Petra De Sutter répond en commission: "Je ne pense pas qu'il soit normal que Magnette tienne des réunions dans les bureaux de Bpost"

Dans la tourmente, la ministre des Entreprises publiques a répondu aux questions des parlementaires ce mardi.

La ministre des Entreprises publiques, des Télécommunications et de la Poste Petra De Sutter est sous le feu des critiques depuis une semaine. En cause: son cabinet emploierait deux personnes détachées par bpost et payées par l’entreprise alors qu’elles ont négocié le contrat de gestion. De quoi alimenter les soupçons de conflits d’intérêts. Ce sont les journaux De Tijd et L'Echo qui ont révélé l'information, après avoir obtenu des morceaux de conversation WhatsApp entre le chef de cabinet de Petra De Sutter et l'ancien CEO de bpost, Dirk Tirez.

La ministre a pour sa part soutenu qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts et qu'elle répondrait à toutes les questions ce mardi devant la commission à la Chambre.

Ce matin, elle s'est d'abord exprimée face aux journalistes avant les débats. "Je me tiens droite et je me défendrai contre les insinuations", a-t-elle commencé, selon des propos rapportés par HLN. "C'est très malheureux d'en arriver là car il y en a qui veulent se venger", a ajouté la ministre.

Elle a également adressé des reproches au PS et dénoncé la relations étroites entre Bpost et le parti socialiste francophone. "Je ne pense pas qu'il soit normal que Magnette tienne des réunions dans les bureaux de bpost", a-t-elle ainsi répondu aux journalistes qui l'interrogeaient sur l'information du Tijd selon laquelle le président du PS et le vice-Premier ministre Pierre-Yves Dermagne s'étaient rassemblés le 31 août dernier dans la salle du conseil d'administration de Bpost.

Les critiques de l'opposition

Du côté de l'opposition, on est monté au créneau. Le député PVDA (branche flamande du PTB) Vindevoghel a reproché à la ministre d'avoir mis autant de temps à prendre des mesures. "Vous indiquez que vous vous êtes attaquée au problème [Petra De Sutter a annoncé que les deux collaborateurs allaient retourner chez Bpost, NDLR], mais cela est arrivé seulement après trois ans...", a-t-il déclaré.

"Vous n'êtes pas un sauveur en armure brillante, vous marchez derrière le cheval et devez nettoyer toute la merde", a pour sa part critiqué Michael Freilich (N-VA), qui demande un audit externe afin d'enquêter sur tous les contacts passés entre la ministre, son cabinet et Bpost. Catherine Fonck (Les Engagés) souhaite elle avoir à disposition tous les PV des réunions interministérielles concernant Bpost.

Du côté de la majorité, on a également réagi, en tempérant quelque peu. Joris Vandenbroucke (Vooruit) a ainsi demandé plus de clarté mais rappelle qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème du gouvernement actuel: "Le contribuable a payé des dizaines de millions d'euros en trop pendant des années".

"Il ne faut pas se jeter la pierre, mais faire en sorte qu'on puisse avancer", a de son côté déclaré Jean-Marc Delizée (PS).

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La ministre se défend

Face aux accusations, Petra De Sutter a pris à son tour la parole, voulant apporter de la clarté. La ministre a dit regretter que Bpost n'ait pas rendu public l'audit interne à l'origine du début de l'affaire. "J’estime que cet audit devrait être rendu public", a-t-elle déclaré.

Quant aux travailleurs détachés dans son cabinet, la ministre explique: "Tous les conseillers, qu’ils soient détachés ou non, ont agi avec intégrité et bonne foi. Le détachement est une pratique qui assiste les cabinets et apporte de l’expertise. Dans mon cabinet on a introduit une charte d’intégrité interne". Elle reconnaît toutefois que c'est peut-être une "mauvaise pratique" du passé, que c'est une erreur de sa part de l'avoir poursuivie et qu'elle souhaite à présent y mettre fin (elle compte d'ailleurs mettre un terme au détachement d'employés de toutes les entreprises publiques cotées en bourse).

En attendant, explique-t-elle, "les deux employés n'ont pas été licenciés, mais sont revenus à Bpost d'un commun accord. Ils n'étaient plus crédibles dans leur travail. Ils prennent maintenant une période de repos et retourneront travailler dans la société postale après l'été".

Petra De Sutter, qui juge "hallucinante" les fuites dans la presse, a encore assuré qu'elle n'avait jamais été sous influence de Bpost. Elle en veut pour preuve quelques décisions qu'elle a prises et qui n'étaient pas dans l'intérêt de l'entreprise.

Quelles mesures?

Face à cette polémique, la question qui se pose est celle des mesures à prendre pour ne plus en arriver là. Petra De Sutter a déjà annoncé quelques pistes. Elle veut tout d'abord modifier l'arrêté royal qui règlemente le détachement des employés de cabinet. "Cela doit être plus strict", confie-t-elle, selon des propos toujours rapportés par HLN.

La ministre veut aussi que les actions de Bpost ne soient plus entre ses mains mais dans celle de la Société fédérale de participations et d'investissement (SFPI). "Cela devrait me débarrasser de la double casquette que je porte aujourd'hui", déclare-t-elle.

Enfin, Petra De Sutter entend renforcer le régulateur fédéral du marché IBPT. "Aujourd'hui, l'organisme de surveillance n'a pas suffisamment de pouvoirs pour contrôler bpost", assure-t-elle.

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