"Disproportionnée", "trop tardive": les experts divisés au sujet de l'obligation du port du masque à Bruxelles
Yves Coppieters (ULB) a jugé la mesure trop forte par rapport à la situation, tandis que Pierre Van Damme (UAntwerp), lui, a regretté que les autorités ne l'aient pas mise en oeuvre plus tôt.
Publié le 12-08-2020 à 15h40 - Mis à jour le 12-08-2020 à 16h01
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Les Bruxellois doivent sortir masqués depuis ce mercredi 12 août. La généralisation de l'obligation du port d'une protection buccale, annoncée tôt ce matin, fait suite à la recrudescence de l'épidémie de coronavirus dans la capitale. Le ministre-président bruxellois, Rudy Vervoort (PS), avait averti les citoyens la semaine dernière que si le cap des 50 nouvelles contaminations par 100.000 habitants en moyenne hebdomadaire était atteint, une telle mesure serait adoptée. Les chiffres de ce mardi indiquait que cette moyenne s'élevait à 47,1. Ce mercredi, elle grimpait à 54,4, poussant les autorités à durcir les règles quant au port du masque. Mais la décision ne fait pas l'unanimité du côté des experts. Pour le professeur en santé publique Yves Coppieters (ULB), il s'agit là d'une mesure "trop forte" par rapport à la situation. "Jusqu’à présent, le port du masque était obligatoire dans les rues commerçantes et quartiers urbains et cela me semblait tout à fait proportionné", a expliqué l'épidémiologiste à nos confrères de 7 sur 7. "L’élargir davantage, ça n’a de sens que pour stimuler ceux qui ne le portaient pas à le faire désormais. Mais c’est une mesure trop généralisée." S'il reconnait que cela facilitera la communication et le contrôle, l'obligation du port du masque le laisse tout aussi dubitatif que les sanctions qui l'accompagnent en cas de non-respect de la règle. "On a pris trop rapidement un principe de précaution trop fort", a fustigé M. Coppieters.
Une opinion qu'est loin de partager l'épidémiologiste Pierre Van Damme (UAntwerp). Il estime quant à lui que les autorités ont trop tardé à agir. "On aurait dû décider cela 48 heures plus tôt, on voyait déjà la courbe remonter", a-t-il regretté auprès de nos confrères de Het Laatste Nieuws. Selon l'expert, Bruxelles connaît actuellement les mêmes problèmes qu'Anvers. "Certains quartiers, où le niveau socio-économique est plus bas, sont davantage touchés", a-t-il constaté. C'est pourquoi l'épidémiologiste plaide pour une sensibilisation particulière dans chaque quartier. "Il faut faire comprendre qu'il est essentiel de ne pas se rassembler pour vaincre l'épidémie", a averti M. Van Damme à HLN. "S'ils se réunissent en nombre, un couvre-feu suivra et peut-être même un reconfinement."