Mesures anti-coronavirus: la police obligée de jouer les rabat-joie pour le bien de tous
Des vendeurs qui ne peuvent pas être sur le marché, des pêcheurs qui ne peuvent pas festoyer.
Publié le 16-03-2020 à 06h59 - Mis à jour le 16-03-2020 à 07h00
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Des vendeurs qui ne peuvent pas être sur le marché, des pêcheurs qui ne peuvent pas festoyer.
Samedi 16 h. Les inspecteurs Pourbaix et Berg patrouillent dans une ville morte. Tellement morte qu’ils décident de s’aventurer sur les routes de campagne.
Quand soudain… l’anomalie. Une dizaine de voitures sont stationnées en bordure des champs. "Des pêcheurs", déduit l’inspecteur Pourbaix. Des pêcheurs qui, à cette heure-là, ne pêchent plus. À l’intérieur des terres, près d’un étang, ils sont une vingtaine à être attablés tout près des barbecues.
Les deux policiers s’avancent sans vraiment savourer l’instant présent. Ils vont devoir éteindre la flamme alors que le rassemblement est bon enfant. "Nous ne sommes pas si nombreux", avance le responsable du groupe. "Aucun rassemblement", coupe l’inspecteur Pourbaix. "Nous pensions que l’interdiction, c’était à partir de lundi", surenchérit le pêcheur.
Bien essayé. Mais un peu gros. "On avait loué l’étang depuis longtemps pour 100 € et nous avions acheté du poisson pour 400 €", avoue-t-il enfin.
Les inspecteurs compatissent mais tranchent tout de même : "Nous repassons dans une heure, vous devrez avoir quitté les lieux."
Les inspecteurs Berg et Pourbaix font partie de la zone de police Hermeton et Heure qui, en dessous de Charleroi, regroupe les communes de Philippeville, Cerfontaine et Doische. En ce jour, le cahier des charges consiste à vérifier si toutes les interdictions dictées par le coronavirus sont respectées. À cette fin, une deuxième équipe de pointe a même été ajoutée au tableau horaire.
À Philippeville, c’est essentiellement la matinée qui a été délicate. Parce qu’il y avait marché… "Il y avait des vendeurs de vêtements et de meubles, alors que, non loin de là, Leenbakker était fermé, explique le commissaire David Doyen. L’ennui, c’est que nous ne disposons pas de moyens de coercition. Les amendes administratives n’ont pas été fixées dans l’arrêté de police."
En outre, le bourgmestre André De Martin voulait la jouer plutôt soft : "Pour ce premier jour, il fallait tout de même de la tolérance. Nous serons plus sévères le week-end prochain. Nous allons voir comment nous pouvons fixer les choses en matière d’amendes en début de semaine. Pour bien faire, il aurait bien fallu que tout cela soit fixé par le ministre De Crem. Même tarif pour tout le monde."
Pourtant, dans le village voisin, à Doische, l’interprétation est autre : "Pour ces nouvelles interdictions, nous avons estimé que nous pouvions nous appuyer sur le règlement général de police administrative, qui interdit les rassemblements, avec à la clé des amendes de 50 à 350 €, et qui permet de fermer les commerces qui sont hors des clous", avance le bourgmestre Pascal Jacquiez.