Karin représentera la police ce 21 juillet: "Je suis flattée mais c’est un travail d’équipe"
L’agente Karin Bonnechere sera l’un des cinq policiers qui seront mis à l’honneur, en tant qu’intervenants de première ligne.
- Publié le 21-07-2020 à 10h46
- Mis à jour le 21-07-2020 à 16h10
:focal(1495x2005:1505x1995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DQKDVNNAQRD3ZJOFXTRF4EXXNI.jpg)
La Fête nationale sera donc fortement impactée cette année par les mesures sanitaires prises en raison de l’épidémie de Covid-19. Si un 21 juillet "traditionnel" ne peut être organisé, un programme alternatif a néanmoins été élaboré.
La police sera bel et bien représentée lors de la cérémonie en l’honneur des intervenants de première lignes, qui aura lieu place des Palais en présence du Roi, accompagné notamment par le commissaire général de la police fédérale, Marc De Mesmaeker et par le président de la commission permanente de la police locale, Nicholas Paelinck.
Six policiers seront ainsi présents. Dont l’agente Karin Bonnechere qui a été choisie par la zone de police de Namur, pas spécialement pour la récompenser d’un acte de bravoure particulier posé durant cette crise, mais pour ses dix années de disponibilité et de bonne humeur.
"Je suis flattée et surprise que l’on m’ait choisie", réagit-elle. "Mais je reste humble. C’est toute une équipe qui est ici récompensée. Ces derniers mois n’ont vraiment pas été de tout repos, même si, contrairement au personnel soignant, nous ne sommes pas directement en contact avec les malades. Mais il est vrai qu’à ce niveau-là, nous partageons les inquiétudes des citoyens. Finalement, nous n’avons jamais la certitude que les citoyens que nous croisons ne sont pas contaminés. Heureusement, nous avons pu très tôt, au début de la crise, disposer de masques chirurgicaux (NdlR : ce n’est pas le cas dans toutes les zones)."
Pour Karin, la période la plus lourde aura été celle où la police devait contrôler les déplacements non essentiels. De façon plus large, les interventions lors de non-respect des consignes échappaient spectaculairement à la normale : "À la base, ce n’est pas vraiment notre métier de demander à une personne de se lever d’un banc parce que c’est alors interdit de s’y asseoir. Ce n’est pas forcément agréable, mais à crise exceptionnelle, tâches exceptionnelles."
Le contact avec les resquilleurs n’est pas toujours aisé : "Globalement, les gens étaient contents de nous voir. Cela les rassurait quelque part. Nous avons même reçu des dessins réalisés par des enfants. Sauf quand nous tombions sur eux. Quand c’était pour un avertissement verbal, ça passait. Mais dès qu’on sanctionnait et touchait ainsi au portefeuille, les dents grinçaient. "
De fatigue et de lassitude, pour Karin, il n’en a toutefois pas été question. "C’était intense. Nous étions dehors non-stop, mais les plages horaires ont été bien aménagées, allégées par le chef de corps. Sans cela, oui, nous en aurions bavé."
Ce mardi, cinq autres membres de la police intégrée seront également mis à l’honneur. Eux aussi ont été choisis par leur hiérarchie directe.
Il s’agit de l’inspectrice Émilie Gilissen de la zone de police Uccle/Auderghem, de l’inspecteur principal Jan Vanhoof, de la police fédérale de la route du Limbourg, de l’inspecteur Maarten Oliviers, de la zone de police Minos (province d’Anvers), de l’inspecteur principal Daniel Leclercq de la direction de la logistique de la police fédérale, et du commissaire Philippe Vosters de la police judiciaire fédérale de Bruxelles.
"Mettre à l’honneur, c’est bien mais hypocrite"
Pour le syndicaliste Thierry Bellin (SNPS), la police n’a pas été traitée avec respect ces derniers mois. Il réclame des décisions politiques...
Thierry Bellin, secrétaire national du syndicat SNPS, a appris avec un relatif plaisir que six policiers seraient ainsi mis à l’honneur ce mardi.
Avec rancune et méfiance aussi.
"C’est un peu facile de faire ainsi dans la symbolique et le tape-à-l’œil, alors que nous sommes souvent les mal-aimés. Et cela tend à être le cas plus encore depuis qu’en France, ça dégénère. Ou quand en Belgique, des voix politiques se sont dernièrement levées pour critiquer notre travail. En pleine crise, on nous a insultés. On nous a craché dessus. On nous a agressés. Un policier s’est pris un coup de pied dans le visage par des riverains à Anderlecht alors qu’il procédait à une arrestation. "
" En cette période de crise, le boulot des policiers a été bien plus difficile que d’habitude. Au début, on ne trouvait pas que les masques étaient nécessaires. On a même interdit aux membres du personnel d’en apporter de chez eux pour ne pas alerter la population. Et puis, c’est difficile d’aller dire aux gens de rester dans leur petit appartement avec deux enfants. Et maintenant, on va devoir vérifier les masques dans les magasins et contrôler Zaventem. Et ce, en pleine période de congé, avec des effectifs réduits."
"Personnellement, j’aurais préféré que les politiques témoignent en général de plus de respect envers la police, plutôt que de les mettre un jour à l’honneur de façon un peu hypocrite. À la limite, il eût été peut-être plus judicieux de garder ces effectifs pour le terrain, alors qu’il y a un manque."
" Aujourd’hui nous réclamons du respect. Plus de moyens, plus d’effectifs. La tolérance zéro en cas de violences contre la police. Tout simplement, qu’on nous donne la possibilité d’appliquer la loi. J’espère que cette mise à l’honneur ne restera pas sans suites. Et que les décisions politiques suivront. Il en va du bon fonctionnement de la police."