Pierre-Yves Jeholet : “On investit trop d’argent public depuis des années dans des politiques en matière de logement, de formation, d’enseignement"
Interrogé au micro de LN24 ce lundi 11 septembre 2023, Pierre-Yves Jeholet estime que la Fédération Wallonie-Bruxelles doit notamment repenser ses investissements dans l’enseignement supérieur et forcer les étudiants étrangers à contribuer davantage avec un minerval plus élevé.
- Publié le 11-09-2023 à 09h23
- Mis à jour le 11-09-2023 à 09h25
Au micro de LN24, dans l’émission “Café sans filtre”, le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles a refait le point sur les priorités et les ambitions de la Communauté en matière d’enseignement supérieur.
Le financement actuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles est-il trop faible ?
Alors que les recteurs des universités wallonnes et bruxelloises estiment devoir faire avec un sous-investissement de la FWB, Pierre-Yves Jeholet rappelle que son gouvernement a “déjà délié les cordons de la bourse sous cette législature-ci, ce qui n’avait plus été fait depuis très longtemps” : “Nous avons refinancé l’enseignement supérieur à hauteur de 80 millions d’euros à partir de 2024, c’est-à-dire sur base annuelle. Et puis, et c’est un constat, les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont ce qu’elles sont. ” Les 300 millions d’euros réclamés ? “C’est trop ! Ce n’est pas possible.”
Reste une question : revoir les moyens financiers et les structures mêmes de la FWB en sachant notamment que le financement de l’enseignement supérieur a baissé de 24,3 % en 15 ? “Je suis pour qu’on soit plus efficace et efficient dans les politiques que l’on mène. On investit trop d’argent public depuis des années et des années dans des politiques en matière de logement, de formation, d’enseignement […] Il faut se restructurer. ” Comment ? “En diminuant les dépenses publiques dans une série de secteurs et en rationaliser d’autres. ”
La surreprésentation d’étudiants étrangers en Wallonie et à Bruxelles pose-t-elle problème ?
À cette question, la réponse du Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles est claire : “C’est un problème. On l’a réglé avec le concours de médecine. On a limité à 15 % le nombre de non-résidents, notamment des Français. Mais on se trouve dans une Europe où il y a de la mobilité mais où l’on voit également de plus en plus de non-résidents qui viennent faire leurs études ici sans contribution complémentaire. Et ça, ça pénalise les étudiants francophones de Belgique. Je suis donc ouvert à ce qu’on limite davantage (l’accès aux études aux ressortissants étrangers, NDLR) ou en les invitant à contribuer davantage avec un minerval plus important que les étudiants francophones.”
À voir si de telles propositions sont conciliables avec la législation européenne.
Comment rendre l’enseignement supérieur plus efficace ?
“On a beaucoup d’universités pour un petit espace. Je suis pour une saine concurrence – elle est nécessaire – mais il y a beaucoup trop d’habilitations dans le temps”, estime Pierre-Yves Jeholet. “Il faut vivre avec l’évolution de la société : on a des besoins nouveaux. Il est donc normal que l’on puisse créer de nouveaux Masters. Mais il faut aussi avoir le courage d’en supprimer. Quand je vois le nombre d’étudiants qui rentrent en psychologie, avec le peu de débouchés que ça offre sur le marché de l’emploi, il faut se poser certaines questions.”
Pour le libéral, le message est clair : “On doit plus efficaces dans toute une série de réformes. ”