"Nous devons profiter de la prospérité de la Flandre, je n'ai pas peur de le dire"
Pour encourager la mobilité interrégionale des travailleurs, Gilles Vanden Burre (Écolo) propose d’octroyer un abonnement d’un an aux transports publics à chaque demandeur d’emploi qui trouve un job dans une autre région.
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Publié le 03-02-2023 à 11h39
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Atteindre un taux d’emploi de 80 % à l’horizon 2030, telle était l’ambition affichée par la Vivaldi dans son accord de gouvernement. Alors que seuls 72,1 % des 20-64 ans étaient au travail en Belgique au troisième trimestre 2022 (65,9 % en Wallonie et 65,8 % à Bruxelles), la mission est encore loin d’être remplie.
Afin de se rapprocher de cet objectif, le groupe Écolo-Groen mise notamment sur la mobilité interrégionale des travailleurs. “On n’arrivera jamais à augmenter le taux d’emploi en Belgique si on n’augmente pas cette mobilité, insiste le député Gilles Vanden Burre. Ce n’est pas une solution miracle, mais c’est tout de même une condition sine qua non.” Pour le chef de groupe Écolo à la Chambre, l’essentiel est surtout d’encourager les Wallons et les Bruxellois des zones régionales frontalières à aller travailler en Flandre, qui concentre 67 % de l’ensemble des emplois vacants en Belgique, alors que son taux de chômage (3,6 %) y est bien plus faible que dans les autres régions. Selon Gilles Vanden Burrre, ce contexte économique est une “véritable opportunité à saisir” pour les francophones. “Nous devons davantage profiter de la prospérité de la Flandre, je n’ai aucun problème à le dire.” Pourtant, malgré une augmentation de la mobilité interrégionale ces dernières années, la part des travailleurs wallons et bruxellois dans l’emploi intérieur flamand reste faible. Au total, c’est moins de 5 % de l’emploi flamand qui est assuré par des travailleurs des deux autres régions, selon une étude de l’Institut pour un développement durable (IDD).
Faciliter l’accessibilité
Pour inciter à davantage de mobilité, Gilles Vanden Burre évoque plusieurs pistes de solutions, résumées dans une proposition de résolution qui sera déposée au Parlement la semaine prochaine. L’écologiste suggère notamment d’octroyer un abonnement gratuit pour les transports publics (SNCB, TEC, De Lijn et Stib) à chaque demandeur d’emploi qui trouve un travail dans une autre région. Ce “libre parcours” serait offert au nouvel employé pour une période d’un an, non-renouvelable. “Le but est d’aider le travailleur à franchir le pas, à l’encourager financièrement à traverser la frontière. L’abonnement ne sera pas valide pendant tout son contrat de travail”, résume le député.
La proposition, avalisée par le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet (Écolo), soulève toutefois l’éternelle question du financement. Combien va coûter cette mesure, alors que les finances publiques sont déjà exsangues ? Les formules actuelles de ce type – Brupass XL à Bruxelles ou l’abonnement “Horizon” en Wallonie – se chiffrent entre 400 et 800 € par an, par usager. “C’est très difficile d’évaluer le nombre de personnes qui bénéficieraient de cette mesure, mais honnêtement, ce ne sera pas un grand coût pour les pouvoirs publics, estime le chef de groupe. Une personne qui trouve un emploi sort du système de chômage et ne représente donc plus un coût pour l’État. Si en contrepartie, on lui octroie un an d’abonnement, la balance sera même positive pour les finances publiques.” Le député insiste également sur la nécessité de mieux desservir les zones à forte densité industrielle, parfois excentrées, en renforçant la collaboration entre les transports publics et les entreprises.
La carotte plutôt que le bâton
Outre ces propositions axées “mobilité”, Gilles Vanden Burre plaide pour un meilleur accompagnement des demandeurs d’emploi wallons par le VDAB (équivalent flamand du Forem), afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail flamand. “On pourrait imaginer qu’il y ait deux trois accompagnateurs du VDAB qui puissent s’exprimer en français avec les demandeurs d’emploi wallons, par exemple.” Une proposition qui risque de crisper les nationalistes flamands, très attachés à l’usage du néerlandais dans leurs services publics.
Enfin, le député écologiste souhaite étendre le bonus emploi (600 € sur base annuelle) – actuellement octroyé aux travailleurs flamands ayant un salaire peu élevé – aux Wallons et Bruxellois qui viennent travailler en Flandre.
Avec cette série de propositions, Gilles Vanden Burre défend une vision positive de la mise à l’emploi. “Aujourd’hui, les propositions de la N-VA ou de la droite vont toutes dans le même sens : limiter les allocations de chômage dans le temps. Pourquoi toujours faire des grands discours idéologiques punitifs, et pas forcément efficaces, alors qu’il y a plein d’autres incitants concrets qui permettraient d’augmenter plus rapidement le taux d’emploi ?”