Masque obligatoire à Bruxelles: "J’ai déjà perdu mon emploi avec le Covid, je vais garder mon masque surtout pour m’éviter une amende"
Le port du masque est désormais obligatoire sur l'ensemble du territoire bruxellois. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité au sein de la population, qui estime que les choses sont peu claires. Pour l'épidémiologiste Yves Coppieters, la mesure est surtout intéressante en termes de communication, moins pour des raisons de santé publique.
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Publié le 12-08-2020 à 19h57 - Mis à jour le 12-08-2020 à 21h03
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"Bonjour Monsieur, savez-vous que le port du masque est obligatoire partout à Bruxelles depuis ce matin ?" Sans prendre le temps d’écouter la question, un jeune cycliste grimpe sur son vélo et pédale à toute vitesse pour disparaître dans le parc du Cinquantenaire. Peur d’avoir une amende ? “Sans doute, après plusieurs avertissements, c’est quand même 250 euros qu’il faut payer”, explique un vieil homme, assis sur un banc. Il ne porte pas de masque, et il l’assume. “La règle n’est pas claire, mais je sais que lorsqu’on n’est pas en mouvement, on peut le retirer. Et là, je suis assis et à distance, donc je suis en règle”, s’exclame le monsieur qui déguste tranquillement une glace.
Sensibiliser d’abord, verbaliser ensuite
Autour de lui, les promeneurs sont nombreux à profiter du soleil. Le port du masque semble généralisé, mais certains le glissent sous le nez ou sur le menton. “On doit surtout rappeler à l’ordre pour que le masque soit porté correctement. On sait que c’est compliqué, surtout avec cette chaleur, mais la mesure est sanitaire et dans l’intérêt de tous. Là, on est d’abord dans la sensibilisation. On verbalisera par la suite. Par contre, dans les zones où le masque est déjà obligatoire depuis quelque temps, on verbalise plus facilement, surtout les plus récalcitrants”, explique un policier qui fait sa ronde dans le parc bruxellois.
A Bruxelles-ville, où l’obligation est déjà en vigueur dans certaines rues comme sur la rue Antoine Dansaert, à deux pas de la Bourse, deux jeunes filles faisant du shopping sont hélées par une voiture de police qui approche.
“Un peu n’importe quoi”
“Le port du masque est obligatoire dans cette zone. Ceci est un premier avertissement, au prochain, on verbalise”. Les jeunes filles, apeurées, s’excusent avant de s’exécuter. “On ne sait pas où c’est obligatoire et où ça ne l’est pas, il suffit de s’arrêter un instant pour prendre un peu d’eau et on risque une prune, c’est un peu injuste”, murmure l’une d’elles au moment où les agents s’éloignent.
Plus loin, une dame enfourche son vélo après avoir pris connaissance des règles en vigueur. “Donc, si je comprends bien la nouveauté, c’est que si je fais du vélo en tant que sportive, je peux retirer mon masque. Sinon, je dois le garder. C’est un peu n’importe quoi en fait, mais bon, je vais me contenter de respecter les règles, aussi absurdes soient-elles. J’ai déjà perdu mon emploi avec le Covid, je vais garder mon masque surtout pour m’éviter une amende”, explique la dame, visiblement abasourdie par cette nouvelle mesure qu’elle estime peu claire.
Dans les faits, la mesure n’est pas entièrement neuve. Le ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort, l’avait annoncée la semaine dernière, précisant que si le seuil des 50 nouvelles contaminations par 100 000 habitants en moyenne hebdomadaires était atteint, le masque deviendra obligatoire sur tout le territoire bruxellois. Un seuil qui a été atteint mardi, raison pour laquelle les autorités bruxelloises ont décidé, en soirée, que le port du masque obligatoire sera généralisé dans la capitale.
Une mesure utile pour “la comm”
Pour l’épidémiologiste Yves Coppieters, il s’agit d’une mesure intéressante en termes de communication, mais qui n’apporte rien de significatif pour la santé publique. “C’est une mesure qui n’est pas assez différenciée. Il y a 10 communes bruxelloises davantage touchées que les 9 autres, mais on prend des mesures généralisées. Certaines zones étaient déjà soumises à l’obligation, donc cette nouvelle mesure vient surtout renforcer ce qui existe déjà, mais n’apporte rien de plus au niveau sanitaire”, conclut l’épidémiologiste.