Malaise à la Chambre: l’ex-président de la commission “défense des femmes” accusé de violences contre son ex-femme
Thierry Warmoes a présidé la commission Égalité des chances alors qu’il était lui-même visé par une plainte pour violences conjugales. Il a remis son mandat de député fédéral le 14 juillet dernier.
- Publié le 13-09-2023 à 23h44
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Le passage de Thierry Warmoes au parlement a laissé un certain malaise. Au cœur de cette institution où l’on tient de longs débats au nom de la morale et de l’éthique, le fait qu’un député accusé de violences contre son ex-femme ait pu présider une commission où l’on traite précisément de violences intrafamiliales laisse chez de nombreux députés un goût amer.
Thierry Warmoes a remis son mandat fédéral le 14 juillet dernier. Dans la foulée des révélations de la DH, il a annoncé qu’il démissionnait du conseil communal de Namur. Son ex-femme a révélé avoir déposé plainte auprès de la police à son encontre en avril 2019, un mois avant qu’il ne devienne député. Ana l’accuse de l’avoir battue à plusieurs reprises. Elle raconte avoir été frappée, traînée par les cheveux, insultée, jetée contre un meuble… De son côté, l’ancien élu PTB nie les faits.
À la Chambre des représentants, on voit d’un mauvais oeil cette histoire. Le PTB était-il au courant de ces faits ? Le parti marxiste savait-il qu’une plainte avait été déposée à l’encontre de la personne qu’ils avaient choisie pour présider la commission Santé et Égalité des chances, une commission où l’on prend des mesures contre les violences faites aux femmes, les féminicides, où l’on a voté le bouton alerte anti-harcèlement ?
Pas au courant
”Ce n’est pas compatible”, regrette Sofie Merckx, cheffe de groupe PTB à la Chambre depuis janvier 2022. “On savait que M. Warmoes était en instance de divorce et que c’était compliqué. Mais on n’était pas au courant pour cette suspicion de violences conjugales.”
La députée ajoute qu’il faut respecter le droit de la victime, mais également la présomption d’innocence de M. Warmoes. Elle affirme n’avoir été informée des difficultés de l’ancienne compagne de M. Warmoes qu’à la fin du mois d’août, après que la victime a déposé une lettre chez Médecine pour le peuple, l’organe de santé du PTB.
”Je n’étais pas au courant de cette plainte. On aurait eu une tout autre discussion si cela avait été le cas”, assure Raoul Hedebouw, qui était chef de groupe à la Chambre en 2019. L’actuel président du PTB n’a été informé qu’au moment où la DH a commencé à traiter le sujet, soit à l’été 2023. “Je savais uniquement qu’il y avait un divorce compliqué. J’espère que la justice fera rapidement son travail.”
"Je suis choquée"
”Ce serait quand même un comble que quelqu’un d’accusé par sa compagne de violence ait pu présider une commission Égalité des chances,” nous répond Laurence Zanchetta (PS), membre de cette commission. La députée rappelle également que la présomption d’innocence prévaut dans ce genre de situation. “Mais si ces faits sont avérés, c’est scandaleux. Je me suis engagée pour lutter contre la violence faites aux femmes. C’est quelque chose que je ne peux pas tolérer. Je suis choquée à titre personnel. Au niveau moral, c’est répréhensible. Je trouve cela vraiment très limite. Quand on est député, on doit avoir un comportement irréprochable.”