En Brabant wallon, les centres de test sont proches de la rupture: "On peut compter 150 étudiants par jour, en plus des 400 tests effectués pour les habitants"
Le taux d’incidence dans certaines communes du Brabant wallon dépasse ceux de certaines entités bruxelloises. Ainsi, Lasne indique un taux d’incidence de 554, contre 487 à Schaerbeek, comme le soulignait le virologue Marius Gilbert. À Ottignies- Louvain-la-Neuve, ce taux grimpe à 428.
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Publié le 22-10-2020 à 17h52
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Comment expliquer ce chiffre très élevé ? Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral, se veut prudent : "À ma connaissance, les résultats des tests sont comptabilisés dans la commune où réside la personne testée. Les étudiants en kot ne sont dès lors pas repris dans les statistiques des communes proches de l’université. On peut imaginer que la population de ces communes est plus jeune, et que dès lors elle est davantage touchée par le virus actuellement. Et puis il y a aussi le contact avec la population étudiante, qui ne respecte pas toujours les règles. Mais cela reste très compliqué à affirmer."
Un rapport erroné ?
Julie Chantry (Écolo), la bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve souligne elle aussi la complexité de la situation. Pour elle, l’explication pourrait se trouver dans une erreur de comptabilisation des résultats. "Comme tous les bourgmestres, nous recevons un rapport d’information et un rapport d’analyse de l’Aviq. Dans ce rapport d’analyse, il est indiqué que 35 cas avérés de coronavirus sur les 86 recensés dans la commune sont liés à l’UCLouvain. Fait assez curieux, ce nombre de 35 était déjà présent dans le précédent rapport. Or nous accusons une hausse constante depuis début septembre. Je crois que nous avons un problème avec les chiffres pour notre commune, explique Julie Chantry. Cela ne permet pas une bonne évaluation de la situation."
Toujours est-il que dans les centres de testing, on constate la forte demande en dépistage, et la présence en nombre de jeunes étudiants.
"Dans la commune, la densité de population est déjà très élevée. Mais il faut rajouter à cela les nombreux étudiants qui doivent ou veulent se faire dépister et vous avez des files interminables. D’autant plus que, désormais, le pic épidémique touche principalement les moins de 29 ans, analyse Eric Vincke, médecin généraliste et coordinateur du centre d’Ottignies. En règle générale, on peut compter 150 étudiants par jour, en plus des 400 tests effectués pour les habitants. Nous demandons à l’UCLouvain de mettre en place un système propre pour les étudiants de l’université, avec une capacité décente et efficace."
Des centres encombrés
Le responsable du centre pointe la grande circulation du virus, depuis la rentrée. "Maintenant, quand on voit un étudiant qui arrive se faire tester, et qu’il est positif, on sait très bien que d’autres cas positifs vont arriver dans les heures ou les jours à venir."
Un constat partagé à Lasne. Gaël Thiry est médecin généraliste du centre de dépistage de Lasne. Il déplore une situation qui devient ingérable. "En Brabant wallon, nous absorbons le trop-plein des personnes qui ne parviennent pas à se faire dépister à Bruxelles. Ils viennent chez nous car, auparavant, les délais étaient moins longs. À cela s’ajoutent de nombreux étudiants de l’UCLouvain qui viennent se faire dépister."
Depuis le 28 septembre, les autorités académiques ont mis en place une unité de test sur le campus de l’université. Mais cette permanence ne libère pas tout à fait les autres centres de test alentour, comme le déplore Eric Vincke : "Cette permanence dispose de 50 écouvillons par jour. Alors que près de 200 étudiants s’y présentent quotidiennement. Le reste vient chez nous. Et puis de nouveau, nous devons venir en aide pour le support logistique. J’ai ainsi dû dépêcher des bénévoles du centre d’Ottignies pour venir en aide à celui de l’UCL ouvain", explique le généraliste, qui redoute les jours à venir.