Les bourgmestres des campagnes démissionnent plus que ceux des villes
Mettre les bourgmestres des petites communes wallonnes à temps plein ? Ce ne sera pas encore pour cette législature
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- Publié le 22-08-2023 à 06h31
- Mis à jour le 22-08-2023 à 06h33
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Sous cette législature, de nombreux élus locaux wallons ont quitté leurs fonctions. Le phénomène n’est pas neuf, mais il reste particulièrement interpellant. À un an des prochaines élections communales, quelles pistes sont envisagées pour mettre fin à cette hémorragie ? D’autant qu’une étude publiée il y a quelques mois par l’Union des villes et communes de Wallonie, indiquait qu’un élu local sur cinq ne souhaitait pas se représenter lors du prochain scrutin. Dans une revue consacrée aux pouvoirs locaux parue il y a plusieurs semaines, on apprenait que “sur les 7 020 mandats communaux, conseil et collège confondus, 1 072 (soit 15, 27 %) ont connu une fin prématurée dont 691 (soit 64 %) via une démission”, expliquait le député wallon, Yves Evrard (MR) dans une question écrite posée au ministre wallon des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon (PS).
Si on se penche sur les seuls bourgmestres on constate aussi que 61 % des démissions surviennent dans les communes rurales. Un malaise qui aurait plusieurs sources. Citons, sans être exhaustif, la dégradation de la relation entre élus et citoyens, les réseaux sociaux, le poids des responsabilités, etc.
Une rémunération à la hauteur des responsabilités
Pour l’Union des villes et communes de Wallonie (UVCW), l’une des raisons qui accentue le problème des élus locaux en milieu rural, dans des communes de plus petites tailles, réside dans le statut du bourgmestre lui-même. En effet, le premier des citoyens n’exerce pas son métier à temps plein, la rémunération ne le permettant pas, contrairement aux communes plus importantes. Une des solutions préconisées serait, dès lors, de les faire passer à temps plein, afin de leur permettre de se consacrer à 100 % à leur commune.
Dans la réponse qu’il a apportée au député Evrard, le ministre wallon des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon a pointé lui aussi les principaux problèmes liés aux fonctions de bourgmestres et d’échevins. “La responsabilité des élus est colossale. Elle est liée à leur proximité avec les citoyens : l’urgence, l’ultra disponibilité, la pression de l’immédiateté et les atteintes portées à leur intégrité physique ; les nouveaux outils de communication, dont la dérive des réseaux sociaux ; des crises successives, un accroissement et une complexification des matières, des missions et des demandes adressées au mandataire en général et au bourgmestre en particulier ; les moyens sont limités, etc. Néanmoins, les élus locaux sont toujours au rendez-vous, ils l’ont démontré dans les crises successives que nous vivons”.
Si les constats sont importants, les solutions le sont encore plus. Pour le ministre wallon, le gouvernement n’est pas resté sans rien faire. Il énonce plusieurs mesures prises dont “l’opération #AmbitionsCommunes qui avait pour objectif d’aller à la rencontre des plus petites communes pour identifier les problématiques rencontrées au quotidien et construire avec leurs représentants des pistes de solutions. Ces nombreuses rencontres m’ont permis de rencontrer un peu moins de 300 bourgmestres et directeurs généraux et de travailler avec 250 agents, chefs de service…”. Il annonce aussi un prochain décret “qui abordera les questions des budgets participatifs et des opérations de consultations citoyennes avec la préparation d’outils pratiques”.
Réseaux sociaux
Enfin, d’autres mesures relatives à la communication des communes via les réseaux sociaux devraient être prises avant la fin de la législature. “Mes avant-projets de décrets sur la simplification présentés au gouvernement le 26 mai 2023 intègrent les réseaux sociaux au niveau de la communication. Les modifications visent à réglementer l’accès des groupes politiques aux réseaux sociaux de la commune. Les communes peuvent, de surcroît, ouvrir une page officielle sur les réseaux sociaux destinée à fournir rapidement des informations aux citoyens”.
Néanmoins, rien ne semble prévu aujourd’hui pour changer le statut des bourgmestres des petites communes. On nous renvoie à la prochaine législature, c’est-à-dire aux calendes grecques…