Bart De Wever, le "confédéraliste" qui craint plus que tout les troubles révolutionnaires
Le président de la N-VA a adouci son discours à l’égard des francophones. Il reste un flamingant, un “confédéraliste”, mais affirme vouloir arriver à ses fins par la négociation. Normal, cet historien a les troubles révolutionnaires en horreur.
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- Publié le 02-09-2023 à 07h12
- Mis à jour le 03-09-2023 à 10h54
En 2014, alors qu’il discutait avec Charles Michel de la possibilité de mettre en place une majorité fédérale sans le PS, Bart De Wever avait voulu rassurer celui qui allait devenir le Premier ministre de la “suédoise” : flamingante mais légaliste, la N-VA serait un allié loyal du MR. En tant que conservateur, lecteur du philosophe irlandais Edmund Burke, Bart De Wever craint plus que tout les troubles révolutionnaires. Certes, il veut réformer les institutions belges pour les faire évoluer vers ce qu’il nomme le “confédéralisme” (qui est en fait une régionalisation poussée à l’extrême) mais, devant obtenir deux tiers des voix à la Chambre pour ce faire, le nationaliste sait qu’il devra rechercher le consensus.
À 52 ans, il se fait donc plus rond. "La Wallonie s’en sortira, affirme-t-il dans notre interview. Il ne veut pas larguer les Wallons en 2024, jure-t-il. Ces dernières années, son discours à l'adresse des francophones a été lissé. On est loin de ce jour de janvier 2005 où la N-VA, jeune formation héritière de l’aile droite de la Volksunie, avait affrété douze camions chargés de faux billets de 50 euros. Direction : les ascendeurs à bateaux de Strépy-Thieu sur le canal du Centre (Hainaut), symbole aux yeux des nationalistes de la gabegie wallonne. C’était Bart De Wever qui avait monté l'opération pour frapper les esprits.
Le fossé entre la N-VA et le Belang
Dix-huit ans plus tard, cette radicalité n’est plus nécessaire. Les vieux rivaux du CD&V et de l’Open VLD ont mis un genou à terre. La N-VA, stabilisée, est un parti de gouvernement. Elle est passée d'une logique anti-establishment à un certain conformisme, à un certain embourgeoisement. Son modèle reconnu est la CSU bavaroise, une formation de droite assumée mais démocratique et réformiste.
Bart De Wever le rappelle dans notre entretien : la N-VA est le seul rempart solide qui se dresse contre le Vlaams Belang. Cette affirmation relève des convictions personnelles de Bart De Wever mais également d’un intérêt bien compris : il sait qu’il ne pourra jamais avoir d’accord institutionnel avec les francophones si ses intentions à l’égard du parti de Tom Van Grieken apparaissaient ambiguës.