Les réunions secrètes bruxelloises sur la réforme de l’État se poursuivent avec les partis flamands, mais sans la N-VA
Les rencontres secrètes, cornaquées par Ahmed Laaouej (PS), se poursuivent avec toujours le même objectif : bétonner le statut de Région de Bruxelles, face aux revendications nationalistes flamandes.
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- Publié le 08-06-2023 à 06h38
- Mis à jour le 08-06-2023 à 07h17
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Le ministre bruxellois du Budget, Sven Gatz, et la secrétaire d’État fédérale, Alexia Bertrand, ont exposé cette semaine dans la presse les propositions approuvées par le congrès de l’Open VLD pour réformer Bruxelles : réduire la taille du parlement bruxellois, simplifier les structures communautaires, encourager la fusion des communes… La plupart des partis flamands ont hurlé, de même que Défi, tandis que les autres partis francophones se sont abstenus de commenter. “Il doit y avoir une véritable réforme de l’État”, a embrayé le secrétaire d’État à l’Urbanisme Pascal Smet (Vooruit), réclamant une réforme en profondeur de Bruxelles.
Le statut de la capitale sera l’un des enjeux majeurs des élections de 2024.
Au-delà de l’écume des débats perceptibles dans les médias, les responsables politiques francophones se préparent en coulisses et dans la discrétion à une nouvelle négociation institutionnelle.
Ahmed Laaouej (PS), Céline Fremault (Les Engagés), David Leisterh (MR), Rajae Maouane (Ecolo) et François De Smet (Défi), s’étaient rencontrés à deux reprises ces derniers mois lors de réunions secrètes destinées à mettre en place une stratégie commune francophone face aux volontés flamandes de réforme de l’État en 2024.
La révélation par la Libre de ces réunions stratégiques a jeté un froid sur l’opération en cours. Les partis flamands, qui n’étaient pas conviés à ces réunions, ont mal réagi en apprenant leur existence. Sans les néerlandophones, il “n’y aura pas de réforme” à Bruxelles, avait averti Pascal Smet, demandant à ce que “les partis néerlandophones (soient) intégrés à ces discussions”.
Une dernière rencontre s’est tout de même déroulée en mars, entre présidents francophones, dans une atmosphère délétère. Écolo, notamment, a pointé la forte crise de confiance au sein de l’assemblée, en raison des fuites.
Ahmed Laaouej, président de la Fédération bruxelloise du PS, qui chapeaute ces rencontres, a donc décidé de changer son fusil d’épaule. Et de modifier le modus operandi. La concertation se poursuit, même si c’est en mode légèrement mineur. Les partis flamands ont été intégrés, de manière informelle, à la réflexion. Et les rencontres ne se passeront désormais plus de manière collégiale, en présence de tous les présidents bruxellois, mais de manière bilatérale. De telle sorte que personne ne sait très bien qui voit qui, ni quand. À part Ahmed Laaouej qui sera ensuite chargé d’établir une synthèse.
Des réunions bilatérales ont toutefois déjà bel et bien avec plusieurs participants. D’autres sont prévues, notamment avec Sven Gatz (Open VLD), et certains attendent encore d'être contactés.
Au MR, on voit aussi dans l’opération une manière de conserver un canal de discussion ouvert avec le PS, en vue de monter dans le prochain gouvernement bruxellois.
La N-VA, par contre, n’est pas conviée à ces rencontres. Et pour cause, selon le PS bruxellois, il est impensable d’inclure à ces discussions de fond un parti jugé hostile à la Région bruxelloise.
"Je serai disposée à participer mais je n'ai en effet par reçu d’invitation. Il savent que nous, à la N-VA, avons un plan. Et c’est le moment pour eux de formuler leur propre idée sur le sujet"
”Je serai disposée à participer mais je n’ai en effet par reçu d’invitation. Ils savent que nous, à la N-VA, avons un plan. Et c’est le moment pour eux de formuler leur propre idée sur le sujet”, assure Cieltje Van Achter, cheffe de groupe N-VA au Parlement bruxellois qui ne s’inquiète pas de voir des discussions se passer “dans son dos”. “On n’est pas dans une cour de récréation. Il est nécessaire pour une gestion plus efficace d’approfondir la question d’une réforme institutionnelle de Bruxelles. C’est donc positif que des partis s’en occupent et y réfléchissent.”
Bétonner le statut de région de Bruxelles
Sur le fond, l’alpha et l’Omega de l’aspect institutionnel des rencontres cornaquées par Ahmed Laaouej peuvent se résumer à une idée : bétonner le fait que Bruxelles est et restera une région à part entière. Et résister aux propositions émises en Flandre, notamment par Annelies Verlinden (CD&V) qui proposait une Belgique sous le modèle 2+2”, où Bruxelles serait une sous-entité de la Flandre.
Cela pose également la question de l’avenir de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à laquelle sont attachées Ahmed Laaouej, David Leisterh, ou encore François De Smet.
D’autres sujets brûlants s’invitent également aux discussions : la question de la fusion de communes bruxelloises mais aussi des zones de police, qui se heurte pour l’instant au niet francophone.
Ces rencontres informelles permettent également de discuter d’autres sujets, en vue des élections, comme le développement économique de Bruxelles, la fiscalité, la démographie ou encore la mobilité. Car, et c’est la conviction de beaucoup, cela risque de secouer en 2024.