Pas d’accord au kern pour sauver Lahbib : le MR amorce une courbe rentrante
La ministre s’expliquera ce lundi. Va-t-elle tomber en entraînant la majorité ?
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/460c5baa-45dd-413e-bdda-a0279d78bd5c.png)
- Publié le 23-06-2023 à 16h04
- Mis à jour le 23-06-2023 à 21h44
:focal(1579.5x1232.5:1589.5x1222.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/HHIE3ZKGW5DE7BCU4GKTTDVAX4.jpg)
Hadja Lahbib (MR), ministre des Affaires étrangères, est toujours sur la sellette pour avoir délivré des visas à une délégation iranienne. Elle devra s'expliquer une troisième fois, ce lundi, à la Chambre.
Vendredi matin, pourtant, un léger optimisme a semblé faire son retour au sein du MR, où certains espéraient que le week-end permettrait d’apaiser les tensions.
Le MR, en effet, faisait front autour de sa ministre et défendait officiellement la ligne monolithique encore martelée par le président Georges-Louis Bouchez : "Hadja Lahbib n'a pas commis de faute." L'intéressée, elle-même, n'a pour l'heure pas l'intention de démissionner.
La première stratégie qui a été amorcée a toutefois échoué.
"Le MR a tenté de faire en sorte que le débat parlementaire soit confisqué par le kern", indique une source politique. En kern, où se réunissent les principaux ministres du gouvernement, David Clarinval (MR) a proposé de faire circuler un texte, reprenant une intervention, sorte de compromis, qu'aurait prononcée Hadja Lahbib lundi à la Chambre.

Vifs échanges entre Nollet et Bouchez
Le vice-Premier libéral a demandé à ses collègues de la signer. L’incident aurait été clos. Mais les vice-Premiers Pierre-Yves Dermagne (PS) et Georges Gilkinet (Écolo), suivis par le reste du kern, ont refusé.
"La suite du travail sur le dossier des visas se déroulera comme il se doit au Parlement, pas au kern, a tweeté Jean-Marc Nollet, co-président d'Écolo.
Georges-Louis Bouchez lui a répondu du tac au tac. "Jean Marc, il est important de garder son sang-froid et de se remettre le plus rapidement possible au travail."
L’affaire est entendue pour les socialistes et les écologistes : il n’y aura ni conciliation ni accord avant lundi. Elle se réglera au Parlement.
Un kern, très vif s'était conclu mercredi soir par une altercation physique entre Frank Vandenbroucke (Vooruit) et Vincent Van Quickenborne (Open VLD) ...
Les négociations s’étaient poursuivies le lendemain, lors d’un échange peu amical entre Jean-Marc Nollet et Georges-Louis Bouchez au cours duquel le président du MR a tenté de convaincre l’écologiste de voter la motion simple déposée par l’Open VLD. Traditionnellement, ces motions simples sont utilisées par la majorité pour évacuer les motions de l’opposition (NdlR : qui demande la démission de Lahbib). Mais Jean-Marc Nollet a refusé. Il voulait que toute la lumière soit faite sur l’affaire iranienne.
Or, si la motion simple n’est pas votée ce lundi par une majorité après l’audition de Hadja Lahbib, la Vivaldi se trouvera de facto en état de mort clinique. Elle ne sera votée que si les explications de Hadja Lahbib convainquent les députés et sont agrémentées d’excuses. Une franche contrition peut, éventuellement, permettre à Lahbib de sauver son poste.
Vendredi, en fin de journée, David Clarinval a semblé donner des premiers signes d'apaisement, en confirmant sa présence, jusque-là incertaine, au conclave fiscal de samedi. Il a assuré "que tous les ministres du kern soutiennent l'idée qu'Hadja Lahbib puisse apporter toutes les clarifications et les apaisements à la Chambre lundi."
Une courbe rentrante du MR
La sortie a été analysée, chez les socialistes et écologistes, comme une première courbe rentrante.
Car sur le fond de l’affaire, le PS et Écolo en font une question de principe et refusent de céder dans ce qui s’apparente à un bras de fer avec Georges-Louis Bouchez. Ils disent ne rien exclure. Les conséquences possibles - il est clairement question d’une possible chute de la Vivaldi - sont bien comprises. En dépit des déclarations de David Clarinval, le dénouement de l’Irangate reste incertain. Les partenaires de majorité semblent n’avoir reçu aucune assurance formelle que Hadja Lahbib adoptera un profil bas, ce lundi. Tout peut encore se passer, d’autant que Georges-Louis Bouchez, qui a lui-même désigné Hadja Lahbib, joue son propre sort dans cette affaire. Bref, ni la ministre des Affaires étrangères ni la Vivaldi ne sont encore sauvées.