Philippe Close (PS) : "On devrait tester dans les aéroports et les grandes gares ceux qui reviennent de voyage"
Après Anvers, Bruxelles sera-t-elle le théâtre d’un rebond de la crise sanitaire ? Pour Philippe Close (PS), à la tête de la Ville de Bruxelles, des mesures ont été imposées en Région bruxelloise pour éviter la catastrophe. Mais le socialiste plaide pour une stratégie différente, incluant les citoyens. À quelques heures des traditionnelles festivités du Meiboom, le bourgmestre revient sur la gestion actuelle de la crise à Bruxelles, mais pas seulement. Entretien.
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Publié le 10-08-2020 à 19h22 - Mis à jour le 13-08-2020 à 12h32
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Des mesures ont été instaurées, mais il n’y a plus cette adhésion connue au début de la crise. Vous n’avez pas peur que ça soit un peu inutile ?
Attention, ne généralisons pas. Je suis surpris de voir autant de personnes qui portent le masque. Si vous n’avez pas une adhésion totale, on ne peut pas non plus mettre un policier derrière chaque citoyen, et c’est tant mieux, ce n’est pas la société qu’on veut non plus. Moi, je préfère les gradations dans les mesures, et surtout de la transparence vis-à-vis des citoyens. On a pu voir des vraies disparités d’une commune à l’autre, d’un quartier à l’autre. J’estime donc que c’est le ciblage qui est important.
Un ciblage, c’est-à-dire ?
Actuellement, c’est encore trop compliqué de se faire dépister. Je vois ce qui est organisé à l’étranger, vous pouvez vous faire tester n’importe où, peu importe d’où vous venez, que vous soyez résident ou pas du pays en question. C’est pourquoi j’ai demandé que cela soit organisé ici aussi, à l’aéroport de Zaventem et dans les grandes gares avec des centres de tests. Avec un dépistage dès votre arrivée, dès que vous descendez de l’avion, ça vous prend 10 à 15 minutes et c’est plus clair pour les citoyens. Le gros problème actuel, c’est qu’il faut remplir systématiquement un formulaire, il faut que le médecin généraliste fasse une prescription, ce qui n’est possible que si le médecin n’est pas en congé, sinon vous devez appeler le 1 710 ou aller aux urgences. Bref, c’est trop long et compliqué !
Le ministre fédéral responsable Philippe De Backer (Open VLD) estime pourtant que la stratégie en cours est “ciblée et intelligente”…
En Belgique, on a d’abord dit qu’il ne fallait pas de masques, puis on a dit qu’il en fallait et on a eu un ministre des Masques. Ensuite on a eu un ministre des Filtres, et là on a un ministre des Tests. Je veux bien accepter l’idée d’une stratégie intelligente, mais je ne vois pas pourquoi nous serions plus intelligents que les autres pays qui dépistent plus largement, ni en quoi serions-nous plus malins que l’OMS qui appelle à tester. Je ne demande pas non plus qu’on fasse tout et n’importe quoi, mais ne prenons pas les citoyens pour des idiots.
La rentrée scolaire approche, une rentrée sans encombre, vous y croyez ?
C’est même fondamental. La Ville de Bruxelles est l’un des plus grands pouvoirs organisateurs du pays avec près de 40 000 étudiants qui dépendent de nous. Parmi eux, certains n’ont plus été à l’école depuis 6 mois. Il est vrai qu’on peut faire beaucoup de choses avec le numérique, mais cette crise l’a démontré à plusieurs reprises, les plus touchés sont les plus précarisés et nous devons prendre en considération l’aspect socio-économique. L’enseignement est un ascenseur social, ne l’oublions pas, sinon on va vers une autre catastrophe, sociale cette fois.
Quid du secteur horeca qui, avec les mesures actuellement d’application, évoque même un “confinement qui ne dit pas son nom” ?
Je ne suis pas médecin, je suis bourgmestre. Mon boulot, c’est de prendre des décisions, parfois dures et je le fais la mort dans l’âme. Le secteur horeca à Bruxelles, c’est plus de 35 000 emplois et donc un des premiers secteurs d’activité pour nous. Autant vous dire que c’est dur, mais je reste optimiste. On l’a vu après le lockdown en 2015, il y a une vraie résilience dans le secteur Horeca. Quand ça pourra repartir, ça va redémarrer, mais il y aura des dégâts. Nous restons à l’écoute malgré tout, on a déjà mobilisé 14 millions d’euros pour nos commerces. Mais la crise a démontré combien les injustices touchaient certains travailleurs, certains écoliers, certains habitants. Cette crise est clairement injuste.