Le transfert de Jean-Luc Crucke chez Les Engagés laisse un goût doux-amer au MR
L’ancien ministre wallon rejoint les troupes de Maxime Prévot. Une perte électorale pour le MR. Mais cette arrivée est aussi un plan B consécutif à l’échec du rapprochement entre Défi et Les Engagés défendu par Jean-Luc Crucke.
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Publié le 09-02-2023 à 18h23 - Mis à jour le 10-02-2023 à 08h30
La situation est désormais clarifiée. Jean-Luc Crucke, en rupture avec Georges-Louis Bouchez sur le fond et sur la forme, a fini par franchir le pas. Ce jeudi, à 11 heures, au siège des Engagés, l’ancien ministre wallon a annoncé son ralliement au parti de Maxime Prévot. Un quart d’heure avant la conférence presse, il avait fait part de sa décision à trois mandataires MR qu’il apprécie particulièrement : Sophie Wilmès, Diana Nikolic et Pierre-Yves Jeholet.
Jean-Luc Crucke part avec armes et bagages : il conserve son mandat de député wallon. Un siège en plus pour Les Engagés, donc. Pour 2024, il se présentera sur la liste fédérale dans la circonscription du Hainaut, probablement en deuxième position derrière Catherine Fonck, cheffe de groupe à la Chambre. Une place “de combat” car l’arithmétique électorale dans le Hainaut ne lui garantit pas un siège. Quoi qu’il advienne, les Engagés ont déjà réussi un beau coup. Au-delà du cas de Jean-Luc Crucke, ils envoient un signal d’ouverture à tous les libéraux qui pourraient se sentir mal à l’aise au MR.
Vice-président des Engagés
Jean-Luc Crucke, ces dernières années, avait évolué sur le plan doctrinal. Il épousait une ligne politique plus sociale et plus environnementaliste que celle défendue par Georges-Louis Bouchez depuis son accession à la présidence du Mouvement réformateur. Il va poursuivre sur cette voie : l’ancien bourgmestre de Frasnes-lez-Anvaing prend la vice-présidence des Engagés, d’où il compte faire rayonner ses convictions “libérales, sociales et vertes”.
Maxime Prévot l’a confirmé : son nouveau parlementaire sera également la tête de proue des “Nouveaux démocrates”, un courant de pensée officiellement reconnu au sein du parti. Cette tendance cruckienne aura naturellement vocation à accueillir d’éventuels nouveaux venus en provenance du MR.
Pas de débauchage, mais….
À ce sujet, Jean-Luc Crucke a affirmé en conférence de presse qu’il refusait de lancer une grande opération de débauchage des libéraux. Le parti qui vient de l’accueillir n’étant pas au pouvoir et étant sur une pente électorale descendante, il n’aurait de toute façon pas grand-chose à offrir à ceux qui voudraient le suivre.
Le transfert vers Les Engagés semble être un plan B pour l’ancien ministre wallon. Après avoir démissionné de ses fonctions au sein du gouvernement Di Rupo, Jean-Luc Crucke avait travaillé à la création d’un grand mouvement centriste qui aurait été composé de Défi, des Engagés et de libéraux qui, comme lui, se montrent irrités par le style Bouchez. Mais, en janvier, François De Smet, le président des amarantes, avait tranché la question : Défi ne montera pas à bord… Le projet avait fait long feu mais Jean-Luc Crucke pouvait difficilement rester au MR après avoir mené de telles tentatives politiques.
Sera-t-il le seul libéral à rejoindre les Engagés ? Pour l’instant, rien ne bouge au MR. Ces derniers mois, il avait tenté de convaincre plusieurs personnalités libérales de l’accompagner dans le mouvement centriste dont il rêvait. Même Didier Reynders avait été approché. Mais, face à Olivier Maingain qui jouait les entremetteurs, le commissaire européen et ancien vice-Premier ministre et président du MR était resté très vague.
La perte d’une machine à voix
Il n’empêche qu’au Mouvement réformateur, le départ de Jean-Luc Crucke laisse un goût doux-amer. D’un côté, le Hennuyer était une épine dans le pied du président Bouchez, un élément contestataire qui ne se privait pas de l’attaquer dans les médias du nord et du sud du pays. Le patron des réformateurs ne pouvait pas l’exclure du MR sans risquer d’en faire une victime et de passer pour un autoritaire ne supportant pas la critique. Avec son départ vers Les Engagés, le problème s’est réglé de lui-même.
La perte d’une machine à voix dans le Hainaut est plus douloureuse. Aux élections de 2019, Jean-Luc Crucke avait obtenu 18 400 voix de préférence dans l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron. Le deuxième score, juste derrière Rudy Demotte. Les électeurs qui avaient choisi Jean-Luc Crucke le soutiendront-ils toujours après son transfert aux Engagés ? Il est évidemment trop tôt pour le dire mais il est raisonnable de penser qu’il y aura un “effet Crucke” aux élections de 2024.