Comment les communes belges bloquent la frontière avec les Pays-Bas pour éviter un "scénario à l'italienne"
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Publié le 25-03-2020 à 13h40 - Mis à jour le 25-03-2020 à 14h25
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En Campine et dans le Limbourg, des barrages improvisés pour tenter de refouler de nombreux Hollandais venus faire leurs courses.
En ces temps troublés, les frontières entre la Belgique et les Pays-Bas se rematérialisent. La crise sanitaire a en effet réveillé les pires craintes et pour éviter le "scénario à l’italienne", les autorités publiques sont prêtes à tout pour protéger la population. Y compris en fermant la frontière avec les Pays-Bas où les règles de confinement étaient jusqu’à présent beaucoup plus lâches qu’en Belgique.
Plusieurs bourgmestres de Campine se sont en effet aperçus que le flot d’automobilistes néerlandais franchissant la frontière belge pour faire un plein d’essence ou des courses au supermarché ne s’était pas tari. Il faut dire que, par exemple, le prix du carburant y est moins cher - d’environ 0,50 euro par litre. Comme le disait un frontalier sur les ondes d’une radio locale, "la Flandre est pour nous, frontaliers, le pays des grandes émotions offrant des choses que la Hollande ne possède pas dans la même mesure". Et ce flot, ils ont décidé de le stopper.
Embouteillages aux postes frontières
Le week-end dernier, à la mer, une dizaine de P.-V. ont été dressés par la police qui était sur les dents dès l’aube. La consigne était claire : quitter son domicile n’était toléré qu’en cas de nécessité absolue. Mais les autorités belges n’ont pas attendu que leurs voisins d’outre-Moerdijk décident de prendre des mesures plus fermes (un "lockdown intelligent", comme disait le Premier ministre Mark Rutte) pour passer à l’action.
Mardi matin, sur l’E19 au poste frontière de Meer et aussi à hauteur de la commune de Berendrecht, les policiers ont contrôlé de nombreux véhicules, provoquant des embouteillages sur plusieurs kilomètres. Objectif : vérifier si ces déplacements de ressortissants néerlandais en Belgique étaient justifiés - par exemple, pour le transport de marchandises ou pour un motif professionnel. Une partie significative des automobilistes se rendant dans les provinces d’Anvers et du Limbourg ont été renvoyés chez eux sans aucune autre forme de procès.

Chemin des écoliers
Pressentant la contrainte, imminente, du confinement général, de nombreux Hollandais ont, semble-t-il, décidé de faire un dernier saut en Flandre, troquant leur légendaire vélo pour aller faire du lèche-vitrines en… voiture de l’autre côté de la frontière. Les frontaliers avaient choisi d’emprunter de bucoliques chemins forestiers afin d’éviter les contrôles des policiers. Surpris par ce subit afflux, en période de confinement, les bourgmestres des communes limitrophes ont immédiatement donné l’ordre de barrer les routes à l’aide de barrières Nadar et de conteneurs de fortune. Les communes de Hoogstraten et Ravels se sont "barricadées" en espérant refouler de nombreux citoyens néerlandais pas toujours très disciplinés. Certaines routes secondaires étaient fort chargées comme dans les environs de Poppel en Campine anversoise, mais aussi à proximité des communes de Balen, de Dessel et de Mol ainsi qu’au nord d’Anvers, entre Essen, Wuustwezel et Kalmthout.
Même scénario dans le Limbourg où les contrôles aux postes frontières se sont intensifiés en ce début de semaine. Selon la police de Lanaken et Maasmechelen, entre 10 et 15 % des automobilistes ont dû rebrousser chemin. Les amendes sont salées, jusqu’à 4 000 euros, semble-t-il.
Portes closes à Fourons
Près de Bocholt, les douaniers ont aidé les policiers submergés pour les contrôles des véhicules. Dans la commune de Fourons, toutes les frontières avec les Pays-Bas (sauf à Fourons-Saint-Martin) sont fermées depuis lundi.