La politique locale, un refuge pour les parlementaires en mal d’action
Le député fédéral Kristof Calvo (Groen) a annoncé ne pas se représenter au Parlement lors des élections de 2024. Il préfère se consacrer à son mandat de conseiller communal à Malines, qu’il considère comme plus constructif.
Publié le 25-05-2023 à 20h57
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”Je veux être un acteur, pas un commentateur. Ne pas devenir cynique, mais rester volontariste. Je veux construire plutôt que démolir.” Les termes utilisés par le député fédéral Kristof Calvo sont éloquents. C’est à travers cette déclaration que l’élu Groen a annoncé, ce jeudi, son choix de ne pas se représenter aux élections législatives de 2024. Sa décision est le fruit d’une “mûre réflexion”, dit-il, et nourrie, on le devine, d’une frustration accumulée au cours de sa dernière mandature. Après trois législatures passées dans les travées de la Chambre, Kristof Calvo choisit de renoncer à son mandat fédéral afin de se consacrer à l’exercice du pouvoir local, à Malines, où le député siège depuis 2013 au conseil communal. Ce n’est pourtant pas l’envergure qui aura fait défaut à l’écologiste depuis son entrée à la Chambre en 2010. Face au gouvernement Michel notamment, le député se révèle en brillant orateur et devient une figure centrale de l’opposition. Mais Groen ne transforme pas l’essai en 2020 et lui préfère Petra De Sutter au poste de vice-Première ministre, provoquant le retrait de Calvo en tant que chef de groupe au Parlement.
Peu de place à l’action
Un épisode qui n’explique pas tout de la décision du député mais qui illustre certainement la désillusion que partagent certains parlementaires, au fédéral ou dans les Régions. “Avec la particratie qui se renforce à pas rapide et les cabinets qui ont un pouvoir démesuré, on ne peut pas faire grand-chose depuis le Parlement”, confirme Juan Benjumea Moreno, député Groen au Parlement bruxellois. Selon lui, “le Parlement est devenu une boîte vide où on parle”, et déplore, “nous n’avons pas le pouvoir de résoudre les problèmes, on ne fait que le faire remonter au cabinet ministériel ou au président de parti. Cela laisse trop peu de place à l’action comme député.” Un constat qui l’a décidé à ne pas reconduire de mandat politique en 2024.
Les exemples du genre sont nombreux, et bien souvent, entre le local et les plus hauts niveaux de pouvoir, les mandataires se montrent peu hésitants. Le mois dernier dans nos colonnes, le bourgmestre d’Etterbeek Vincent De Wolf (MR) assurait : ” Si je suis à nouveau élu au Parlement bruxellois en 2024, par respect pour les électeurs, je siégerai, mais si je peux devenir à nouveau bourgmestre, je ferai ce choix local.” À Charleroi, Maxime Hardy (PS) vient, lui, de troquer son poste au Parlement wallon pour celui d’échevin des Finances. Bien sûr les raisons invoquées varient toujours d’un cas à l’autre, mais celle d’un engagement plus concret et direct à l’échelon local semble récurrente.
Un système particratique
Des témoignages qui ne sont pas neufs et auxquels Benjamin Biard, politologue et chargé de recherches au Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), a déjà été confronté. Pour lui ce ressenti s’explique d’abord par l’organisation du système politique en Belgique : “Si l’exercice d’un mandat parlementaire déçoit les députés, c’est en partie dû à l’aspect particratique de la politique belge. Les partis sont le centre de gravité de la vie politique.” Une réalité qui se traduit par “une discipline lors des votes de textes de loi par les parlementaires, quand bien même ces derniers seraient en désaccord avec leur contenu”, analyse-t-il. Le docteur en sciences politiques analyse également le départ du député Kristof Calvo comme une décision logique : “Il appartient à un parti qui se dit favorable au décumul des mandats et au renouvellement des élus politiques. Un choix qui entraîne donc naturellement plus de mouvements entre les différents niveaux de pouvoir.”