Les Belges s’approprient-ils l'application Coronalert ? "Les Flamands ont été un peu plus rapides sur la balle"
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- Publié le 13-10-2020 à 21h04
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Lorsqu’un déconfinement progressif sera enclenché dans ce pays, il faudra, sans doute, compter sur l’efficacité de plusieurs outils pour éviter un nouveau retour en arrière. On pense à un éventuel vaccin et à sa diffusion, au testing mais aussi au tracing.
Ce dernier point comprend en fait deux outils. Le premier, c’est le tracing manuel, via lequel des opérateurs téléphoniques et des opérateurs de terrain sont chargés d’informer, dans un temps relativement court, ceux et celles qui auront été en contact rapproché avec le virus. Et le second, c’est l’application Coronalert mise en ligne au mois de septembre.
Les Belges se l’approprient-ils ? Cette question, nous l’avons posée au professeur Axel Legay (UCLouvain), spécialisé en cybersécurité et cheville ouvrière bénévole de cette application. Et manifestement, c’est le cas. "L’application bénéficie désormais de près de 2 millions de téléchargements", explique-t-il en ajoutant que la très bonne nouvelle réside dans le fait que le taux d’abandon est faible. "Le nombre de personnes qui ont téléchargé l’application et la désinstallent par la suite est limité." À titre de comparaison, ce taux d’abandon est plus important pour l’application développée par la France, "juste avant la deuxième vague, on a vu que le nombre de personnes qui avaient téléchargé l’appli était passé de 2,3 millions à 1,5 million", poursuit Axel Legay.
Mais l’application Coronalert fonctionne-t-elle ? Combien d’alertes émet-elle ? Et ces alertes débouchent-elles sur la découverte de cas positifs ? "On estime que, depuis son lancement, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’alertes qui ont débouché sur des tests (NdlR, on serait proche des 100 000). Ces tests ont mis en évidence que plus ou moins 20 % des personnes alertées étaient positives", explique Axel Legay. Tous ces chiffres sont "des estimations obtenues à partir des observations de la base de données anonymisée qui contient le résultat du test et le code à 17 chiffres", précise-t-il encore. Et parmi ces personnes testées positive, "50 % d’entre elles ont prévenu les personnes avec qui elles avaient été en contact".
Des données anonymes
Dans un premier temps, Coronalert était téléchargé un peu plus par des utilisateurs néerlandophones. "Je dirais que les Flamands ont été un peu plus rapides sur la balle et que les Wallons ont pris plus de temps de réflexion, ce qui est sain. Mais la différence semble se résorber. Nous n’avons cette information que sur Android et nous ne voyons que la langue, pas la position géographique."
Rappelons que le téléchargement de Coronalert est totalement anonymisé. Cette question de la protection des données a peut-être freiné, au début, en tout cas, le téléchargement de l’application. "Les enquêtes de Test-Achats et même les avis plutôt positifs de la Ligue des droits humains - ils ne critiquent pas l’application - ont aidé à clarifier les choses", poursuit Axel Legay.
Il n’empêche qu’avec 2 millions de téléchargements aujourd’hui, soit un tiers de ce qui est possible dans ce pays - on estime à 6,3 millions le nombre de smartphones compatibles avec cette appli en Belgique - Coronalert a atteint largement le seuil d’adhésion (15 %) qui lui permet d’être efficace selon son concepteur.
Mise en réseau européen
Précisons encore que le problème lié à l’introduction d’un code de 17 chiffres lié au testing a été résolu. Quant à la mise en réseau de l’application belge, avec d’autres applications européennes, elle pourrait être réalisée "avant la fin de l’année", précise le professeur Legay qui insiste positivement sur la collaboration de Sciensano et de tous ceux qui participent à ce travail. Pour finir, Axel Legay rappelle que le tracing manuel est tout aussi important et vraiment complémentaire avec Coronalert : "Tout le monde n’a pas téléchargé l’appli et certains ne disposent pas d’un smartphone, donc oui c’est essentiel."