La Belgique ne présentera pas d'excuses pour son passé colonial: ”Nous avons manqué un tournant de notre Histoire!”
Les députés de la commission Congo n’ont pas su s’accorder sur des recommandations.
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Publié le 19-12-2022 à 20h12 - Mis à jour le 19-12-2022 à 20h33
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Clap de fin en mode très mineur pour la commission parlementaire fédérale qui s’est penchée sur le passé colonial belge qui se réunissait une dernière fois ce lundi. Cette dernière réunion devait être celle du vote des recommandations à destination du parlement. Il n’en sera finalement rien. C’était pourtant la toute dernière occasion de parvenir à un accord, puisque la commission ne peut être prolongée une troisième fois.
Le 22 novembre, le président de la commission Wouter De Vriendt (Groen) avait présenté une centaine de recommandations sur la base des avis émis par les différents partis. Ce document, présenté comme le fruit d’un consensus, couvrait de larges pans de la société. Il proposait, par exemple, un renforcement des partenariats académiques avec le Congo, un changement de nom de l’Ordre de Léopold II ou encore la présentation d’excuses du Parlement belge auprès des anciennes colonies.
La Vivaldi divisée
Ce dernier point, repris dans la recommandation 69 du rapport, avait suscité le plus de controverses au point de diviser la majorité Vivaldi. L’aile gauche était favorable à la présentation d’excuses de la part de la Belgique, tandis que l’aile droite du gouvernement se contentait de regrets, comme les avait exprimés le Roi Philippe lors de la célébration des soixante ans de l’indépendance du Congo. Les divergences de vues sur cette question auront rendu impossible l’adoption du rapport final.
Avant même le vote, M. Piedbœuf, chef de groupe MR à la Chambre et membre de la commission a quitté l’assemblée, suivi juste après par son collègue de l’Open VLD. Le CD&V avait menacé de suivre, mais le député est finalement resté sur son siège car en l’absence des libéraux, l’obtention d’une majorité n’était déjà pas possible. Il n’y a donc pas eu de vote sur les recommandations du Parlement.
Pas d’excuses, donc. “Le consensus scientifique est pourtant clair sur la nécessité pour la Belgique de présenter des excuses au nom de la continuité des institutions et comme gage indispensable de sincérité dans les mesures réparatrices qui seraient prises. Nous avons entendu en commission des centaines d’experts qui allaient dans ce sens, y compris des juristes qui ont expressément exclu tout risque juridique qui pourrait en découler. L’opposition aux excuses ne peut donc être lue que comme le fruit déplorable d’un dogmatisme colonial”, a regretté le député écologiste Guillaume Defossé.
”Nous avons manqué un tournant de notre Histoire !”, a déploré le député socialiste Christophe Lacroix.
Un message du Palais ?
”C’est devenu l’affaire des partis politiques, de cabinets ministériels et du Palais royal”, a expliqué M. De Vriendt, le président de la commission qui voit dans cet échec l’impossibilité de toucher “à certains tabous”. “Il y a eu un message du Palais royal dans ce processus. Je n’ai pas reçu ce message mais il portait sur les excuses, les compensations et quelques autres points sensibles”, a affirmé l’écologiste flamand, qui s’est dit déçu de voir ainsi s’achever cette commission.
Chez les écologistes, on défend la qualité du travail mené pendant deux ans et demi, en refusant de dire que cette commission n’aura abouti à rien. Mais s’il est vrai que le travail de consultation aura permis la rédaction d’un important travail historique, la plupart des attentes suscitées par cette commission au sein de la société n’ont pas été rencontrées.