Au Parlement wallon, on partait souvent à la retraite pour raisons médicales sans que le bureau s’en émeuve
La moyenne d’âge des départs entre 2011 et 2019 : 53 ans. Un agent est même parti à… 47 ans.
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- Publié le 31-08-2023 à 06h48
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Entre 2011 et 2019, un certain nombre d’agents du Parlement wallon sont partis à la retraite anticipée pour raisons médicales. La Libre a pu mettre la main sur une liste de dix agents (sept femmes et trois hommes) mis à la retraite anticipée entre 2011 et 2019 pour raisons médicales et sur décision du Bureau. La moyenne d’âge de ces agents est de 53 ans. Le plus âgé est parti à 63 ans et le plus jeune… à 47 ans. Les autres sont partis à la retraite à l’âge de 51 ans (un agent), 52 ans (trois agents), 53 ans (trois agents) et 54 ans (un agent).
Dans deux cas, la raison est une maladie grave. Il apparaît, par contre, que pour les autres, la raison invoquée, devant la commission fédérale des pensions touche à des questions d’incapacité psychologique à revenir au travail ou à une grave addiction.
Les départs à la retraite pour incapacité psychologique à revenir au travail ou pour une grave addiction ont donc tous été, en bout de course, validés par les bureaux successifs du Parlement wallon. Toute la question étant de savoir si ces départs ont un lien avec le comportement qui est reproché aujourd’hui au greffier, Frédéric Janssens ? Si c’est le cas, les députés wallons qui se sont succédé au sein du Bureau depuis 2011 – année ou Frédéric Janssens est arrivé au Parlement – devaient être conscients du problème. À l’époque, les élus ont-ils tenté de comprendre pourquoi autant d’agents partaient à la retraite pour raisons médicales ?
Bref, s’il y avait à l’époque un problème avec le greffier, pourquoi personne n’a agi afin d’y remédier ? Et si le problème était d’une autre nature, a-t-on enquêté en interne ? Tout cela fait beaucoup de questions qui n’ont finalement que deux réponses possibles. Soit, les bureaux successifs ne se sont jamais émus du sort des agents du greffe, ils ont alors fait preuve d’une grave négligence. Soit, ils étaient au courant d’un problème de management ou autre et ils n’ont pas bougé, ce qui, en soi est encore plus grave.
Et la réforme du statut des agents ?
Dans cette affaire dite du greffier du Parlement wallon, la question des pensions anticipées semble importante. Que ce soit pour raisons médicales ou parce que le statut des agents autorise des départs anticipés, l’auditorat du travail se penchera certainement sur cette question, ainsi que sur la temporalité des plaintes reçues de la part d’une quinzaine d’agents. Ont-elles un lien avec la réforme du statut des agents initiée par le greffier Frédéric Janssens à la demande du bureau ? Une réforme qui, rappelons-le, visait à brimer un système de mise à la retraite anticipée – La Libre l’évoquait en juillet – qui permet aux agents du Parlement wallon de partir à la retraite à 59 ans.
Précisons que c’est l’un des éléments de la défense du greffier avancée par ses avocats lors de son audition par le bureau du Parlement wallon, au début du mois de juillet. Une audition organisée dans le cadre de la procédure interne au Parlement wallon qui doit sceller l’avenir de Frédéric Janssens (qui est actuellement suspendu) au sein de l’institution wallonne.
Cette réforme du statut des agents rendue obligatoire après un contrôle ONSS épinglant de nombreux problèmes avait donc été validée en juillet 2022 par l’ancien bureau. Celui-ci était alors présidé par Jean-Claude Marcourt (PS). Le nouveau bureau a quant à lui suspendu la réforme en janvier 2023. Pour l’heure, le statut des agents est toujours le même que précédemment, mais le nouveau bureau devrait y revenir avant la fin de la législature.