Paul Magnette a-t-il dérapé en interview? “Ce ne sont en tout cas pas des paroles qu’on attendrait d’un grand intellectuel”
“Les Flamands doivent toujours travailler dur, les Wallons aiment profiter de la vie. Est-ce si mal ?”, voilà une phrase qui a déchaîné les foules et surtout la classe politique du pays ce mardi. Le bourgmestre de Charleroi se justifie en parlant d’une blague.
Publié le 07-02-2023 à 21h01 - Mis à jour le 07-02-2023 à 21h07
C’est dans une interview pour le magazine “Dag Allemaal” que Paul Magnette a prononcé cette phrase qui n’est pas restée sans réactions : “Les Flamands doivent toujours travailler dur, les Wallons aiment profiter de la vie. Est-ce si mal ?”. Le président du PS, plus gros parti politique au sud du pays se justifie sur son compte Twitter. On peut y lire : “Prendre la chute d’une blague pour une déclaration politique, où est-on ? ! Confirmation qu’il n’y a pas de place pour le second degré en politique. Et encore moins quand on fait exprès de ne pas comprendre”.
Nous avons contacté Dave Sinardet, professeur de sciences politiques à la VUB, pour comprendre ce genre de sortie médiatique.
Trouvez-vous ces propos normaux pour le président du plus gros parti politique de Wallonie ?
Ce ne sont en tout cas pas des paroles qu’on attendrait d’un grand intellectuel, ni de quelqu’un qui a la carrure de devenir Premier ministre, deux profils que Paul Magnette veut quand même se donner. Au lieu de rassembler les Belges, il renforce les caricatures entre Flamands et Wallons.
Je comprends bien que ce n’est qu’une petite partie d’une interview mais quand on est routiné en politique comme Magnette l’est, on sait quelle peut être la dynamique médiatique de petites phrases qu’on sort de leur contexte. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Magnette se heurte à cette dynamique : l’année dernière c’était aussi le cas avec ses déclarations sur l’e-commerce.
Est-ce que ces propos le rendent moins crédible auprès des Flamands ?
Tout dépend à quels Flamands vous posez la question. Mais en tout cas il ne donne pas l’impression de prendre au sérieux les défis que connait la Wallonie, notamment en termes d’emploi, ce qui est justement une image qui existe de lui et son parti chez certains Flamands. Il renforce donc de cette facon les clichés sur les Wallons mais encore plus sur le PS.
Quelle posture doit-il adopter s’il veut un jour devenir Premier ministre ?
Il devrait présenter un projet ambitieux et enthousiasmant pour la Belgique. Et s’adresser plus aux Flamands. Il est presque parfait bilingue, mais ces dernières années il s’est fait assez rare dans les médias flamands. Georges-Louis Bouchez, qui ne parle pourtant toujours pas néerlandais, est beaucoup plus présent au nord du pays.