Lockdown parties: des policiers multiplient les interventions à domicile et demandent de dénoncer ses voisins
Le confinement est encore trop souvent bafoué au nom d’une liberté indécente.
Publié le 30-03-2020 à 08h13 - Mis à jour le 30-03-2020 à 08h15
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Le confinement est encore trop souvent bafoué.
Après deux semaines de confinement, on pourrait croire que le message est enfin passé. D’autant que le gouvernement n’a pas pris les mesures les plus radicales et permet toujours aux gens de sortir, pour faire du sport ou leurs courses, sans attestation, sans limiter le périmètre à un kilomètre autour de leur domicile. Et pourtant, certains ne se satisfont pas de cette liberté qui est laissée. Outre les rassemblements en rue et dans les parcs en journée, certains éprouvent toujours le besoin de faire la fête, chez eux, en soirée, avec des amis.
Samedi soir encore, Benoît était témoin pour la énième fois d’un rassemblement chez un de ses voisins. À 21 h 30, il n’en peut plus et appelle la police. "Cela faisait déjà un petit temps que cela durait. Boissons alcoolisées, musique à fond, invités… Ce n’est même plus de l’incivisme, c’est clairement de l’irresponsabilité. J’entends des va-et-vient incessants dans mon immeuble, comme si le confinement était une option. Des voisins qui sortent plusieurs fois par jour pour faire des courses, qui se passionnent soudainement pour le footing, c’est déjà une énorme prise de risque. Mais quand en plus on fait la fête comme cela, c’est insupportable."
Le temps de la répression
Moins d’un quart d’heure plus tard, les policiers débarquent. "Ils ont été très efficaces. Ils sont d’ailleurs venus en nombre, en uniforme et en civil. La musique allait tellement fort que même quand ils ont sonné à la porte les fêtards n’ont rien entendu. Ils ont alors sonné chez des voisins, sont montés sur les balcons pour entrer en dialogue avec eux. Ils leur ont intimé l’ordre d’ouvrir la porte et sont alors entrés pour contrôler tout le monde. Eux aussi doivent prendre des risques dans ce genre d’intervention, ce n’est pas normal. Le temps n’est plus au dialogue, il faut de la répression car certains ne comprennent toujours pas ou ne veulent pas comprendre."
“Des comportements pseudo-libertaires”
Vendredi soir à Middelkerke, des policiers ont été agressés en intervenant lors d’une lockdown party. Le même jour, à Schaerbeek, un contrôle a fini en émeute. La veille à Anvers, deux hommes étaient écroués pour avoir agressé des policiers ou leur avoir craché dessus. Pour Vincent Gilles, président du SLFP Police, c’en est déjà trop. “Tous ces citoyens qui ne sont pas conscients de la gravité de la situation et qui ne comprennent pas les privations de liberté en ce contexte de crise, c’est insupportable. Ces personnes se complaisent dans une espèce de jeu juste pour le plaisir de se rebeller.” De qui parle-t-il ? “D’une catégorie de la population à laquelle la police est souvent confrontée et qui s’adonne à des comportements transgressifs.” Des jeunes ? “De certains jeunes, c’est vrai. Même si la connerie n’a pas d’âge. Ils se retranchent derrière un comportement pseudo-libertaire pour provoquer une police pseudo-nazillonne. Ce sont des prétextes pour justifier leurs méfaits.” Pour le syndicaliste, l’appel clair du gouvernement à sanctionner est une bonne chose : “Les inciviques ne sont pas souvent des personnes intelligentes avec qui on peut discuter.”
La police de la zone Bruxelles-Nord demande aux citoyens de “dénoncer”
“Si des citoyens ont connaissance de rassemblements ou d’infractions aux règles de confinement, ils PEUVENT appeler le central de la police. […] Il s’agit d’assistance à personnes en danger.”
Cet appel date de vendredi. Il émane du cabinet de la bourgmestre de Schaerbeek, Cécile Jodogne. C’est la zone de police de Bruxelles-Nord qui est ici concernée. D’aucuns y ont vu un appel à la délation. La zone s’en défend.
“Il ne s’agit pas de dénonciation. En temps normaux, grâce à nos équipes, nous pouvons récolter de l’information grâce aux contacts qu’ils ont avec la population”, réagit Audrey Dereymaeker, porte-parole de la zone. “ Aujourd’hui, vu que la grande majorité de la population respecte les règles en restant chez elle, nous avons moins accès à cette information. Et donc, afin de ne pas perdre ce contact, nous préconisons le contact téléphonique en rappelant le numéro de téléphone de notre dispatching zonal. Toute information sera évidemment vérifiée. ”
Entre le 19 et le 26, 572 P.-V. (sanctions administratives communales-SAC) ont été dressés. Les 27 et 28 mars, 296 SAC ont été dressées.