À peine 12 nouveaux logements libérés pour les sans-abri à Bruxelles : le flop de l’appel à projets de Nawal Ben Hamou
Les deux appels à projets destinés à reloger des sans-abri n’ont permis de libérer que 12 logements depuis 2021. Les Agences immobilières sociales (AIS) n’ont pas adhéré au projet.
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- Publié le 18-09-2023 à 20h40
- Mis à jour le 18-09-2023 à 22h10
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”Housing first”, ce projet de relogement des sans-abri qui avait vu le jour aux États-Unis, a été lancé également en Région bruxelloise voici plusieurs années. L’objectif est simple : faire sortir les sans-abri durablement de la rue, en leur fournissant logement et accompagnement.
Le gouvernement bruxellois s’était fixé comme objectif de mobiliser au moins 400 logements, notamment grâce à des rénovations, d’ici à la fin de la législature, en faisant appel aux agences de location sociale.
Un premier appel à projets a été lancé à destination des Agences Immobilière Sociales (AIS), en 2021.
Aucune n’a toutefois jugé bon de répondre, en 2021.
En 2022, l’appel a donc été adapté et relancé. Là encore, le succès n’a pas été au rendez-vous.
Seules trois AIS se sont montrés intéressées. “Cela a permis pour l’instant de mettre douze logements à la disposition des personnes sans abri en 2022”, précise Nawal Ben Hamou, dans une réponse parlementaire, à une question du député bruxellois Matthias Vanden Borre (N-VA).
”Ces deux appels à manifestation d’intérêts n’ont malheureusement pas rencontré l’intérêt escompté auprès des AIS”, confirme le porte-parole de Nawal Ben Hamou (PS), secrétaire d’État bruxelloise au Logement.
”Les AIS et le secteur sans-abri ont analysé ensemble l’appel à projets Ils n’y ont pas vraiment adhéré parce que le mécanisme qu’il prévoyait pour capter des logements et les attribuer à des personnes sans-abri leur semblait trop rigide et ne correspondait pas aux réalités de terrain”, résume Laurence Libon, coordinatrice de Fedais (Fédération des Agences Immobilières Sociales).
Parallèlement, un appel à projet a été lancé aux communes et CPAS en avril 2021, pour subsidier les logements à mettre à disposition des personnes dans le besoin. Vingt-cinq logements devraient ainsi voir le jour, dans trois communes (Anderlecht, Bruxelles, Watermael-Boisfort) et trois CPAS (Berchem-Sainte-Agathe, Bruxelles, Etterbeek). Au total, 1,2 million d’euros ont été attribués à ces projets.
Avec 19 communes, 19 CPAS, 16 sociétés de logements sociaux et 24 offices de location sociale, qui fonctionnent tous indépendamment les uns des autres, une politique décisive ne peut tout simplement pas être menée "
”L’intention était de mobiliser au moins 400 logements en faisant appel aux agences de location sociale. Ces résultats sont totalement insuffisants”, raille le député Matthias Vanden Borre qui dénonce un flop. “En voyant les problèmes à la Gare du Midi, on se dit aussi qu’il faudrait aider plus rapidement les sans-abri. Mais ces annonces restent vides de sens lorsqu’il n’y a pas de logements disponibles, prolonge le député nationaliste flamand. Avec 19 communes, 19 CPAS, 16 sociétés de logements sociaux et 24 offices de location sociale, qui fonctionnent tous indépendamment les uns des autres, une politique décisive ne peut tout simplement pas être menée. “
Alain Maron (Écolo), ministre bruxellois en charge de l’Action sociale, nuance la critique. “Des logements destinés à des sans-abri ont bien été créés durant cette législature via d’autres portes d’entrées que les AIS (privé etc.). Pour l’accompagnement social, les moyens sont là (3,21 millions d'euros de budget en 2023 pour Housing first). Mais, l’engorgement, en effet, est dû à la difficulté de dégager des logements.” Le programme Housing First propose ainsi 282 places en Région bruxelloise, en 2023, selon son cabinet, contre 103 en 2019. En 2024, le ministre prévoit d'atteindre le 311 places. L'objectif des 400 places, toutefois, ne sera pas atteint...
Nawal Ben Hamou prévoit une réforme
La secrétaire d’État Nawal Ben Hamou assure, pour sa part, qu’elle a changé son fusil d’épaule. Elle a décidé, dans la logique des réclamations de Fedais, d’opter pour une solution plus durable, dans le cadre de la réforme de l’AIS, afin de modifier le système de subsides pour des publics spécifiques (sans abrisme, toxicomanie, santé mentale etc.) Le point sera abordé par le gouvernement au mois d’octobre.