Bruxelles appelle le fédéral à l’aide pour financer son métro, Alexia Bertrand douche la demande: “C'est clairement de leur responsabilité"
Le gouvernement bruxellois tente de trouver une solution de secours pour financer les 3,5 milliards d’euros que pourrait coûter le métro 3 et demande un financement complémentaire du Fédéral. “
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Publié le 25-05-2023 à 20h46 - Mis à jour le 26-05-2023 à 10h05
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Ceux qui espéraient une prise de position claire du gouvernement bruxellois pour assurer l’avenir du Métro 3 Nord-Bordet en seront pour leurs frais…
L’exécutif du ministre-président Rudi Vervoort (PS) s’est réuni ce jeudi pour aborder la question de l’avenir de cette nouvelle ligne de métro, qui comprend la construction de 7 nouvelles stations entre la gare du Nord et la commune d’Evere. Au terme de cette réunion, le gouvernement s’est abstenu de prendre clairement position sur l’avenir du projet
”Après une première analyse par Beliris, il apparaît que le montant des offres dépasse très largement les estimations actualisées. Le gouvernement entend prendre ses responsabilités tant pour le développement d’offre de transport public que de soutenabilité budgétaire”, a fait savoir l’exécutif bruxellois.
Un courrier envoyé par Beliris au gouvernement bruxellois ce lundi a en effet informé les ministres d’une explosion du coût total du Métro 3 qui pourrait bien dépasser les 3,5 milliards d’euros, dont 2,4 milliards pour le seul tronçon Nord-Bordet.
Ce jeudi, le gouvernement a donc temporisé. Le projet n’est officiellement pas abandonné. Il constitue toujours un élément structurant de sa politique de mobilité et de développement territorial.
Mais comment le financer ? Personne ne dispose de la réponse. Seule certitude : l’ensemble du gouvernement s’accorde pour dire que le projet ne se fera pas à n’importe quel prix.
L’équipe Vervoort va demander au Fédéral d’examiner une demande de participation plus importante à ce projet de métro Nord. Elle dit constater que, dans la plupart des pays, les villes capitales sont soutenues très substantiellement par l’État et/ou les entités territoriales les entourant pour la construction d’infrastructures de métros qui servent le développement économique global des territoires.
Bruxelles renvoie donc la balle au gouvernement fédéral.
”Encore le mois dernier, le gouvernement bruxellois a approuvé 279 millions d’euros de nouveaux investissements pour Beliris. Au lieu de l’utiliser pour refinancer le métro. Le gouvernement fédéral en faillite appréciera certainement la demande de financement supplémentaire de la part de ce gouvernement bruxellois qui fait preuve d’un amateurisme sans nom”, a réagi Cieltje Van Achter, cheffe de groupe N-VA au Parlement bruxellois.
Karine Lalieux (PS), ministre en charge de Beliris est bruxelloise. Le gouvernement bruxellois espère aussi compter sur le soutien d’Alexia Bertrand, secrétaire d’État au Budget, bruxelloise elle aussi, et qui a toujours été favorable au métro bruxellois, de même que son nouveau parti, l'Open VLD. Les membres de l'exécutif bruxellois risquent d’être déçus. Car la libérale, bien qu'en faveur du projet, estime que la solution doit d'abord venir de la Région et de Beliris.
Alexia Bertrand : “Ce projet est clairement de la responsabilité de Bruxelles”
“Ce projet est clairement de la responsabilité de Bruxelles, la STIB et Beliris (l’organe fédéral qui finance des projets d’envergure à Bruxelles). N’oublions pas que la Région bruxelloise a déjà reçu ces 10 dernières années 500 millions d’euros de financement et de préfinancement pour ce projet du niveau fédéral”, réagit pour La Libre Alexia Bertrand, qui accueille tièdement la demande. “C’est maintenant au gouvernement bruxellois de s’asseoir avec Beliris pour voir comment ils peuvent continuer ce projet important pour la capitale.”
Politiquement et budgétairement, cela s’annonce très compliqué…
Faire baisser le prix…
Bruxelles espère aussi faire baisser les offres reçues. L’exécutif a ainsi précisé qu’il souhaitait entamer un dialogue avec le gouvernement fédéral et Beliris auquel il demande de lui “fournir une analyse approfondie des offres permettant d’identifier de manière objective les raisons du décalage entre les estimations actualisées et les offres commerciales”.
Défi et l’Open VLD restent fortement attachés au projet, ce qui n’est pas le cas d’Écolo. Les socialistes restent favorables au projet sur le fond, vu comme un véritable outil de développement urbain. Ils ne souhaitent toutefois pas faire ce métro nord quoi qu’il en coûte et surtout pas au détriment de tout le reste, dont la construction des logements sociaux.
"Il est important que de toutes manières, il y ait un renforcement rapide de l'offre de transport en commun en surface à Schaerbeek et Evere, via le bus et le tram. On ne peut pas dire aux gens qu'ils devront attendre 15 ans"
Le gouvernement temporise, donc, sans se fixer d’échéance. Le projet ne se fera a priori que s’il est moins cher et que le Fédéral met davantage la main au portefeuille. Le projet est mal embarqué et risque, au minimum, de prendre un solide retard. “Il est important que de toute manière, il y ait un renforcement rapide de l’offre de transport en commun en surface à Schaerbeek et Evere, via le bus et le tram, conclut Alain Maron, ministre bruxellois de l’Environnement. Car on ne peut pas dire aux gens qu’ils devront attendre 15 ans.”