Coronavirus: l'absence "d'open data" en Belgique retarderait les scientifiques dans la lutte contre l'épidémie
Publié le 25-03-2020 à 14h21 - Mis à jour le 25-03-2020 à 14h26
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Depuis le début de l'épidémie, nombreux sont les pays qui donnent accès en open data aux données ayant trait au coronavirus. En France et en Italie par exemple, de nombreuses informations sont mises en ligne à destination du grand public mais aussi des scientifiques et des journalistes. En Belgique, certaines personnalités du monde scientifique, politique et médiatique se sont plaintes ce mardi de l'absence d'accès à certaines de ces données brutes.
Même si des chiffres sont communiqués chaque jour via le point presse de 11h du centre national de crise et que ces informations sont ensuite publiées dans un fichier plus détaillé sur le site de l'Institut belge de la santé Sciensano, il existe encore des manquements en matière de transparence des données en Belgique, selon certains scientifiques, journalistes et personnalités politiques.
"La communauté scientifique n’a pas actuellement accès aux données brutes concernant le Covid-19. C’est un problème majeur qui nous retarde dans les réponses qui peuvent être données à cette épidémie. Il faut d’urgence passer en open data comme le font l’Italie et la France", estime Marius Gilbert, épidémiologiste à l'Université libre de Bruxelles.
Pour Emmanuel André, virologue et porte-parole inter-fédéral coronavirus, qui fait le point chaque jour sur la situation actuelle lors de la conférence de presse, le constat est le même. "En tant que scientifique, je soutiens totalement cette demande d'élargir le pool de compétences travaillant à analyser les données épidémiologiques. Les universités et les partenaires privés font partie des ressources nécessaires".
Un des problèmes concernant les informations qui sont publiées actuellement par Sciensano réside dans le fait que les données fournies sont trop limitées selon les scientifiques, empêchant une vue d'ensemble de la situation. De plus, seuls les chiffres du jour même sont accessibles, les archives n'étant pas disponibles au grand public.
Suivre l'exemple des pays voisins
En France comme en Italie, le gouvernement met chaque jour une grande quantité d'informations à disposition de la population. Dans l'hexagone par exemple, la plateforme data.gouv.fr offre un large éventail d'informations concernant le Covid-19. Une carte interactive est également disponible via le site veille-coronavirus.fr et permet d'avoir une vue d'ensemble sur la situation actuelle et l'évolution de l'épidémie.
Demandes de tous bords
Les scientifiques ne sont pas les seuls en Belgique à se plaindre du manque de données mises à disposition. Les journalistes, qui doivent tenter de faire comprendre au mieux la situation actuelle aux citoyens, ont besoin d'un maximum d'informations, de manière à réaliser des infographies pertinentes par exemple.
La ministre de la Santé Maggie De Block a répondu aux interrogations et demandes qui se multipliaient sur Twitter par une simple phrase: "Vous pouvez retrouver les chiffres tous les jours sur le site de Sciensano". L'Institut scientifique de santé publique n'a pour sa part pas encore réagi à la polémique.
Du côté politique, Écolo a également soutenu les revendications des partisans à l'open data. "Les écologistes appellent dès lors la Ministre De Block à rendre immédiatement et systématiquement accessible l’ensemble des données récoltées autour de la pandémie", a déclaré la député Zakia Khattabi dans un communiqué de presse.