Accord au sein de l’extrême droite : le Vlaams Belang ne présentera pas de listes en Wallonie afin de ne pas faire d’ombre à Chez Nous
Chez nous, petit parti créé en 2021 au sud du pays, reçoit un nouveau coup de pouce de son parrain en politique, le Vlaams Belang.
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- Publié le 30-05-2023 à 17h53
- Mis à jour le 30-05-2023 à 18h09
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Chez nous, formation d’extrême droite créée il y a deux ans, ne subira pas la concurrence électorale du Vlaams Belang (VB). Lors des dernières élections, en 2019, le VB avait aligné des listes dans toutes les circonscriptions wallonnes pour la Chambre. Les troupes de Tom Van Grieken, le président du Belang, ne se livreront pas au même exercice en 2024.
Un accord de principe a été validé avec les représentants de Chez nous : pas de listes VB en Wallonie et, en échange, Chez nous ne présentera pas de candidats dans la circonscription bruxelloise. Cette information est confirmée à La Libre par le président du petit parti, Jérôme Munier.
En 2019, le Vlaams Belang avait tout de même récolté 18 000 voix. Ce résultat ne constituait pas un raz-de-marée. Mais il était malgré tout significatif dans la mesure où le VB est un parti flamingant qui n’a pas vocation à faire campagne du côté wallon.
Pour Chez nous, composé notamment d’anciens du Parti populaire de Mischaël Modrikamen et d’anciens des Listes Destexhe, ce geste du Belang est aussi symbolique : l’extrême droite flamande maintient sa confiance à la formation francophone dont elle avait parrainé la création le 27 octobre 2021. Le président du Rassemblement national français (RN), Jordan Bardella, était également présent lors du lancement de la nouvelle formation politique.
De nombreux parrainages
En tant que spécialiste de l’extrême droite, le politologue Benjamin Biard (Crisp) avait eu vent du deal électoral entre le VB et Chez nous. Comment l’analyse-t-il ? "Chez nous bénéficie du parrainage du Rassemblement national et du Vlaams Belang, mais aussi du PVV (Partij voor de Vrijheid) de Geert Wilders aux Pays-Bas. Les Démocrates de Suède (un parti nationaliste et populiste, NdlR) soutiennent également Chez nous. Cette proximité est liée notamment au réseau créé par Jérôme Munier lorsqu’il était directeur du Parti populaire de Mischael Modrikamen. Il existe aussi un lien idéologique, très clairement. Chez nous s’inscrit dans le sillage de ces formations dans son rapport à l’immigration, à l’islam, à la sécurité…”
Si l’absence de listes du VB en Wallonie en 2024 aidera Chez nous à percer, on peut se demander ce que gagne l’extrême droite flamande dans cet accord. Pourquoi ce “cadeau” ? “Pour le Belang, il sera plus facile de composer politiquement avec des gens qui partagent sa ligne qu’avec des gens dont il combat l’idéologie, décode Benjamin Biard. À Bruxelles, le VB a la volonté de percer davantage mais je ne suis pas sûr que cet accord avec Chez nous, qui ne présentera pas de liste dans la capitale, soit crucial pour lui.”
Clairement d’extrême droite
Au fait, peut-on vraiment considérer que Chez nous est d’extrême droite ? Pour le politologue du Crisp, c’est bien le cas. “Chez nous tombe clairement dans la catégorie de l’extrême droite. Constamment, ce parti communique sur les questions migratoires. Il développe une vision du monde extrêmement inégalitaire, ce qui est l’une des premières caractéristiques de l’extrême droite. La question sécuritaire est également au cœur de son projet, avec un amalgame souvent opéré entre immigration et insécurité. C’est un grand classique du discours d’extrême droite. Jean-Marie Le Pen, déjà à l’époque, parlait, des “trois i” : immigration, islam, insécurité. Chez nous entretient un rapport populiste à l’establishment politique et se présente comme antisystème pour mettre en cause les élites. Comme le fait le PTB.”

Chez nous entretient un rapport populiste à l’establishment politique et se présente comme antisystème pour mettre en cause les élites. Comme le fait le PTB."
Pour autant, Chez nous n’est pas l’héritier direct des différentes déclinaisons du Front national belge. “On retrouve surtout des anciens du Parti populaire de Modrikamen. Le parti est composé de personnes plus jeunes qui n’ont pas nécessairement de liens avec l’ancien Front national. Il n’y a pas vraiment de continuité. Sur le site web de Chez nous, on trouve toutefois les différents logos du Front national. Chez nous ne veut pas spécialement y être assimilé mais veut éviter qu’un parti récupère la marque Front national.”

Un assouplissement du “cordon sanitaire” médiatique ?
Quel est le potentiel électoral de Chez nous ? L’extrême droite a du mal à percer en Wallonie. Benjamin Biard est toutefois affirmatif : “Le terreau électoral est prêt. Il y a une demande pour un parti comme Chez nous, en lien avec la critique du fonctionnement de la démocratie actuelle. Chez nous se positionne à ce sujet comme le fait aussi le PTB. Chez nous semble, en outre, un prétendant plus crédible que les autres partis d’extrême droite au sud du pays. Le cordon sanitaire médiatique est un facteur limitant mais il pourrait évoluer à l’’avenir. Je pense notamment au fait que la RTBF a donné la parole à Jérôme Munier, dans le cadre d’un reportage lors du JT de 19 h 30 de lundi, au sujet de sa participation au meeting du Vlaams Belang à Bruxelles.”
Le terreau électoral est prêt. Il y a une demande pour un parti comme Chez nous, en lien avec la critique du fonctionnement de la démocratie actuelle."