Les centres fermés seraient devenus illégaux
Publié le 20-03-2020 à 07h57
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La fermeture des frontières de l’Europe rendrait les centres fermés illégaux, selon plusieurs avocats.
Un collectif de 75 avocats et plusieurs représentants d’associations venant en aide aux réfugiés se sont adressés à la ministre Maggie De Block (Open VLD) pour demander la fermeture des centres fermés et la libération des détenus.
Dans une carte blanche publiée sur le site du Vif, le collectif indique que la fermeture des frontières de l’espace Schengen rend l’enfermement illégal. "Sur le plan du droit, le principe fondamental veut que la détention administrative d’un étranger ne soit autorisée qu’en vue d’assurer son éloignement le plus rapidement possible. Si l’éloignement devient hypothétique voire impossible, la détention n’est plus légale", peut-on lire dans la lettre ouverte. Un retour qui ne peut plus être garanti actuellement. "Aujourd’hui, avec la fermeture de certaines frontières, notamment le Congo ou le Maroc, certains détenus sont de facto dans l’impossibilité de rejoindre leur pays", développe Alexis Deswaef, l’un des auteurs.
Promiscuité dans les centres
L’ autre argument concerne les mesures sanitaires. "J’ai du mal à comprendre que la même ministre demande d’un côté à ses citoyens de garder ses distances et, de l’autre, laisse ouverts des centres dans des conditions de promiscuité ", s’indigne Alexis Deswaef.
"Aucune fermeture totale n’est prévue", assure la ministre, qui précise que des mesures d’hygiène sont prises. L’office explique en effet faire le vide dans les centres fermés du territoire belge pour répondre à l’impératif sanitaire. " Nos centres sont vidés drastiquement. En moyenne, le taux d’occupation est descendu à 50 % ", indique Dominique Ernould, la porte-parole. Un taux d’occupation estimé suffisant pour garantir la distanciation sociale et endiguer la propagation du virus.
Les candidats libérés sortent des centres avec un ordre de quitter le territoire belge. La priorité est donnée aux personnes en séjour illégal en Belgique et aux "dublinés". Il s’agit des migrants qui doivent faire leur demande d’asile dans le pays où ils sont arrivés en Europe (généralement l’Italie, l’Espagne ou la Grèce). Une fois libérés des centres, ces migrants sont censés rejoindre leur pays d’accueil. En cette période de pandémie, la plupart des frontières sont fermées et empêchent tout déplacement au sein de l’Union.
Plus tôt cette semaine, l’Office des étrangers et le Commissariat général aux réfugiés et apatrides ont suspendu leurs services. Impossible pour les migrants présents sur le territoire de faire une nouvelle demande d’asile ou d’introduire une demande de statut de réfugiés. Une situation que dénonce également le collectif, et qui serait contraire à la convention de Genève.