Première édition de la “journée climat” au parlement bruxellois
Les députés et ministres bruxellois se sont lancés pour la première fois vendredi, lors d’une séance de commission plénière, dans l’examen annuel du rapport d’évaluation des mesures spécifiques à la Région-capitale en matière de lutte contre le changement climatique.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/41739f06-83d8-421e-8979-d3b8ca33b97d.png)
- Publié le 02-06-2023 à 19h29
:focal(2499x1674.5:2509x1664.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/D6BXLJTMYBCTFKXCRPOWXNIMX4.jpg)
En mars 2021, le gouvernement bruxellois a donné son feu vert à la mise en place d’un comité d’experts scientifiques indépendants qui doit produire annuellement un rapport pluridisciplinaire en la matière.
Dans leur premier rapport, les experts n’ont pas encore pu procéder, faute de délai suffisamment long depuis leur installation, à un examen complet de l’arsenal de mesures prises à Bruxelles.
Cela ne les a toutefois pas empêchés de livrer un regard extérieur parfois cinglant, par exemple sur la vitesse de rénovation énergétique du bâti qui devrait “être multipliée par trois ou par quatre”, ou sur une “ambition insuffisante” concernant la perméabilisation des sols.
Ce premier exercice du genre livre déjà des recommandations qui n’ont pas manqué d’alimenter le débat vendredi. Ce fut le cas par exemple, sous le registre d’un appel à la simplification administrative, d’une recommandation à l’isolation de façades par l’extérieur, et par blocs, afin d’accélérer le mouvement. Cela a suscité une crainte de perte d’identité bruxelloise dans le chef de Marie Nagy (DéFI).
Idem, pour la question de la densification urbaine à réserver davantage, selon les experts, aux zones déjà bâties, afin de permettre un (ré) ensauvagement de zones en friche “en n’affectant qu’une partie minimale de la surface à des programmes de construction”. L’interprétation d’une telle approche divise socialistes et écologistes lorsque l’on entre dans le vif du sujet du devenir des friches urbaines, ce que n’a pas nié Martin Casier (PS).
Les experts estiment par ailleurs que la programmation de sortie du gaz est trop lente et qu’il importe de développer la production d’énergie et d’électricité vertes qui à en obtenir en dehors de la Région.
Autre sujet délicat mis sur la table : conclure une charte avec la Commission Royale des Monuments et des Sites pour instaurer une plus grande flexibilité dan l’amélioration de la performance énergétique des édifices classés, en particulier en matière de vitrage.
Le rapport aborde aussi les questions de la biodiversité et de la justice sociale et environnementale.
Parmi leurs 32 recommandations, les experts recommandent ainsi de créer un observatoire des inégalités socio-environnementales car, à leurs yeux, la densité de population problématique dans certains quartiers est souvent la conséquence d’une concentration de la précarité, et non celle d’une densité de constructions excessive.
Ils suggèrent aussi de mettre en place un test de “justice environnementale” pour évaluer chaque mesure de politique publique en Région bruxelloise, et d’encourager les plans de financement publics pour la rénovation énergétique, qui s’adressent en premier aux logements sociaux et aux ménages précarisés.
L’opposition a paru rester largement sur sa faim.
”Un gouvernement devrait développer une véritable stratégie à long terme, mais le gouvernement bruxellois n’a pas de stratégie digne de ce nom”, a déclaré Aurélie Czekalski (MR).
Cieltje Van Achter (N-VA) s’est également montrée critique à l’égard de la politique du gouvernement bruxellois : “J’ai soulevé à plusieurs reprises l’absence de fondement concret et chiffré de la politique climatique. Par conséquent, il est extrêmement difficile de savoir dans quelle mesure l’objectif de réduction de 47 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 est réalisable et quelles mesures climatiques ont déjà été lancées, mises en œuvre ou doivent encore l’être”, a souligné la cheffe du groupe nationaliste.
Bruno Bauwens (PTB) s’est quant à lui davantage focalisé sur le pris en compte, selon lui lacunaire, de l’enjeu social des mesures prises et à prendre par le gouvernement Vervoort.
Du côté du gouvernement, on s’est en tout cas félicité de cette première édition annuelle de “journée climat” au parlement.
”Il est essentiel que nos mesures en matière de lutte contre le réchauffement climatique fassent l’objet d’un débat démocratique, public et permanent, alimenté sur des bases scientifiques indépendantes et multidisciplinaires. La lutte contre le dérèglement climatique et ses effets est collective et impliquera des changements sociétaux de grande ampleur”, a déclaré le ministre de la Transition climatique, Alain Maron (Ecolo).
Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) s’est quant à lui réjoui de ce que “le Comité d’experts ait pris toute la mesure de l’importance d’assurer une transition climatique, énergétique, qui soit socialement juste. Les constats, de même que les recommandations qui en découlent à ce titre, doivent devenir le moteur tant des politiques déjà en cours que de celles à venir pour assurer une Région bruxelloise résiliente et performante, au bénéfice de toutes et tous”, a-t-il commenté.