Rudi Vervoort : “Si le MR garde ces thèmes de campagne, en 2024, il risque de devenir un problème pour nous”
Gare du Midi, Saliha Raiss, salles de prières à l’ULB, Rudi Vervoort réagit à un début de campagne où la droite donne le ton.
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- Publié le 01-09-2023 à 11h18
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Il est encore trop tôt pour parler de “thèmes de campagne”, mais les sorties médiatiques de ces dernières semaines laissent présager de quoi les débats des prochains mois seront faits. Et, en l’occurrence, on y voit peu de thèmes propices aux socialistes ou à leurs partenaires de majorité écologistes. À huit mois des élections régionales (notamment), Rudi Vervoort (PS) ne semble pas s’inquiéter de la tournure des évènements, d’autant plus qu’il ne confirme pas encore sa présence en tête de liste pour un quatrième mandat de Ministre-Président. “Le jeu est plus ouvert qu’il y a cinq ou neuf ans.”
Si le jeu de la composition des listes socialistes est ouvert, celui de la campagne, lui, s’annonce beaucoup plus tendu. Gare du Midi, Saliha Raiss, salles de prière à l’ULB, ces dernières semaines, ce sont surtout ses adversaires libéraux qui ont donné de la voix. “Monsieur Bouchez saute sur tout ce qu’il bouge. À Gand, il y a une échevine voilée. Gand, c’est une commune libérale, avec un bourgmestre libéral. Mais à Molenbeek on ne peut pas ?”
Certes, mais il n’en n’est pas moins vrai que les socialistes se défendent timidement. “Si le MR veut faire de tout cela des enjeux électoraux, il risque de devenir lui-même un problème auprès de nous. Après les élections, il faut pouvoir parler. C’est une curieuse façon d’aborder une campagne électorale. On est dans une polémique permanente. Monsieur Leisterh a l’air bien gentil, mais il faudra à un moment donné qu’il exprime sa singularité par rapport à son président.”
Le dur labeur de l’adhésion populaire
Mais la politique, ce n’est pas que tabasser l’adversaire, c’est aussi proposer un projet de vie en société face à des défis multiples et complexes. Sans être le plus radical, Good Move a marqué un changement dans la manière de se mouvoir dans la capitale européenne. Et dans les majorités locales (où siègent souvent les socialistes), rares étaient ceux qui avaient vu venir la vague de contestation. “Good Move, c’est la preuve qu’une césure socio-spatiale s’est révélée. Il faut la régler. Il ne suffit pas de s’imposer, il y a une réflexion à avoir sur comment amener l’adhésion.”
Good Move est passé (ou presque), mais le Ministre-Président sait que d’autres problèmes de mobilité viendront scinder la société. “Le parc automobile est en train de passer à l’électrique, et tout le monde se dit que c’est génial, qu’on ne vend plus que ça. C’est parce qu’il y a un régime fiscal dérogatoire. Le citoyen lambda continue d’acheter des voitures à essence. Comment on va gérer ça ? Cela va nécessiter des investissements importants, avec un réseau qui va devoir s’adapter. On est sur une ligne de bascule. L’Europe va aussi devoir se poser des questions sur la soutenabilité de cette transition, qui va coûter des montants colossaux à des États plus à même de les assumer. Il va falloir maintenir cet équilibre entre mobilité, environnement et citoyenneté.” Rudi Vervoort prend pour exemple la France, où le manque d’adhésion populaire débouche souvent sur des mouvements de contestations violents, et qui inquiètent l’Elysée. “À Bruxelles, il y a ces quartiers en difficulté où c’est un public à qui l’on ne peut pas dire qu’il doit radicalement changer ses attitudes.”
Dermagne pour aider le Brugov
Ce vendredi, le camarade socialiste de Rudi Vervoort, Pierre-Yves Dermagne, rencontrera Nicole De Moor (CD&V) dans le but de faire pression sur sa décision de ne plus accueillir les hommes seuls dans le réseau d’accueil pour les demandeurs d’Asile. La tâche ne sera pas aisée, mais importante, pour ne pas saper le travail entrepris par le gouvernement bruxellois. “C’est paradoxal, au moment où l’on a une approche plus proactive, on va quand même aggraver la situation. Le poste de Secrétaire d’État à la Migration est très convoité au nord du pays. Ça booste votre popularité, mais il faut être dur, mais on est dur sur le dos des autres évidemment…”
Restera pour les socialistes à en faire un thème de campagne qu’ils pourront tourner à leur avantage. L’hiver arrive, et il est craint par le ministre président.