”J’ai proposé l’expertise de notre industrie pour la maintenance des F-16 qui seront livrés à l’Ukraine”
Sans le soutien occidental, la situation sur le terrain serait fort différente, estime la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS). Le gouvernement a encore approuvé vendredi l’envoi de 6 600 pièces d’artillerie.
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- Publié le 10-06-2023 à 07h13
- Mis à jour le 10-06-2023 à 07h14
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L’invasion de l’Ukraine par la Russie rythme depuis 15 mois les journées de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS). Le week-end dernier, on apprenait que des armes belges de la FN Herstal circulaient en Russie. Et ce vendredi, le gouvernement a approuvé un quatorzième paquet d’aide militaire à l’Ukraine (6 600 pièces d’artillerie de 105 mm), ce qui porte à 306 millions d’euros le soutien militaire de la Belgique depuis le début du conflit, dont 41 millions en carburant.
Des images ont montré des milices anti-Poutine en train d’utiliser des armes de l’entreprise wallonne FN Herstal sur le sol russe. Vous avez demandé des explications aux autorités ukrainiennes pour savoir s’il s’agit des armes fournies par la Belgique. Avez-vous plus d’informations ?
Je n’ai toujours pas de confirmation que ce sont des armes que nous avons livrées dans le cadre de l’aide à l’Ukraine. On a un contact group Ukraine (qui réunit les alliés de l’Ukraine, NdlR) à Bruxelles jeudi prochain. J’ai demandé que ce point soit inscrit à l’ordre du jour de la réunion.
A-t-on pu évaluer les effets qu’ont eus sur le terrain les armes livrées par les Occidentaux à l’Ukraine ? Le déroulement du conflit aurait-il été différent sans cette aide ?
Lors des réunions du contact group, les Ukrainiens font un point de la situation sur le terrain et ils nous démontrent à chaque fois l’importance de l’envoi de matériels occidentaux. Nous avons des listes actualisées de leurs besoins. Pour le moment, ce sont surtout la défense antiaérienne, l’artillerie, le génie et les chars. De réunion en réunion, on voit que leurs besoins sont de mieux en mieux rencontrés, que les Ukrainiens sont de plus en plus prêts à mener une contre-offensive qui n’a que pour objectif de récupérer leur propre territoire. Donc, oui, ce matériel est capital. Sans l’appui en matériel et en formation des Occidentaux, ils ne seraient certainement pas dans l’état dans lequel ils se trouvent aujourd’hui.
Avez-vous la garantie que ces armes ne seront utilisées que sur le territoire ukrainien et pas en Russie ? La question se pose avec le cas des armes de la FN et dans la perspective de la livraison des avions de combat F-16.
Le matériel qu’on envoie est accompagné d’un certificat qui indique que ce matériel est fourni aux Ukrainiens pour la défense de leur territoire et de leur population, qu’il est remis aux forces armées régulières, et que s’ils souhaitent le donner à un tiers, ils doivent demander l’autorisation de la Belgique – on n’a pas encore eu de demande en ce sens. Les Ukrainiens ont mis en place un système de traçabilité des armes. C’est sur cette base que j’aimerais avoir un retour concernant les armes de la FN. En ce qui concerne les avions, les modalités restent à définir, mais il faudra des règles d’engagement précises. C’est essentiel. Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Resnikov, a dit au contact group que l’usage des F-16 se ferait au-dessus du territoire ukrainien, qu’il ne s’agit pas d’attaquer la Russie. Très bien, mais il nous faudra des engagements écrits.
Les Russes se sont approprié la Crimée, c’est un territoire ukrainien.
Et la Crimée, annexée par la Russie en 2014, est-elle considérée comme ukrainienne ?
C’est le territoire ukrainien. On ne va pas dire le contraire.
Si les Ukrainiens veulent reprendre la Crimée, ne risquent-ils pas de franchir une ligne rouge pour les Russes ?
Les Russes se sont approprié la Crimée. Personne n’a jamais reconnu que c’est un territoire russe. Il ne faut pas oublier que l’escalade est dans le chef de Poutine (le président russe). C’est lui qui a décidé d’envahir l’Ukraine. C’est lui qui, demain, peut se retirer et mettre fin à la guerre. Il ne faut pas inverser les rôles.
La Belgique a proposé de former les futurs pilotes ukrainiens de F-16. Les modalités de cette formation se précisent-elles ?
Non, pas encore. On a donné notre accord pour convertir les pilotes au F-16 (c’est-à-dire former des pilotes confirmés à l’usage du F-16, NdlR). Des nations ont fait savoir qu’elles livreraient des appareils. J’ai aussi proposé l’expertise de notre industrie pour la maintenance des F-16. C’est une expertise qui peut s’avérer importante.
Envoi à l’Ukraine de 6 600 pièces d’artillerie de 105 mm
Le Conseil des ministres a décidé vendredi que le ministère de la Défense acquerra pour 32,4 millions d’euros de munitions de 105 mm au profit des forces armées ukrainiennes. Les munitions seront achetées auprès de l’industrie belge et livrées dès que possible, a indiqué la ministre de la Défense dans un communiqué. La Libre a appris à bonne source (non gouvernementale) qu’il s’agit de 6 600 pièces d’artillerie qui seront achetées à la firme belge Mecar, basée dans le Hainaut.