Cela fait vingt ans qu’on en parle, et vingt ans que cela échoue: la Wallonie ne supprimera pas les listes de suppléants pour les élections 2024
PS, MR et Écolo ne sont pas parvenus à s'entendre.
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- Publié le 30-05-2023 à 19h10
- Mis à jour le 30-05-2023 à 20h41
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Lors du scrutin régional du 9 juin 2024 – qui aura lieu en même temps que les législatives et les européennes – en Wallonie, les électeurs seront toujours confrontés, sur leur bulletin de vote, à des listes de candidats composées de candidats effectifs et de candidats suppléants. Pourtant, la majorité wallonne PS-MR-Écolo s’était engagée à mettre fin au système des listes de suppléants. La déclaration de politique régionale signée entre les trois partis à l’entame de la législature 2019-2024 est même très affirmative. Elle l’affirme : “Pour les élections régionales, la liste des suppléants sera supprimée”.
Ce projet d’abandon de la liste des suppléants sur les listes régionales en Wallonie, comme c’est le cas pour les élections communales depuis plusieurs scrutins, est un vieux projet. Lors du premier mandat de Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) comme ministre-Président wallon, au début des années 2000, cette volonté était déjà d’actualité. En plus de vingt ans, pourtant, les gouvernements wallons successifs n’ont pu aller au bout de cette idée. L’actuel gouvernement pas plus que les précédents.
Pousser un candidat
Qu’est-ce que ça change direz-vous ? Lorsqu’on supprime les suppléants d’une liste électorale, tout candidat non élu de la liste se voit classer en ordre utile. Et si un député élu quitte ses fonctions pour une raison ou pour une autre, il est remplacé par un de ces candidats non élus selon le classement établi par les scores électoraux. Actuellement, les candidats renseignés comme suppléants sur la liste électorale soumise à l’électeur bénéficient d’un avantage parce qu’ils sont déjà placés en ordre de préférence. Un ordre de préférence qui leur permet de bénéficier d’un système dévolutif de voix similaire à celui des candidats effectifs. Bien souvent, donc, les premiers classés dans la liste des suppléants sont quasiment certains de se trouver en ordre utile pour remplacer un député qui quitte son siège – parce qu’il devient ministre, parce qu’il démissionne ou parce qu’il décède.
”C’est une manière de tester des jeunes et de les faire monter au Parlement pour remplacer un député élu devenu ministre par exemple”, explique une source gouvernementale. En effet, le mécanisme actuel des suppléances permet au parti d’orienter les choses, avec la suppression des suppléants des listes électorales, l’électeur aura plus de poids dans la décision.
Une perte de pouvoir
Et où est-ce que ça bloque ? On peut, en effet, se demander pourquoi trois partis qui ont pris cette décision ne sont pas parvenus à s’entendre ? Il faut savoir que cette idée est surtout portée par les écologistes. Dans l’euphorie de la signature d’un accord de majorité, lorsqu’on sait que la législature est loin d’être finie, on accepte des choses qu’on refusera peut-être de valider plus tard. Il nous revient que c’est surtout le MR qui était contre la suppression des suppléants, même si du côté des libéraux, on affirme pourtant de manière très claire être en faveur cette suppression. Le PS dit tenir un rôle d’arbitre dans le débat. Il semble néanmoins évident que les socialistes ne voulaient pas de cette réforme, laissant les écologistes, un peu seuls pour défendre l’idée. Les bleus et les rouges n’en voulaient pas, parce qu’en supprimant les listes de suppléants sur les listes électorales, on enlève une part de pouvoir aux présidents de partis et à ceux qui sont en charge des listes. Confier la suppléance à un élu moins connu ou même connu, c’est lui donner l’assurance d’une place de parlementaire gagnée plus facilement. Une manière d’en faire un obligé ? Chacun jugera.
Soyons de bon compte, cette réforme n’était pas la plus ambitieuse de la législature, mais ce nouvel échec démontre une fois de plus la difficulté pour une partie du monde politique – celle qui dispose, en général du plus grand nombre d’élus – de changer les règles. Surtout lorsque celles-ci peuvent conduire à une diminution du pouvoir de certains. Et toutes les excuses du monde ne changeront rien à ce constat.