Marie-Christine Marghem sur le nucléaire : "Je ne suis pas sûre qu'Alexander de Croo soit toujours volontaire"
Marie-Christine Marghem, députée et Présidente de la Commission Finances, était l’invitée de Martin Buxant ce 28 mars 2023 sur LN24. Les deux sujets abordés sont le budget fédéral et l 'énergie.
Publié le 28-03-2023 à 11h12 - Mis à jour le 28-03-2023 à 12h06
Au niveau fédéral, le sujet qui prédomine ces derniers jours concerne le budget. Si rien n’est fait, le déficit belge risque de s’élever à 41 milliards d’euros en 2028. Cette situation inquiétante résulte des différentes crises qui se sont succédé (covid-19, guerre en Ukraine, crise énergétique) et qui ont mené à une forte inflation. "Suite à cela, la dette publique s’est emballée, mais cela vient aussi du fait qu’on ait aidé des tas de couches de la société pour faire face à cette crise”, estime la libérale. Cette situation implique donc de faire appel à des spécialistes afin de gérer au mieux cette dette publique. La Présidente de la Commission Finances auditionnera ainsi le patron de l’agence de la dette dans la journée.
La dette belge est “boursouflée” et il s’agit "d’un euphémisme" pour Marie-Christine Marghem. Elle ajoute qu'il est urgent de faire des efforts pour retrouver un déficit inférieur à 3 % du PIB pour revenir à une dette de 60 % d'ici 2028. “La dette se nourrit d’elle-même” et si on continue dans cette direction, elle craint que les générations futures en paient le prix. "Il est donc nécessaire de revenir à des normes plus saines et viables, qui sont d’ailleurs imposées par la Commission européenne, au risque que cela ait une influence sur les impôts."
Budget: "Le gâteau n’est pas illimité”
Concernant le déficit public, l’accord du gouvernement prévoyait 1/3 d’augmentation des recettes, 1/3 de diminution des dépenses et un autre de nouvelles mesures. "Aujourd’hui, on prévoit finalement 50 % d’augmentation des recettes, qui n’impacteraient pas le portefeuille des Belges. Et 50 % de diminutions de dépenses, sauf que cette proposition coince auprès du PS et d’Ecolo. Cette diminution serait possible grâce au volet enveloppe bien-être de l’accord interprofessionnel qui prévoyait quatre fois un milliard sur quatre ans", assure la députée. "Étant donné l’indexation des allocations, le dernier milliard ne serait pas donné. Cela permettrait donc de générer un milliard d’euros d’économie et 800 millions de nouvelles recettes."
Ce matin, La Libre rapportait les propos du Vice-Premier ministre flamand, Franck Vandenbroucke, qui propose de faire des économies dans les soins de santé. La députée réagit en ajoutant que les négociations sont difficiles, car “le gâteau n’est pas illimité”. “Mais tout le monde, même le ministre de la Santé, est conscient qu’il faut faire des efforts”, poursuit-elle.
L’autre sujet de discussion au niveau fédéral est l’énergie. Aujourd’hui, les différents partis mettront leurs propositions de loi sur la table afin d’avancer sur le dossier du nucléaire. Mais Marie-Christine Marghem regrette "une certaine lenteur de la part de la ministre de l’Énergie dans l’élaboration d’un commissariat pour lancer les réacteurs de nouvelle génération dans notre pays." En effet, un accord a été trouvé en 2021, mais la mise en place traîne.
Les deux grandes propositions de ce dossier sont la prolongation de nos réacteurs et l’implémentation dans le futur des nouvelles technologies du nucléaire et des nouveaux réacteurs. La libérale met en avant le fait qu’une grande partie de la population belge est favorable au nucléaire et que celui-ci permettrait de lutter contre le dérèglement climatique grâce à sa faible production de carbone.
Sur le rôle d’Alexander de Croo dans ce dossier, Marie-Christine Marghem le trouve courageux, mais “volontaire, pas sûre qu’il le soit à tout moment”. Cependant, elle rappelle la difficulté de gouverner sur ce point “avec des gens qui ont une haine profonde pour le nucléaire”.