uyttendaele.
"Je ne peux que soutenir cette proposition.”
Il conclut, sans surprise, en annonçant “qu’au vu du consensus scientifique”, il ne peut “que soutenir cette proposition.”
La pression sera également forte sur Véronique Jamoulle, autre dissidente, qui avait accepté de laisser sa place à Leila Agic lors du vote en commission.
L’issue du vote ce vendredi reste fort incertaine.