Grosse tension au MR au sujet du harcèlement présumé au cabinet De Bue : “La ministre doit prendre ses responsabilités”
L’ex chauffeure de Valérie De Bue a porté plainte contre Jean-Marc Galand, chef de cabinet de Valérie De Bue, pour harcèlement. Diana Nikolic (MR), députée wallonne MR, veut qu’on “libère la parole des personnes concernées” au sein du cabinet tandis que sa collègue Christine Mauel appelle la ministre Valérie De Bue “à prendre ses responsabilités.”
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Publié le 04-02-2023 à 07h05 - Mis à jour le 04-02-2023 à 10h15
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Les révélations par La Libre du licenciement de Jean-Marc Galand, chef de cabinet de la ministre Valérie De Bue (MR) ont provoqué un sérieux malaise au sein du groupe MR au Parlement de Wallonie.
Il s’avère que le comportement de Jean-Marc Galand – qui fait l’objet d’une plainte déposée par l’ancienne chauffeure de Valérie De Bue – à l’égard de certaines collaboratrices de la ministre alimente depuis des mois déjà des discussions informelles entre députés wallons libéraux, au sein du gouvernement wallon, comme au sommet du MR.
Ces derniers mois, plusieurs anciennes membres du cabinet avaient même évoqué à La Libre sous couvert de l’anonymat des comportements jugés problématiques auxquelles elles avaient été confrontées au sein du cabinet de Valérie De Bue. Mais pour différentes raisons – crainte de perdre leur emploi, stigmatisation, etc. ‐, une forme d’omerta persiste.
"On ne peut pas mettre un petit mouchoir sur cette situation et l’étouffer”
Diana Nikolic, députée MR, a décidé de sortir du bois. “Depuis une semaine, j’entends la rumeur qui enfle, puis il y a eu les articles dans la presse. Ce matin, je me suis levé en me disant : 'Il faut qu’on en parle'. On ne peut pas mettre un petit mouchoir sur cette situation et l’étouffer, assène la Liégeoise. Nous devons faire la lumière sur ce qui s’est passé au sein du cabinet de la ministre wallonne Valérie De Bue. Nous devons pouvoir libérer la parole des personnes concernées. On ne peut se contenter de faire le gros dos, de mettre le sujet sous cloche, et d’attendre que ça passe, par respect pour les autres victimes éventuelles.”
Christine Mauel, députée MR, refuse elle aussi la loi du silence. ” Il faut qu’on en parle absolument. On va avoir la discussion au sein du parti. Il faut que la ministre s’explique et prenne ses responsabilités.”
Au sein du MR wallon, la pression va crescendo. Mercredi, la ministre Valérie De Bue (MR) a évoqué en aparté la situation durant la réunion du groupe interparlementaire des députés wallons, rappelant en substance l’argumentaire déjà donné à La Libre mercredi.
La Nivelloise a ainsi assuré n’avoir pas “reçu le moindre signe émanant de qui que ce soit au sein du cabinet concernant le comportement éventuellement problématique de Jean-Marc Galand”, avant le 3 mai 2021, lorsque la ministre a reçu un courrier dans lequel l’avocat de l’ex chauffeure de la ministre assurait que sa cliente avait fait “l’objet d’approches répétées et lourdes” de la part de Jean-Marc Galand, et” dont le caractère sexuel ne fait aucun doute”. L’avocat de Jean-Marc Galand juge le contenu de ce courrier diffamatoire.
Sylvie T., assistante personnelle de la ministre en 2017 et 2020, avait toutefois contredit la version de Valérie De Bue assurant dans La Libre s’être “ouverte auprès de la ministre du cas de Jean-Marc Galand durant la précédente législature déjà, pour dénoncer ses agissements envers une personne du cabinet (NdlR : qui n’était pas Nathalie D., la chauffeure)”. Ces propos ont été démentis par l’entourage de la ministre.
Qu’en pensent les députés wallons du mouvement réformateur ? Jean-Paul Wahl, chef du groupe, qui se trouvait à Tahiti (Polynésie française) pour une réunion de l’Assemblée parlementaire des pays de la francophonie (APF) n'a pas voulu se prononcer sur le fond, précisant qu'il relevait du cabinet De Bue et du gouvernement wallon.
D’autres ont été cueillis à froid.
“Jean-Marc Galand ? Non, je ne le connais pas. Je connais Jacqueline Galant”, a ainsi souligné Françoise Mathieux, députée MR.
Jacqueline Galant, justement, est d’un autre avis. “Je ne connais pas Jean-Marc Galand, je ne peux pas juger de la personne. Mais le genre de comportements machistes décrit est inacceptable. L’exemple doit venir du politique. Car profiter de son pouvoir et utiliser sa fonction d’autorité, on ne peut pas accepter ça.”
Grosse tension au sein du groupe MR
Dans la journée de vendredi, la tension a encore grimpé d’un cran au sein du groupe wallon. Plusieurs députées se sont manifestées en interne, souhaitant obtenir des réponses plus précises sur la manière dont Valérie De Bue a géré la situation. Une députée MR, qui a recueilli certaines informations sur la situation au sein du cabinet ministériel, a exprimé sur le groupe What’s app interne des députés MR son souhait d’entendre la ministre à propos du choix et le maintien pour une aussi longue période, de son ancien bras droit.
Sybille de Coster-Bauchau a ensuite appelé Valérie De Bue pour lui faire part du ressenti des élus. Dans la foulée, il a été décidé d’organiser une réunion en video-conférence avec la ministre pour répondre aux questions des députés. Après cette réunion, les vannes ont été fermées.
”Je n’ai pas d’avis quand une plainte est déposée”, nous a indiqué Sybille de Coster-Bauchau.
”Il y a des procédures qui existent. Ce n’est pas à moi de m’en saisir”, abonde Manu Douette, député-bourgmestre de Hannut.
La réserve des élus sur des faits dont ils n’ont pas la pleine connaissance peut se concevoir. Ce contexte, toutefois, n’est pas propice à la libération de la parole d’éventuelles victimes…
Au sommet du MR, certaines difficultés étaient connues
Le MR national n’a par ailleurs pas découvert les difficultés internes au sein du cabinet De Bue dans la presse de cette semaine. Plusieurs personnes, dont le président du MR, avaient été mises au courant des difficultés rencontrées par certains collaborateurs et certaines collaboratrices avec le chef de cabinet de Valérie De Bue. Mais les coups de sonde qui ont été lancés pour s’enquérir informellement de la situation n’ont pas débouché, selon le parti, sur des éléments concrets suffisants que pour justifier d'agir.