"On sait que ça va exploser, mais on ne sait pas quand"
Alors que les autorités anticipent prochainement un pic des hospitalisations, cette clinique régionale a créé un étage spécial coronavirus, afin de limiter le risque de propagation du virus.
Publié le 20-03-2020 à 16h54 - Mis à jour le 20-03-2020 à 19h22
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Alors que les autorités anticipent prochainement un pic des hospitalisations, une clinique régionale a créé un étage spécial coronavirus.
Dans cet hôpital wallon, il règne une ambiance étrangement calme avant ce week-end redouté. "On a l’impression qu’on attend le déclenchement d’une tempête , explique un membre du personnel infirmier. On sait que ça va exploser, mais on ne sait pas quand. C’est très spécial comme atmosphère" .
Alors que les autorités anticipent prochainement un pic des hospitalisations, cette clinique régionale a créé un étage spécial coronavirus, afin de limiter le risque de propagation. Un service banalisé a été transformé en service "corona". Une trentaine de lits peuvent y accueillir les patients les moins gravement atteints.
Le service de réanimation, lui, a été coupé en deux : une aile pour les cas de coronavirus graves, l’autre pour les patients habituels. Une liste d’anciens infirmiers de "réa" a été dressée, au cas où la situation dégénèrerait. Et si l’aile "corona" devait arriver à saturation, l’aile classique serait transférée pour faire de la place.
Si le sentiment de vivre un moment historique habite le personnel infirmier, l’inquiétude est bien présente également. La plus grande crainte, pour certains d’entre eux, est de ramener le virus à la maison et de contaminer leurs proches. "J’ai pourtant déjà soigné des patients atteints d’une tuberculose, une maladie nettement plus contagieuse" , poursuit ce membre du personnel. Mais là, l’inconnue entourant ce nouveau virus ajoute une couche de crainte supplémentaire. "Les personnes âgées sont censées être les seules personnes qui risquent de mourir , poursuit-il. Mais on entend que plusieurs jeunes en bonne santé se sont dégradés très rapidement dans d’autres hôpitaux" .
Par ailleurs, le contexte anxiogène n’aide pas à rassurer le personnel. Ainsi, l’hôpital a créé une salle de détente avec fauteuils, lumière tamisée, douches et… possibilité de consulter un psychologue. L’idée est de se détendre si la situation devenait ingérable psychologiquement. Mais cette délicate attention peut aussi nourrir des craintes. "C’est hyper flippant, est-ce qu’ils s’attendent à ce qu’on fasse des doubles journées ?" .
A contrario, la façon dont les choses sont anticipées a tendance à rassurer. On espère que cela permettra d’éviter le scénario italien. Le personnel médical espère également que les mesures de confinement sont bien suivies, ce qui permettrait de limiter le pic des hospitalisations.
Pas assez de masques, les lunettes sont arrivées
Par ailleurs, comme partout, le manque de matériel pourrait rendre la situation encore plus difficile. "Nous allons peut-être devoir garder le même masque pendant toute la journée car il n’y en aura pas assez si la crise se prolonge" . Côté positif, l’hôpital a reçu les nouveaux tabliers imperméables et les grandes lunettes de protection en plastique qu’il avait commandés. "Ces nouveaux tabliers sont très chauds. On dirait qu’on porte un sac-poubelle sur le dos en plein été" .
Comme partout en Belgique, on a apprécié les gestes de soutien affichés par la population. Même si on aurait préféré que l’État investisse davantage dans le personnel infirmier. Et disposer de masques de protection pour aller au combat.