Le PS veut que la Belgique présente ses excuses au Congo et qu’elle répare
Le député Lacroix émet l’idée de la mise en place d’une fondation commune.
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- Publié le 17-10-2022 à 09h29
- Mis à jour le 17-10-2022 à 09h30
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L'État belge présentera-t-il un jour des excuses au Congo, au Rwanda et au Burundi pour l'époque coloniale ? C'est ce que souhaite le PS par la voix du député fédéral Christophe Lacroix. Les travaux de la Commission spéciale "passé colonial" de la Chambre touchent à leur fin et ses membres doivent désormais se pencher sur les recommandations. Sentant que les débats pourraient être pollués par des accusations mal définies et un peu simpliste de "wokisme", émanant d'adversaires politiques, le PS annonce donc ses intentions. "Après 300 auditions menées par la commission, que ce soit à La Chambre, par visioconférence ou durant la mission menée fin août-début septembre au Congo et après les rapports des experts, nous avons le sentiment que 95 % de ces témoignages vont dans le même sens", pointe Christophe Lacroix qui précise qu'il s'agit de définir s'il faut ou non "condamner le système colonial belge, présenter des excuses et envisager des réparations".
À toutes ces questions, le PS répond donc oui. "Pour nous, socialistes, après tout ce que nous avons entendu, s'il n'y a pas de condamnation du système qui a amené racisme et spoliation, cette commission sera considérée comme un échec. Des populations ont été violentées, violées, déplacées. Les spoliations de matières premières sont une réalité, même après la reprise du Congo au roi Léopold II, par l'État belge en 1908. Le fait de ne pas avoir fait émerger des élites au sein de la population congolaise a eu des conséquences par la suite. Le fait que la Belgique a pris parti pour des sécessionnistes au Katanga et le fait d'avoir au moins une responsabilité morale dans l'assassinat de Lumumba démontre que le système colonial belge et ses spécificités doivent engendrer des réparations."
Pas de la repentance
Christophe Lacroix précise cependant qu'il ne s'agit pas de faire de chaque Belge ou de chaque descendant de colons des responsables en tant que tel. "Nous ne demandons pas la mise en place d'un mécanisme de repentance mais l'État doit prendre position en présentant des excuses." Quant aux réparations Christophe Lacroix considère qu'elles doivent être symboliques et "contrairement à ce que l'on entend souvent chez certains opposants à cette démarche, ils ne veulent pas de 'pognon'. En tout cas, ce n'est pas ce qui transpirait des auditions."
Selon le PS, il serait intéressant de mettre sur pied une fondation d’utilité publique commune financée en partie par la Belgique mais aussi par "ceux qui se sont enrichis", précise encore Christophe Lacroix. "Il est nécessaire de les identifier, mais on peut penser aux entreprises qui se sont servies avant l’indépendance. Je pense à Umicore et aux héritiers de la Générale." Christophe Lacroix évoque aussi une participation des Églises et de l’État belge, donc. Il propose un nom pour cette fondation : "Souvenir, Responsabilité et Avenir. Elle pourrait prendre pour modèle ce que l’Allemagne a mis en place sous Schröder pour réparer ce qui avait été fait pendant la guerre sur les questions du travail obligatoire". Enfin, Christophe Lacroix considère que cette fondation pourra aussi se pencher sur toutes les questions liées à la présence, dans l’espace public, de statues de Léopold II ou d’autres personnalités liées à cette période.